Tu le peux !

Je veux te mettre en garde contre une difficulté que tu rencontreras peut-être : la tentation de la lassitude, du découragement.

— N’as-tu pas encore tout frais le souvenir d’une vie — la tienne — sans orientation, ni but, ni relief, que la lumière de Dieu et ta propre générosité ont orientée et remplie de joie ?

— Ne fais pas la bêtise d’échanger ceci pour cela !

Si tu remarques que, pour quelque motif que ce soit, tu n’y arrives pas, abandonne-toi en lui et dis-lui : Seigneur, j’ai confiance en toi, je m’abandonne en toi, mais viens en aide à ma faiblesse !

 Et, plein de confiance, redis-lui : regarde-moi, Jésus, je ne suis qu’un chiffon sale ; l’expérience de ma vie est si triste que je ne mérite pas d’être ton fils. Il faut le lui dire… et le lui dire souvent.

 — Alors, tu ne tarderas pas à entendre sa voix : « ne timeas ! » — n’aie pas peur ! Ou encore : « surge et ambula ! » — lève-toi et marche !

Encore indécis, tu me faisais ce commentaire : je les remarque bien, ces moments où le Seigneur me demande davantage !

 — Je ne trouve rien d’autre à te dire que de te rappeler : tu ne voulais que t’identifier à lui, m’assurais-tu. Alors, à quoi bon cette résistance ?

Tu t’es fixé cette résolution : « Mourir un peu plus à moi-même chaque jour. » Puisses-tu savoir la mettre en pratique !

La joie, l’optimisme surnaturel et humain sont compatibles avec la fatigue physique, avec la douleur, avec les larmes — car nous avons un cœur —, avec les difficultés qui peuvent survenir dans notre vie intérieure ou dans notre travail apostolique.

 Lui, qui est « perfectus Deus, perfectus Homo », Dieu parfait et Homme parfait, et qui jouissait de tout le bonheur du ciel, il a voulu faire l’expérience de la fatigue et de l’épuisement, des larmes et de la douleur… Ainsi nous pourrons mieux comprendre combien il faut être humain pour être vraiment surnaturel.

Jésus te demande de prier… Tu le vois clairement.

 — Et pourtant comme tu réponds mal à sa demande ! Tout te coûte tellement : tu es comme l’enfant qui a la paresse d’apprendre à marcher. Mais dans ton cas, ce n’est pas seulement de la paresse. C’est aussi de la peur, et du manque de générosité.

Redis fréquemment ces mots : Jésus, si le moindre doute s’insinue dans mon âme entre ce que tu me demandes et d’autres ambitions nobles, je te dis tout de suite que je préfère ton chemin quoi qu’il en coûte. Ne m’abandonne pas !

Recherche l’union à Dieu, et remplis-toi d’espérance — cette vertu si sûre ! — car avec les lumières de sa miséricorde, Jésus t’éclairera, même au milieu de la nuit la plus obscure.

Ainsi allait ton oraison : « Elles me pèsent, mes misères, mais sans m’accabler, parce que je suis fils de Dieu. Expier. Aimer… » Et tu ajoutais : « Je désire me servir de ma faiblesse, tel saint Paul, bien persuadé que le Seigneur n’abandonne pas ceux qui confient en lui. »

 — Continue ainsi, t’ai-je confirmé : avec la grâce de Dieu tu pourras y arriver, et tu surmonteras tes misères et tes petitesses.

Pour prendre une résolution efficace, ou pour dire « je crois », pour dire « j’espère », pour dire « j’aime », tout moment est propice.

Apprends à louer le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Apprends en particulier cette forme de dévotion à la Très Sainte Trinité : je crois en Dieu le Père, je crois en Dieu le Fils, je crois en Dieu le Saint-Esprit ; j’aime Dieu le Père, j’aime Dieu le Fils, j’aime Dieu le Saint-Esprit ; j’espère en Dieu le Père, j’espère en Dieu le Fils, j’espère en Dieu le Saint-Esprit. Je crois, j’espère en la Très Sainte Trinité, et je l’aime.

 — Une telle dévotion est nécessaire en tant qu’exercice spirituel de l’âme, qui se manifeste par des élans du cœur, même s’ils ne se traduisent pas toujours en paroles.

