Lutte

L’élection divine a pour signe et pour exigence la sainteté personnelle.

Si tu réponds à l’appel que t’a adressé le Seigneur, ta vie — ta pauvre vie ! — laissera dans l’histoire de l’humanité un sillon large et profond, lumineux et fécond, un sillon éternel et divin.

Chaque jour tu dois te sentir obligé d’être saint. — Oui, saint ! Ce qui ne veut nullement dire que tu fasses quoi que ce soit d’étrange, mais simplement que tu luttes dans ta vie intérieure et dans l’accomplissement héroïque, achevé, de ton devoir.

La sainteté ne consiste pas à faire de grandes choses. Elle est avant tout une lutte pour que, dans le domaine surnaturel, la vie ne s’éteigne pas : elle consiste pour toi à te laisser brûler jusqu’à la dernière fibre, en servant Dieu à la dernière place…, ou à la première : là où le Seigneur t’appellera.

Notre-Seigneur ne s’est pas contenté de nous dire qu’il nous aime : il nous l’a montré par ses œuvres et par sa vie tout entière. — Et toi ?

Si tu aimes Notre-Seigneur, tu dois « nécessairement » ressentir la charge bénie des âmes, qu’il faut mener à Dieu.

Pour qui veut vivre de l’Amour (avec une majuscule), le moyen terme est bien peu de chose : mesquinerie, calcul misérable.

Voilà ce que je te prescris pour ton chemin de chrétien : prière, pénitence, travail inlassable, dans l’accomplissement plein d’amour de ton devoir.

Mon Dieu, apprends-moi à aimer ! — Mon Dieu, apprends-moi à prier !

Nous devons demander à Dieu la foi, l’espérance, la charité, humbles, persévérants dans notre prière, droits dans notre conduite et honnêtes dans nos mœurs.

Tu ne sais comment me remercier pour ce saint zèle qui s’est emparé de ton âme, m’as-tu dit.

— Et moi de te répondre bien vite que ce n’est pas moi mais le Saint-Esprit qui fait vibrer ton âme.

— Aime-le donc, recherche sa compagnie. C’est ainsi que tu l’aimeras davantage et mieux ; et tu le remercieras d’avoir pris possession de ton âme, pour te faire don de la vie intérieure.

Un objectif pour ta lutte : que le saint Sacrifice de l’Autel devienne le centre et la racine de ta vie intérieure ; et toute ta journée rendra un culte à Dieu (prolongation de la messe que tu as entendue, préparation de la suivante) ; et un culte qui se manifestera par des oraisons jaculatoires, par des visites au Saint-Sacrement, par l’offrande de ton travail professionnel et de ta vie de famille.

Efforce-toi de rendre grâces à Jésus dans l’Eucharistie en chantant les louanges de Notre Dame, de la Vierge pure, sans tache, celle qui a mis au monde le Seigneur.

— Et, audacieux comme un enfant, ose dire ces paroles à Jésus : mon bel amour, bénie soit la Mère qui t’a mis au monde !

Cela lui fera plaisir à coup sûr, et il n’en mettra que plus d’amour dans ton âme.

Saint Luc, l’évangéliste, évoque Jésus en train de prier… Comment devait-elle être, la prière de Jésus !

Contemple calmement cette réalité : les disciples vivent dans l’intimité de Jésus-Christ. Et au fil de ces conversations — comme par son exemple — le Seigneur leur apprend comment ils doivent prier ; il leur révèle ce grand prodige de la miséricorde divine : nous sommes enfants de Dieu et nous pouvons nous adresser à lui, comme un enfant parle à son Père.

Au seuil de chacune de tes journées, lorsque tu te disposes à travailler près du Christ et à répondre à tant d’âmes qui le cherchent, convaincs-toi qu’il n’existe qu’un seul chemin, le recours à Notre-Seigneur.

C’est seulement dans la prière et par la prière que nous apprenons à servir les autres !

Souviens-t’en : la prière ne consiste pas à faire de beaux discours, des phrases grandiloquentes, consolantes.

