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La charité, sorte d’excès généreux de la justice, veut d’abord que l’on accomplisse son devoir : on commence par ce qui est juste ; on continue par ce qui est le plus équitable… Mais aimer requiert une grande finesse, une grande délicatesse, beaucoup de respect, beaucoup de cordialité ; en un mot, de suivre le conseil de l’Apôtre : Portez les fardeaux les uns des autres et accomplissez ainsi la loi du Christ. C’est alors que nous vivons pleinement la charité, que nous réalisons le commandement de Jésus.

Pour moi, le comportement des mères est l’exemple le plus clair de cette union pratique entre la justice et la charité. Elles aiment tous leurs enfants d’une tendresse identique, et cet amour les pousse précisément à les traiter différemment, avec une justice inégale, puisque chacun d’entre eux est différent des autres. Eh bien, la charité perfectionne et complète également la justice envers nos semblables. En effet, elle nous pousse à nous conduire de façon inégale à l’égard de ceux qui ne sont pas égaux, en nous adaptant à leurs situations concrètes, pour mieux communiquer notre joie à celui qui est triste, la science à celui qui manque de formation, l’affection à celui qui se sent seul… La justice implique de donner à chacun ce qui lui revient, ce qui ne veut pas dire à tous la même chose. L’égalitarisme utopique est la source des injustices les plus grandes.

Pour agir toujours ainsi, comme ces bonnes mères, nous devons pratiquer l’oubli de nous-mêmes, n’aspirer à d’autre seigneurie que celle de servir les autres, comme Jésus-Christ qui prêchait que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. Pour cela, il faut avoir la fermeté de soumettre sa propre volonté au modèle divin, de travailler pour tous, de lutter pour le bonheur éternel et pour le bien-être des autres. Je ne connais pas de meilleur chemin pour être juste qu’une vie de don de soi et de service.

Références à la Sainte Écriture
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