Pour obtenir la vie, en abondance et avec un maximum de fécondité surnaturelle, le système, la méthode, le procédé, la façon consiste à suivre le conseil du Saint-Esprit, que nous transmettent les Actes des Apôtres : « omnes erant perseverantes unanimiter in oratione », tous persévéraient, unanimes dans la prière.

 — Sans la prière, il n’y a rien à faire !

Mon Seigneur Jésus a un Cœur plus sensible que tous les cœurs de tous les hommes bons réunis. Si un homme bon (moyennement bon) est conscient que quelqu’un l’aime sans attendre ni satisfaction ni récompense en retour (ce qui s’appelle aimer pour aimer), et s’il sait aussi que le seul désir de cette personne est qu’il accepte d’être aimé, ne serait-ce que de loin…, tardera-t-il à répondre à un amour aussi désintéressé ?

 — Admettons que ce quelqu’un soit puissant au point de pouvoir tout. Je suis sûr qu’il finira non seulement par se laisser fléchir par l’amour fidèle de la créature (en passant sur les misères de cette pauvre âme), mais qu’il donnera aussi à qui l’aime toute la beauté, toute la science et le pouvoir surhumain qu’il faudra. Cela dispensera Jésus de se salir au spectacle de ce pauvre cœur qui l’adore.

 — Aime donc, mon enfant. Aime et espère.

Si tu sèmes l’Amour en sachant te sacrifier, tu récolteras également l’Amour.

Mon enfant : ne brûles-tu pas du désir que tous les hommes L’aiment ?

Jésus enfant, Jésus adolescent : il me plaît de te considérer ainsi, Seigneur, parce que… cela me permet plus d’audace. J’aime te voir ainsi : tout petit, comme sans défense, pour avoir l’espoir que tu as besoin de moi.

Chaque fois que j’entre dans l’oratoire, je dis au Seigneur que personne ne l’aime comme moi, car je suis redevenu un enfant.

Que d’efficacité dans la sainte Eucharistie pour l’action — et d’abord pour l’esprit — des personnes qui la reçoivent souvent et avec piété.

Si ces hommes manifestent leur enthousiasme et t’acclament pour un bout de pain — quelle que soit la grandeur du miracle de la multiplication des pains —, que ne devrons-nous pas faire, nous autres, pour tous les dons que tu nous as accordés, et plus spécialement parce que tu te livres à nous dans l’Eucharistie ?

Pour toi, qui es un bon enfant : ceux qui aiment sur cette terre, quels baisers ne déposent-ils pas sur les fleurs, la lettre, le souvenir de la personne aimée !…

 — Est-il possible que toi, tu oublies un jour qu’Il est toujours à tes côtés… ! — Oublieras-tu… que tu peux le manger ?

Passe souvent ta tête dans l’oratoire, pour dire à Jésus : … je m’abandonne entre tes bras.

 — Laisse à ses pieds ce que tu as : tes misères !

 — Ainsi, malgré la foule de choses que tu dois faire, tu ne perdras jamais la paix.

Prie avec confiance, comme le psalmiste : « Seigneur, tu es mon refuge et ma force, j’ai confiance en toi ! »

 Je te garantis qu’il te préservera des embûches du « démon de midi » — dans les tentations et… dans tes chutes ! — alors que l’âge et les vertus auraient dû avoir mûri en toi, alors que tu devrais bien savoir maintenant qu’il n’y a de Force qu’en lui.

Dans la vie, crois-tu que l’on est reconnaissant d’un service rendu de mauvaise grâce ? Bien sûr que non ! Et l’on en vient même à conclure : il eût mieux valu qu’il ne le fît pas.

 — Alors, penses-tu que tu puisses servir Dieu en faisant mauvaise figure ? Évidemment non ! — Tu dois le servir tout joyeux, malgré tes misères, ces misères que nous effacerons avec l’aide divine.

Des doutes, des tentations t’assaillent sous des dehors élégants.

 — J’aime te l’entendre dire ; on voit ainsi que le démon te considère comme un ennemi, et que la grâce de Dieu ne t’abandonne pas. Alors, poursuis ta lutte !

La plupart de ceux qui ont des problèmes personnels « les ont », car, par égoïsme, ils ne pensent qu’à eux-mêmes.

Il semble que tout soit calme. Mais l’ennemi de Dieu ne dort pas…

 — Le Cœur de Jésus lui aussi veille ! Et c’est là mon espérance.