La prière, c’est parfois un simple regard sur une représentation de Notre Seigneur ou de sa Mère ; d’autres fois encore l’offrande de tes bonnes œuvres, des fruits de ta fidélité…

Comme la sentinelle qui veille, nous devons nous tenir nous autres à la porte de Dieu Notre Seigneur : et cela c’est prier. Un peu comme le petit chien aux pieds de son maître.

— N’aie pas peur de le lui dire : Seigneur, tu me vois ici comme un chien fidèle ; ou mieux, comme un petit âne qui n’enverra pas de ruades à celui qui l’aime.

Nous devons tous être « ipse Christus » — le Christ lui-même. C’est ce que nous recommande saint Paul au nom de Dieu : « induimini Dominum Iesum Christum » — revêtez-vous de Jésus-Christ.

Que chacun d’entre nous — et toi aussi ! — examine comment il se revêt de ce vêtement dont nous parle l’Apôtre ; que chacun ne cesse de dialoguer personnellement avec le Seigneur.

Que ta prière ne s’en tienne pas à de simples paroles ! Mais qu’elle soit assez concrète pour entraîner des conséquences pratiques !

Prier : c’est la voie qui nous fait couper court aux maux dont nous souffrons.

Ce conseil que je te donne, je ne me lasserai pas de le redire aux âmes : aime à la folie la Mère de Dieu, notre Mère.

Pour l’héroïsme, la sainteté, l’audace, il faut une préparation spirituelle constante. Tu ne donnes jamais aux autres que ce que tu possèdes : aussi, pour donner Dieu, tu dois le fréquenter, vivre de sa Vie, le servir.

Pour bien te le graver dans l’âme, je ne me lasserai jamais de redire : piété, piété, et piété ! Si tu manques à la charité, ce sera par manque de vie intérieure et non par suite de ton mauvais caractère.

Tout comme un petit enfant a besoin de sentir ses parents près de lui au moment du lever et du coucher, si tu es un bon enfant de Dieu, c’est à lui qu’iront ta première et ta dernière pensée de chaque jour.

Tu dois être constant, très exigeant envers toi-même pour ce qui concerne tes normes de piété, quand bien même tu te sens fatigué et qu’elles te paraissent arides. Sois persévérant ! À ces moments-là elles sont comme ces grands piquets peints en rouge qui, sur les sentiers de montagne, servent de jalons quand vient la neige, pour que le bon chemin soit indiqué en toute certitude.

À chaque instant efforce-toi de répondre à ce que Dieu te demande : sois résolu à l’aimer par des œuvres. — Par de petites œuvres, mais sans en négliger aucune.

La lutte affermit la vie intérieure, une lutte amoureuse pour accomplir — ou mieux pour vivre ! — nos pratiques quotidiennes de piété : oui, notre chemin d’enfants de Dieu est un chemin d’Amour.

Cherche Dieu au fond de ton cœur — limpide, pur —, au fond de ton âme quand tu lui es fidèle, et ne perds jamais cette intimité !

— Et s’il t’arrive de ne pas savoir comment lui parler, ni quoi lui dire, ou si tu n’oses pas chercher Jésus en toi-même, aie recours à Marie, « tota pulchra » (toute pure et si belle). Confie-toi à elle : Notre Dame, notre Mère, le Seigneur a voulu que ce fût vous qui ayez pris soin de Dieu, de vos propres mains : apprenez-moi — apprenez-nous à nous tous — à vivre dans l’intimité de votre Fils !

Inculquez aux âmes l’héroïsme d’accomplir à la perfection les petites choses de chaque jour : comme si le salut du monde dépendait de chacun de ces actes.

Par ta vie de piété, tu apprendras à pratiquer les vertus qui sont le propre de ta condition d’enfant de Dieu, de chrétien.

— Et, avec ces vertus, tu acquerras toute cette gamme de valeurs spirituelles, qui paraissent petites, mais qui en réalité sont grandes ; ces pierres précieuses qui brillent et que nous devons ramasser au long du chemin, pour les mettre au pied du trône de Dieu, au service des hommes : la simplicité, la joie, la loyauté, la paix, les petits renoncements, les services qui passent inaperçus, le fidèle accomplissement du devoir, l’amabilité…

Ne te crée pas d’autre obligation que… la gloire de Dieu, son Amour, son Apostolat.

