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Vous comprendrez maintenant pourquoi l'on ne peut pas séparer l'Église visible de l'Église invisible. L'Église est à la fois corps mystique et corps juridique.  Parce que l'Église est un corps, elle est visible aux yeux (Léon XIII, encyclique  Satis cognitum, ASS 28, p. 710), enseigne Léon XIII. Des misères, des hésitations, des trahisons apparaissent dans le corps visible de l'Église, dans le comportement des hommes qui la composent ici, sur la terre. Mais l'Église ne se termine pas là ; elle ne se confond pas non plus avec ces conduites erronées : en revanche, il ne manque pas, ici et de nos jours, de preuves de générosité, d'affirmations héroïques, de vies saintes qui ne font pas de bruit, qui se consument avec joie au service de leurs frères dans la foi et de toutes les âmes.

Pensez en outre que si les défaillances dépassaient en nombre les attitudes courageuses, il resterait encore la réalité mystique — claire, indéniable, bien que nous ne la percevions pas avec les sens — du Corps du Christ Notre Seigneur en personne, l'action du Saint-Esprit, la tendre présence du Père.

Par conséquent, l'Église est inséparablement humaine et divine.  Par son origine, l'Église est donc une société divine : par sa fin, et par les moyens immédiats qui y conduisent, elle est surnaturelle ; par les membres dont elle se compose et qui sont des hommes, elle est une société humaine ( Ibid., p. 724). Elle vit et agit dans le monde. Toutefois sa fin et sa force ne se trouvent pas sur la terre, mais au Ciel.

Ce serait une grave erreur que d'essayer de séparer une Église  charismatique — qui serait celle véritablement fondée par le Christ — d'une autre Église juridique ou  institutionnelle, qui serait l’œuvre des hommes et le simple produit de contingences historiques. Il n'y a qu'une Église. Le Christ n'a fondé qu'une Église : visible et invisible, avec un corps hiérarchique et organisé, avec une structure fondamentale de droit divin et une profonde vie surnaturelle qui l'anime, la soutient et la vivifie.

Et l'on ne peut manquer de se rappeler que le Seigneur, quand il a institué son Église,  ne l'a pas conçue, ni instituée, formée de plusieurs communautés qui se ressembleraient par certains traits généraux, mais seraient distinctes les unes des autres, et non rattachées entre elles par ces liens, qui peuvent rendre indivisible et unique l'Église Aussi bien, quand Jésus-Christ parle de cet édifice mystique, il ne mentionne qu'une seule Église, qu'il appelle sienne : « Je bâtirai mon Église » (Mt 16, 18). Toute autre qu'on voudrait imaginer en dehors de celle-là, n'étant point fondée par Jésus-Christ, ne peut être la véritable Église de Jésus-Christ ( Ibid., pp. 712 et 713).

Ayons la foi, je le répète ; augmentons notre foi ; demandons-la à la Très Sainte Trinité, dont nous célébrons la fête aujourd'hui. Il peut se passer toute sorte de choses, sauf que le Dieu trois fois saint abandonne son Épouse.

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