La sainteté est dans la lutte, dans le fait de savoir que nous avons des défauts et de nous efforcer de les éviter jusqu’à l’héroïsme.

 La sainteté — j’y insiste — consiste à surmonter ces défauts… Mais nous mourrons avec des défauts : autrement, je te l’ai déjà dit, nous serions des orgueilleux.

Merci, Seigneur ! Car si tu permets la tentation, tu nous donnes aussi la beauté et la force de ta grâce, pour que nous soyons vainqueurs ! Merci, Seigneur, pour les tentations que tu permets afin de nous rendre plus humbles !

Ne m’abandonne pas, Seigneur : ne vois-tu pas vers quel abîme sans fond je me précipiterais, moi qui suis ton pauvre fils ?

 — Ô ma Mère ! Je suis moi aussi votre fils !

Sans l’aide divine, il est impossible de mener une vie pure. Dieu veut notre humilité. Il veut que nous lui demandions son aide, par l’entremise de notre Mère, qui est aussi la sienne.

 Maintenant même, dans la solitude « accompagnée » de ton cœur, tu dois dire à la Sainte Vierge, avec des paroles silencieuses : ma Mère, mon pauvre cœur se rebelle parfois… Mais si vous m’aidez… — Et Elle t’aidera pour que tu le gardes pur, ce cœur, et pour que tu continues de suivre le chemin sur lequel Dieu t’a appelé : la Sainte Vierge t’aidera toujours à accomplir la Volonté de Dieu.

Si tu veux garder la sainte pureté, si tu veux mener une vie chaste, tu dois aimer et pratiquer la mortification quotidienne.

Quand l’aiguillon de cette pauvre chair se fera sentir — et parfois l’attaque est violente —, embrasse ton Crucifix, embrasse-le souvent ! avec une volonté efficace, même s’il te semble que tu le fais sans amour.

Place-toi chaque jour devant le Seigneur et, comme le pauvre homme de l’Évangile, dis-lui lentement, mais avec tout l’élan de ton cœur : « Domine, ut videam ! » — Seigneur, fais que je voie ! Que je voie ce que tu attends de moi, et que je lutte pour t’être fidèle.

Mon Dieu, qu’il est facile de persévérer, quand on sait que tu es le Bon Pasteur, et nous — toi et moi… — des brebis de ton troupeau !

 — En effet, nous savons bien que le Bon Pasteur donne sa vie tout entière pour chacune de ses brebis.

Aujourd’hui, dans ta prière, tu as confirmé ta résolution de devenir saint. Je comprends bien que tu ajoutes pour la concrétiser : je sais que j’y arriverai, non que je sois sûr de moi, Jésus, mais parce que… je suis sûr de toi.

À toi seul, sans le secours de la grâce, tu ne pourras rien faire d’utile, parce que tu auras barré le chemin de tes relations avec Dieu.

 Avec la grâce, en revanche, tu peux tout.

Veux-tu apprendre quelque chose du Christ et prendre exemple sur sa vie ? — Ouvre le saint Évangile, écoute le dialogue de Dieu avec les hommes…, avec toi.

Jésus sait bien ce qui convient…, et moi j’aime et j’aimerai toujours sa Volonté : c’est lui qui « tire les ficelles des marionnettes » ; et si ce que je lui demande est un moyen pour atteindre notre fin, nul doute qu’il me l’accordera, en dépit de ces hommes sans Dieu qui s’obstinent à dresser des obstacles.

C’est dans l’humilité que la foi véritable se révèle.

 « Dicebat enim intra se » — cette pauvre femme se disait en elle-même : « si tetigero tantum vestimentum eius, salva ero », si j’arrive seulement à toucher la frange de son manteau, je serai sauvée.

 — Quelle humilité, fruit et signe de sa foi !

Si Dieu te donne la charge, il te donnera la force de la remplir.

Invoque le Saint-Esprit dans ton examen de conscience, afin de mieux connaître Dieu, afin de te connaître toi-même. Tu pourras alors te convertir chaque jour.

Direction spirituelle. Ne dresse pas d’obstacles si, par esprit surnaturel et avec une sainte effronterie, on remet des choses en cause, afin de voir jusqu’à quel point, au fond de ton âme, tu peux — et tu veux ! — rendre gloire à Dieu.