Le Seigneur t’a fait voir clairement ton chemin de chrétien au milieu du monde. Or tu m’assures que très souvent tu as envisagé avec envie (tout en m’avouant que ce n’était au fond que pure facilité) le bonheur que ce serait d’être un inconnu, ignoré de tous travaillant, au dernier rang, … rien que Dieu et toi !

— Et maintenant, outre l’idée d’aller évangéliser le Japon, tu penses à une vie cachée et souffrante. À supposer que tu te libères d’autres obligations naturelles et très saintes, si tu cherchais à te « cacher » dans une institution religieuse quelconque, sans que cela soit ta vocation, en serais-tu plus heureux ? Non, car tu n’aurais pas la paix, car tu aurais fait ta volonté, et non pas celle de Dieu.

— Ta « vocation » mériterait alors cet autre nom : défection ; produit non d’une inspiration divine, mais tout simplement de la peur humaine face à la lutte qui s’approche. Et de cette peur-là… pas question !

La vie honnête, la sainte pureté se heurtent à une grande difficulté — et nous y sommes tous exposés : le danger de l’embourgeoisement, dans la vie spirituelle ou dans la vie professionnelle. Et ceux que Dieu a appelés au mariage sont également exposés à ce danger : vivre en célibataires, comme des personnes égoïstes, sans amour.

— Combats ce risque à sa racine même, sans t’accorder de concessions d’aucune sorte.

Pour vaincre ta sensualité — tant il est vrai que nous devrons toujours supporter ce petit âne qu’est notre corps — tu dois t’exercer chaque jour à de petites mortifications bien vivantes et généreuses ; et parfois tu devras en faire de plus grandes ; et demeurer en présence de ce Dieu qui ne cesse jamais de te regarder

Ta chasteté ne peut se limiter à éviter la chute, la mauvaise occasion…

Elle ne peut être en aucun cas une négation froide, mathématique.

— La chasteté est une vertu et, en tant que telle elle doit croître et se perfectionner : en as-tu seulement pris conscience ? — La continence, selon ton état, ne suffit donc pas : tu dois être chaste, en poussant cette vertu jusqu’à l’héroïsme.

La bonne odeur du Christ — « bonus odor Christi » — est aussi celle de notre vie pure ; celle de la chasteté, chacun selon son état, je le répète ; celle de la sainte pureté, cette affirmation joyeuse : quelque chose de ferme et de délicat à la fois, une finesse qui va jusqu’à bannir de notre langage des paroles inconvenantes, qui ne peuvent plaire à Dieu.

Habitue-toi à remercier d’avance les anges gardiens…, pour mieux les obliger à te rendre service.

Ainsi qu’aux premiers temps, on devrait pouvoir dire de tout chrétien qu’il est « porteur de Dieu ».

— Comporte-toi de telle manière que l’on puisse « en toute vérité » te donner ce titre admirable.

Pense à ce qui arriverait si nous autres chrétiens, nous ne voulions pas vivre en chrétiens… et alors, corrige ta conduite !

Attache-toi à voir le Seigneur derrière chaque événement, chaque circonstance. Ainsi tu sauras tirer de tout ce qui t’arrive davantage d’amour de Dieu, davantage de désir de le payer de retour, parce qu’il est toujours à nous attendre et qu’il nous offre la possibilité d’accomplir continuellement cette résolution que nous avons prise : « serviam ! » je te servirai !

Renouvelle chaque jour le désir efficace de t’anéantir, de t’oublier toi-même, d’avancer « in novitate sensus », avec une vie renouvelée, en substituant à toute notre misère la grandeur cachée et éternelle de Dieu.

Seigneur ! accorde-moi de t’appartenir tellement que les sentiments les plus saints ne puissent pénétrer dans mon cœur qu’à travers ton Cœur blessé.

Efforce-toi d’être délicat, d’être une personne bien élevée. Ne sois pas grossier ! — Délicatesse toujours, ce qui ne veut pas dire affectation.

La charité obtient tout. Sans la charité on ne peut rien faire.

