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Lorsque je m’adresse à vous, quand nous nous entretenons ensemble avec Dieu notre Seigneur, je poursuis ma prière personnelle à voix haute : j’aime à le rappeler très souvent. Vous devez aussi vous efforcer d’alimenter votre prière dans votre âme, même si pour une raison quelconque, comme celle d’aujourd’hui par exemple, nous sommes tenus de traiter un sujet qui, à première vue, ne nous semble pas tout à fait propre au dialogue d’amour qu’est en fait notre conversation avec le Seigneur. Je dis à première vue, car tout ce qui nous arrive, tout ce qui se passe autour de nous peut et doit faire l’objet de notre méditation.

Je dois vous parler du temps, de ce temps qui fuit. Je ne reprendrai point l’affirmation connue selon laquelle « un an de plus, c’est un an de moins ». Je ne vous conseillerai pas non plus de demander aux gens ce qu’ils pensent du passage des jours. Si vous le faisiez, vous obtiendriez probablement d’eux une réponse du genre : Jeunesse, trésor divin, tu t’en vas pour ne plus jamais revenir… Quoique je n’exclue pas que vous entendiez des propos plus chargés de sens surnaturel.

Je ne veux pas non plus m’arrêter à considérer la brièveté de la vie avec des accents nostalgiques. Le caractère éphémère de notre vie terrestre devrait plutôt inciter les chrétiens à mieux profiter de leur temps qu’à craindre Notre Seigneur ; moins encore à voir dans la mort une fin désastreuse. On a répété de mille façons différentes plus ou moins poétiques, qu’une année qui s’achève c’est, avec la grâce et la miséricorde de Dieu, un pas de plus qui nous rapproche du Ciel, notre Patrie définitive.

En pensant à cette réalité, je comprends très bien les mots que saint Paul adresse aux Corinthiens : tempus breve est ! que la durée de notre passage sur terre est brève ! Ces mots retentissent au plus profond du cœur de tout chrétien cohérent, comme un reproche face à son manque de générosité, et comme une invitation constante à la loyauté. Il est vraiment court le temps que nous avons pour aimer, pour offrir, pour réparer. Il n’est donc pas juste de le gaspiller, ni de jeter de façon irresponsable ce trésor par la fenêtre : nous ne pouvons pas laisser passer cette étape du monde que Dieu confie à chacun.

Références à la Sainte Écriture
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