« Quomodo fiet istud quoniam virum non cognosco ? » — comment pourra s’accomplir ce prodige, si je ne connais point d’homme ? Cette réponse de Marie à l’Ange reflète la sincérité de son cœur.

 En contemplant la Sainte Vierge, j’ai pu constater la validité de cette règle de conduite : pour avoir la paix et vivre en paix, nous devons être sincères avec Dieu, avec ceux qui dirigent notre âme et avec nous-mêmes.

Un enfant sot s’agite et trépigne quand, pleine d’affection, sa mère introduit une aiguille dans son doigt pour en retirer l’épine qui s’y était plantée… L’enfant sage, même s’il a les yeux pleins de larmes — car la chair est faible — regarde, reconnaissant, sa bonne mère qui le fait souffrir un peu pour lui épargner un mal plus grand.

 — Jésus, fais que je sois cet enfant sage.

Mon enfant, toi qui n’es qu’un pauvre bourricot : si, par Amour, le Seigneur a lavé ton échine noire, habituée au fumier, et s’il te charge d’un harnais de satin et le recouvre de joyaux éblouissants… Pauvre bourricot ! n’oublie pas que « tu peux », volontairement, jeter à terre cette charge merveilleuse… mais qu’à toi seul « tu ne peux pas » la replacer sur ton dos.

Repose-toi sur la filiation divine. Dieu est un Père — ton Père ! — plein de tendresse, d’un amour infini.

 — Appelle-le souvent ainsi, Père. Et dis-lui, seul à seul, que tu l’aimes beaucoup ! Que tu te sens fier et fort d’être son fils.

La joie est la conséquence logique de la filiation divine, de la certitude de nous savoir aimés d’un amour de prédilection par Dieu notre Père, qui nous accueille, nous aide et nous pardonne.

— Souviens-t’en une bonne fois : même si, un jour, à nos yeux tout s’écroule, en fait rien ne s’écroule, parce que Dieu ne perd pas de bataille.

Aimer passionnément notre condition d’enfants de Dieu, voilà la meilleure façon de lui montrer notre reconnaissance.

Tu es comme ce pauvre petit qui, soudain, se rend compte qu’il est le fils du Roi ! — Aussi, sur la terre, tu n’as plus de souci que pour la Gloire — toute la Gloire — de Dieu ton Père.

Toi, enfant qui es son ami, dis-Lui : Jésus, je sais que je t’aime et que tu m’aimes ; tout le reste est donc pour moi sans importance, tout va bien.

— J’ai demandé beaucoup de choses à Notre Dame, m’assurais-tu. Et de te corriger : je m’exprime mal, j’ai laissé beaucoup de choses entre les mains à Notre Dame.

« Je peux tout en celui qui me rend fort. » Avec lui, l’échec n’est pas possible. Et de cette conviction naît le saint « complexe de supériorité » qui nous permet de faire face à nos tâches avec un moral de victoire, car Dieu nous accorde sa force.

Devant son tableau, cet artiste s’écriait, dans son souci de dépassement : Seigneur, je veux te peindre trente-huit cœurs, trente-huit anges défaillant toujours d’amour près de toi, trente-huit broderies merveilleuses sur ton ciel, trente-huit soleils sur ton manteau, trente-huit flammes, trente-huit amours, trente-huit folies, trente-huit joies…

 Puis, dans son humilité, il reconnaissait que ce n’était là qu’imagination et désir. Car la réalité, ce sont trente-huit représentations peu réussies qui blessent le regard plus qu’elles ne lui sont agréables.

Nous ne pouvons prétendre que les anges nous obéissent… En revanche, nous avons la certitude que les saints anges nous écoutent toujours.

Laisse-toi conduire par Dieu. Il te mènera sur « son chemin », en se servant d’obstacles sans nombre…, et peut-être même de ta fainéantise, afin qu’il soit bien clair que c’est lui qui réalise ton travail.

Demande-lui ce que tu veux sans crainte ! Et insiste ! Souviens-toi de la scène que nous rapporte l’Évangile à propos de la multiplication des pains. — Vois avec quelle magnanimité il répond aux apôtres : Combien de pains avez-vous ? Cinq ?… Que me demandez-vous ?… Et il donne six, cent, des milliers… Pourquoi ?

 — Parce que le Christ, dans sa sagesse divine, connaît nos besoins et que, par sa toute-puissance, il peut faire davantage et va plus loin que nos désirs.