L’Amour ! Voilà donc le secret de ta vie… Aime ! Souffre avec joie. Fortifie ton âme. Trempe ta volonté. Assure ton abandon à la volonté de Dieu, car c’est par là que l’efficacité viendra.

Sois simple et pieux comme un enfant, et en même temps solide et fort comme un chef.

La paix, celle qui apporte la joie, le monde ne peut la donner.

Les hommes passent leur temps à conclure des traités de paix, et tout en restant constamment empêtrés dans des conflits, parce qu’ils ont oublié ces bons conseils : il faut lutter contre soi-même, il faut recourir à l’aide de Dieu, pour que lui seul triomphe, pour gagner la paix en nous-mêmes, dans notre propre foyer, dans la société et dans le monde.

— Si nous nous conduisons ainsi, nous connaîtrons, toi et moi, la joie, qui est le propre des vainqueurs. Et, avec la grâce de Dieu — ce Dieu qui ne perd pas de batailles —, nous serons vraiment vainqueurs, pour peu que l’humilité ne nous fasse pas défaut.

Ta vie, ton travail ne doivent pas se réduire à un effort négatif : ils ne doivent pas être « anti-… » Au contraire, qu’ils se distinguent par l’affirmation, l’optimisme, la jeunesse, la joie et la paix.

Il y a deux aspects fondamentaux dans la vie des peuples : les lois sur le mariage et les lois sur l’enseignement. Sur ces points-là les enfants de Dieu doivent se montrer fermes, batailler dur, avec noblesse, pour l’amour de toutes les créatures.

La joie est le bien du chrétien ; et nous en jouirons tant que nous lutterons, car ce bien nous arrive avec la paix. La paix, qui est le fruit de la victoire dans la guerre. De plus, nous le lisons dans l’Ecriture, elle n’est que lutte, la vie de l’homme sur la terre.

Notre guerre si divine est une merveilleuse semence de paix.

Il fait du mal à l’Église, celui qui cesse de lutter ; il nuit à sa mission surnaturelle, à ses frères, à toutes les âmes. — Fais un examen de conscience : pour l’amour de Dieu, tu pourrais, n’est-ce pas, donner plus d’enthousiasme à ta lutte spirituelle ? Je prie pour toi… et pour tous. Alors, toi, fais de même.

Si quelque chose en moi te déplaît, Seigneur, dis-le moi, et nous l’arracherons !

II y a un ennemi de la vie intérieure, mesquin et stupide, mais malheureusement dangereux : le manque d’effort dans l’examen de conscience.

Dans l’ascétique chrétienne, l’examen de conscience répond à un besoin d’amour ; c’est une question de sensibilité.

Si quelque chose en toi n’est pas en accord avec l’esprit de Dieu, repousse-le tout de suite !

Pense aux apôtres : ils ne valaient rien par eux-mêmes, mais au nom de Notre-Seigneur, voilà qu’ils font des miracles. Seul Judas — peut-être a-t-il lui aussi fait des miracles — s’est écarté du chemin parce qu’il s’est séparé volontairement du Christ, parce qu’il n’a pas su se couper, violemment et vaillamment, de ce qui n’était pas en accord avec l’esprit de Dieu.

Mon Dieu, quand vais-je me convertir ?

Pour être saint, n’attends pas d’être vieux quelle erreur tu ferais !

— Mets-toi à l’œuvre dès maintenant, avec sérieux et entrain, dans tes obligations actuelles, dans ton travail, dans ta vie quotidienne…

N’attends pas d’être vieux pour être saint : non seulement ce serait une grande erreur, je te le répète, mais tu n’es même pas sûr que ce moment viendra pour toi.

Demande à Notre-Seigneur qu’il t’accorde toute la sensibilité nécessaire pour prendre conscience du péché véniel : pour le considérer comme un ennemi authentique et radical de ton âme ; et pour l’éviter, avec la grâce de Dieu.

Sois serein, évite les scrupules lorsque tu penses à ta vie ; mais demande pardon à Dieu pour tes fautes et prends la résolution ferme, concrète et bien déterminée de devenir meilleur en ceci et en cela : sur ce point qui te coûte, et sur cet autre point où, même si tu en es conscient, tu n’es pas fidèle comme tu devrais l’être.

