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Les circonstances du serviteur de la parabole, débiteur de dix mille talents, reflètent bien la situation dans laquelle nous nous trouvons en face de Dieu : nous non plus, nous ne pouvons nous acquitter de la dette immense que nous avons contractée pour tant de bontés divines, et que nous avons accrue au rythme de nos péchés personnels. Même si nous luttons vaillamment, nous ne parviendrons pas à rendre équitablement au Seigneur tout ce qu’il nous a donné en nous pardonnant. Mais la miséricorde divine supplée au-delà de toute mesure à l’impuissance de la justice humaine. Il peut, lui, s’estimer satisfait et nous remettre notre dette, simplement parce qu’il est bon et que sa miséricorde est infinie.

La parabole, vous vous en souvenez bien, s’achève par une seconde partie, qui est comme le contrepoint de la précédente. Ce serviteur, auquel une dette considérable a été remise n’a pas pitié d’un de ses compagnons qui lui devait à peine cent deniers. C’est là que se révèle la mesquinerie de son cœur. Personne, à proprement parler, ne lui refusera le droit d’exiger ce qui lui appartient. Toutefois quelque chose se révolte en nous et nous laisse entendre que cette attitude d’intolérance s’écarte de la vraie justice : il n’est pas juste que celui qui, il y a quelques instants, a été traité avec compréhension, faveur et miséricorde ne réagisse pas au moins avec un peu de patience envers son débiteur. Vous le voyez, la justice ne se traduit pas uniquement par la stricte observance des droits et des devoirs, comme dans les problèmes d’arithmétique, qui se résolvent à force d’additions et de soustractions.

Références à la Sainte Écriture
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