 Le Seigneur voit bien au-delà de notre pauvre logique, et il est infiniment généreux !

Lorsque l’on travaille pour Dieu, il faut avoir un « complexe de supériorité », t’ai-je dit.

 Et tu m’as demandé : mais n’est-ce pas là une manifestation d’orgueil ? — Eh bien non ! C’est une conséquence de l’humilité, d’une humilité qui me fait dire : Seigneur, tu es qui tu es. Moi, j’en suis la négation. Toi, tu as toutes les perfections : le pouvoir, la force, l’amour, la gloire, la sagesse, l’empire sur toutes choses, la dignité… Mais moi, si je m’unis à toi, comme un enfant qui se blottit dans les bras vigoureux de son père ou dans le giron si merveilleux de sa mère, je ressentirai la chaleur de ta divinité, je ressentirai les lumières de ta sagesse, je sentirai ta force circuler dans mes veines.

Si tu demeures en présence de Dieu, bien au-dessus de la tempête assourdissante, il y aura toujours un soleil dans ton regard ; et sous les vagues tumultueuses et dévastatrices, le calme et la sérénité règneront dans ton âme.

Pour un fils de Dieu, chaque jour doit être une occasion de se renouveler, avec la certitude que, la grâce aidant, il arrivera au bout du chemin, c’est-à-dire à l’Amour.

 C’est pourquoi, si tu commences et recommences, tu es sur la bonne voie. Si tu as un moral de victoire, si tu luttes, avec l’aide de Dieu, tu vaincras ! Il n’est pas de difficultés que tu ne puisses surmonter !

Va à Bethléem, approche-toi de l’Enfant, berce-le, danse devant lui, dis-lui beaucoup de choses ardentes ; et serre-le contre ton cœur…

 — Non, ce n’est pas là de l’enfantillage : je parle d’amour ! Et l’amour se manifeste dans les faits : dans l’intimité de ton âme, cet enfant, tu peux bien l’étreindre !

Faisons savoir à Jésus que nous sommes des enfants. Or les enfants, les enfants tout petits et simples, comme ils peinent pour monter une marche ! On dirait qu’ils restent là à perdre leur temps. Et enfin ils y arrivent. Et maintenant une autre marche. Avec les mains et les pieds, en s’aidant de tout leur corps, ils parviennent à un nouveau triomphe : une autre marche. Et ils recommencent. Quels efforts ! Il en manque peu maintenant… C’est alors qu’ils font un faux pas… et patatras… ! Ils retombent tout en bas. Plein de bosses, fondant en larmes, le pauvre enfant commence et recommence son ascension.

 Ainsi en va-t-il de nous, Jésus, quand nous sommes seuls. Prends-nous dans tes bras aimables, comme un grand, comme un bon Ami de l’enfant si simple que nous sommes : ne nous abandonne pas, tant que nous ne sommes pas parvenus en-haut ; et alors — oh, alors ! — nous saurons répondre à ton Amour Miséricordieux, avec des audaces enfantines, et en te disant, doux Seigneur, qu’en dehors de Marie et de Joseph, il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais de mortel (même s’il y en a eu d’extrêmement fous) qui t’aime comme je t’aime.

N’aie pas peur de te laisser aller à de petits enfantillages, t’ai-je conseillé : tant que ces gestes ne seront pas routiniers, ils ne resteront pas stériles.

 — Un exemple : supposons que chaque soir, avant de s’endormir, une âme, qui suit la voie de l’enfance spirituelle, se sente poussée à habiller une statue de la très Sainte Vierge.

 L’entendement se révolte à l’idée d’une telle démarche, tant il la trouve futile ! Mais une âme « petite », touchée par la grâce, se rend parfaitement compte qu’un enfant est capable d’agir de la sorte, par pur amour.

 C’est alors qu’intervient la volonté virile (apanage de ceux qui sont spirituellement petits), qui contraint l’entendement à s’incliner… Et si cette âme enfantine continue chaque jour de revêtir la statue de Notre Dame, elle fait aussi chaque jour un petit enfantillage fécond aux yeux de Dieu.

Quand tu seras vraiment enfant et que tu emprunteras les voies d’enfance — si le Seigneur te conduit par-là —, tu seras invincible.

