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Sous le nom de prochain, dit saint Léon le Grand, nous ne devons pas seulement voir ceux qui nous sont unis par les liens de l’amitié ou de la parenté, mais tous les hommes qui participent avec nous d’une même nature… Un est le Créateur qui nous a faits, un aussi le Créateur qui nous a donné l’âme. Nous jouissons tous d’un même ciel et d’un même air, des mêmes jours et des mêmes nuits et, bien que les uns soient bons et les autres méchants, les uns justes et les autres injustes, Dieu cependant est généreux et bon envers tous.

Les fils de Dieu que nous sommes se forgeront dans la pratique de ce commandement nouveau ; nous apprenons dans l’Église à servir et non à être servis, et nous nous sentons la force d’aimer l’humanité d’une façon nouvelle, dans laquelle tous verront le fruit de la grâce du Christ. L’amour dont nous parlons n’a rien à voir avec une attitude sentimentale ni avec la simple camaraderie, ou avec l’intention quelque peu ambiguë d’aider les autres pour nous prouver à nous-mêmes que nous leur sommes supérieurs. Il consiste à vivre avec notre prochain, à vénérer, j’insiste, l’image de Dieu qui se trouve en chaque homme, l’aidant à la contempler lui-même, pour qu’à son tour il sache s’adresser au Christ.

L’universalité de la charité signifie donc l’universalité de l’apostolat : nous avons à traduire en œuvres et en vérité le grand dessein de Dieu, qui veut que tous les hommes se sauvent et parviennent à la connaissance de la vérité.

Si nous devons aimer aussi nos ennemis — je veux dire ceux qui nous placent parmi leurs ennemis, car je ne me sens l’ennemi de rien ni de personne — à plus forte raison devons-nous aimer ceux qui ne sont qu’éloignés, ceux qui nous sont moins sympathiques, ceux qui, par leur langue, leur culture ou leur éducation, semblent être à l’opposé de nous-mêmes.

Références à la Sainte Écriture
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