Demande confiante d’un petit enfant : je voudrais, Seigneur, atteindre au degré de douleur d’amour où sont arrivés ceux qui ont le mieux su te plaire.

Un enfant ! Tu ne cesseras de l’être que si quelqu’un ou quelque chose s’intercale entre Dieu et toi.

Je ne dois rien demander à Jésus : je me contenterai de lui être agréable en tout, et de lui raconter mes affaires, comme s’il ne les connaissait pas, tout comme un petit enfant avec son père.

Enfant que tu es, dis à Jésus : je ne veux rien de moins que toi.

Ta prière d’enfance spirituelle, comme elle est pleine de choses puériles que tu dis au Seigneur ! Avec la confiance d’un enfant qui parle à son Grand Ami — sûr qu’il est de son amour —, voici ce que tu lui confies : fais que je vive seulement pour ta Gloire.

 Tu te souviens que tu fais tout de travers et tu le reconnais loyalement. Mais tu ajoutes : ô mon Jésus, ceci ne saurait t’étonner ; il m’est impossible de faire quoi que ce soit comme il faut. Aide-moi donc, toi ! Fais-le, toi, à ma place. Et tu verras comment tout marchera bien.

 Puis, avec audace et sans trahir la vérité, tu poursuis : imprègne-moi, enivre-moi de ton Esprit, pour que je puisse faire ta Volonté. Je veux la faire. Si je ne la fais pas… c’est que tu ne m’aides pas. Et pourtant, bien sûr que tu m’aides !

Tu dois ressentir le besoin urgent de te voir tout petit, dépourvu de tout, faible. C’est alors que tu te jetteras dans le giron de notre Mère du ciel avec des oraisons jaculatoires, des regards affectueux, des pratiques de piété mariale…, toutes choses qui sont au cœur de ton esprit filial.

 — Elle te protègera.

Quoi qu’il arrive, persévère sur ton chemin ; persévère, avec joie et optimisme, car le Seigneur veille à déblayer tous les obstacles devant toi.

 — Écoute-moi bien : si tu luttes, je suis sûr que tu seras saint !

Quand le Seigneur les appela, les premiers apôtres se trouvaient près de la vieille barque, occupés à raccommoder leurs filets déchirés. Le Seigneur leur dit de le suivre ; et eux, « statim » — immédiatement, « relictis omnibus » — abandonnant toute chose, oui, tout ! ils le suivirent…

 Et nous, qui désirons les imiter, il arrive parfois que nous ne parvenions pas à tout abandonner. Et il nous reste un attachement au cœur, une erreur dans notre vie, que nous ne voulons pas retrancher, pour l’offrir au Seigneur.

 — Parviendras-tu à examiner ton cœur en allant au fond des choses ? — Qu’il n’y demeure rien qui ne soit pas à Lui ! Sinon ni toi ni moi, nous ne l’aimons vraiment.

Avec sincérité et constance, fais part au Seigneur de tes désirs de sainteté et d’apostolat… — Alors le pauvre vase de ton âme ne pourra pas se briser ; ou, s’il se brise, il sera si bien restauré qu’il en aura une beauté nouvelle, et qu’il sera encore utile à ta sainteté et à l’apostolat.

Ta prière doit être celle d’un fils de Dieu, non celle des hypocrites, qui entendront ces mots de Jésus : « Ce n’est pas celui qui dit Seigneur ! Seigneur ! qui entrera dans le Royaume des cieux. »

 Ta prière, ton exclamation « Seigneur ! Seigneur ! » doit s’accompagner, de mille façons différentes pendant la journée, du désir et de l’effort efficace que tu fais pour accomplir la Volonté de Dieu.

Dis-lui, toi qui es un enfant : oh! Jésus ! Je ne veux pas que le démon s’empare des âmes !

Si tu as été choisi, appelé par l’Amour de Dieu à le suivre, tu as l’obligation de lui répondre…, et tu as aussi le devoir, non moins fort, de conduire tes frères les hommes, de contribuer à leur sainteté et de les amener sur la bonne voie.

Prends courage !, même quand la marche devient difficile. N’es-tu pas heureux que la fidélité à tes engagements de chrétien dépende en bonne partie de toi ?

 Réjouis-toi, et renouvelle librement ta décision : moi aussi, Seigneur, je le veux. Compte avec ma petitesse !

Dieu ne t’arrache pas à ton milieu ; il ne te fait pas non plus quitter le monde, ni ton état, ni renoncer à tes nobles ambitions humaines ni à ton travail professionnel… Mais il veut que là-même tu deviennes saint !

Le front collé à terre, en présence de Dieu, considère (car il en est vraiment ainsi) que tu es plus sale et plus méprisable que les poussières ramassées par le balai.

 — Et malgré tout, le Seigneur t’a choisi.

— Ah ! quand tu te décideras… !

 Beaucoup de gens autour de toi mènent une vie très sacrifiée pour un motif purement humain ; ces pauvres créatures ne se rappellent pas qu’elles sont des enfants de Dieu, et si elles se conduisent de la sorte, c’est peut-être simplement par orgueil, pour se faire remarquer, pour se préparer un avenir plus confortable. Elles se privent de tout !

 Et toi, qui supportes le doux poids de l’Église, des tiens, de tes collègues et de tes amis — autant de motifs pour lesquels il vaut la peine de se dépenser —, que fais-tu ? Réagis-tu de façon vraiment responsable ?

Oh ! Seigneur ! Pourquoi es-tu venu me chercher, moi qui ne suis que néant, alors qu’il y a tant de personnes saintes, sages, riches et prestigieuses ?

 — Bien jugé !…Remercie-Le précisément pour cela par tes œuvres et par ton amour.

Jésus, que tous, dans ton Église sainte, persévèrent sur leur chemin, qu’ils vivent selon leur vocation chrétienne, tout comme les Mages ont suivi l’étoile : en méprisant les conseils d’Hérode…, qui ne sauraient leur manquer.

Demandons à Jésus-Christ que le fruit de sa Rédemption croisse abondamment dans les âmes : et même plus, avec encore beaucoup plus d’abondance, avec cette abondance qui vient de Dieu !

 — Et pour cela, qu’il fasse de nous de bons enfants de sa Mère bénie.

Veux-tu connaître le secret pour être heureux ? Donne-toi et sers les autres, sans attendre qu’on t’en remercie.

Si tu agis — si tu vis et travailles — face à Dieu, par amour et par esprit de service, et avec une âme sacerdotale, même sans être prêtre, toute ton action s’imprègne d’un sens surnaturel authentique : et voilà qui permet à ta vie de rester unie à la source de toutes les grâces.

Devant l’immense panorama des âmes qui nous attendent, devant cette responsabilité magnifique et terrible, peut-être te prendras-tu à penser ce qu’il m’arrive de penser parfois : et c’est avec moi que tout ce travail va s’accomplir ? Avec moi, qui suis si peu de chose ?

 — Ouvrons alors l’Évangile, pour considérer comment Jésus guérit l’aveugle de naissance : avec de la boue faite de poussière et de salive. Voilà le collyre qui donne la lumière à des yeux aveugles !

 C’est ce que nous sommes, toi et moi, bien conscients de notre faiblesse, du fait que nous ne valons rien ; mais, avec la grâce de Dieu et notre bonne volonté, nous sommes un collyre ! Pour éclairer, pour communiquer notre force aux autres et à nous-mêmes.

Paroles d’une âme apostolique à Jésus : « À toi de voir ce que tu fais…, moi je ne travaille pas pour moi… »

Si tu persévères dans la prière avec une « persévérance bien personnelle », Dieu notre Seigneur te donnera les moyens dont tu as besoin pour être plus efficace et pour étendre son royaume dans le monde.

 — Mais il est nécessaire que tu restes fidèle : demande-le, demande-le… Ou penses-tu que c’est-ce que tu fais ?

Le Seigneur veut voir ses enfants sur tous les chemins honnêtes de la terre, en train de jeter à la volée la semence de la compréhension, du pardon, de la bonne entente, de la charité, de la paix.

 — Toi, que fais-tu ?

La Rédemption est en train de se faire, en ce moment encore… et toi tu es tu dois être corédempteur.

Être chrétien dans le monde ne veut pas dire s’isoler, bien au contraire ! — Cela veut plutôt dire aimer tout le monde, et désirer enflammer tous les hommes au feu de l’amour de Dieu.

Notre Dame, vous qui êtes la Mère de Dieu et ma Mère, je ne voudrais pour rien au monde que vous cessiez d’être la Maîtresse et l’Impératrice de toute la création.

Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture
Choisir une autre langue