Remplis-toi de bons désirs. C’est une chose sainte, et que Dieu encourage. Mais n’en reste pas là ! Homme ou femme, tu dois être une âme sensible aux réalités. Pour que tes bons désirs aboutissent à quelque chose, il faut que tu formules des résolutions claires, précises.

— Et ensuite, mon enfant, à toi de lutter, à toi de les mettre en pratique, avec l’aide de Dieu !

Et comment faire pour que mon amour du Seigneur soit durable, pour qu’il grandisse ? me demandes-tu dans ton ardeur.

— Dépouille-toi du vieil homme, mon enfant ; jusqu’à renoncer avec joie à ces choses, bonnes en elles-mêmes, mais qui t’empêchent de te détacher de ton moi… Dis au Seigneur, par tes œuvres, sans cesse : « Me voici pour faire ce que tu voudras. »

Être saint ! Un enfant de Dieu se doit d’exagérer dans l’exercice de la vertu, si tant est que l’on puisse exagérer en la matière… Les gens en effet se regarderont alors en lui comme dans un miroir, et c’est seulement s’il a des visées très élevées sur lui-même que les autres parviendront à la moyenne.

N’aie pas honte de découvrir que tu as dans ton cœur le « fomes peccati », cette inclination au mal qui t’accompagnera tant que tu vivras, puisque personne n’est exempt de ce fardeau.

Nulle honte à avoir ! Le Seigneur, qui est tout-puissant et miséricordieux, nous a donné tous les moyens nécessaires pour dominer cette inclination : les sacrements, la vie de piété, le travail, s’il est sanctifié.

— Recours à ces moyens avec persévérance, en étant disposé à commencer et à recommencer, sans te décourager.

Seigneur, délivre-moi de moi-même !

Un apôtre qui ne pratique pas l’oraison de façon habituelle, méthodique, ne peut que tomber dans la tiédeur… et il cesse d’être apôtre.

Seigneur ! À partir de maintenant, fais que je ne sois plus « moi », mais cet « autre » que tu veux que je sois !

— Fais que je ne refuse rien de ce que tu me demanderas ! Que je sache prier ! Que je sache souffrir ! Que rien ne me préoccupe, sinon ta gloire. Que je sente toujours ta présence !

— Fais que j’aime le Père, et que je te désire, toi, mon Jésus, dans une communion permanente ! Que l’Esprit Saint embrase mon âme !

« Meus es tu » — tu es à moi, le Seigneur te l’a dit.

— Ce Dieu, qui est toute beauté et toute sagesse, toute grandeur et toute bonté, penser qu’il te dit, à toi, que tu es à lui !… et que tu ne saches pas comment lui répondre !

Ne t’étonne pas si, dans ta vie, tu éprouves cette pesanteur dont parlait saint Paul : « Je vois qu’il y a une autre loi dans mes membres qui est contraire à la loi de mon esprit. »

— Souviens-toi alors que tu es au Christ, et tourne-toi vers la Mère de Dieu, qui est ta Mère : tous les deux, ils ne t’abandonneront pas.

Reçois les conseils que l’on te donne dans la direction spirituelle comme s’ils venaient de Jésus-Christ lui-même.

Tu m’as demandé un conseil qui t’aide à vaincre dans tes batailles quotidiennes ; et je t’ai répondu : quand tu ouvriras ton âme, raconte en premier lieu ce que tu ne voudrais pas que l’on sache. Ainsi le diable sera toujours vaincu.

— Sois clair et simple. Ouvre toute grande ton âme afin que, jusqu’au dernier recoin, le soleil de l’Amour de Dieu y pénètre !

Le démon muet — celui dont nous parle l’Évangile —, il gâtera tout s’il vient à s’introduire dans ton âme. En revanche, tout s’arrange si on le repousse tout de suite ; on avance plein de joie, et tout marche bien.

— Prendre cette ferme résolution : être d’une « sincérité sauvage » dans la vie spirituelle, mais en personne de tact et bien élevée… Et que cette sincérité soit immédiate.

Aime celui qui a charge de ton âme, et recherche son aide. Dans la direction spirituelle mets ton cœur à nu, complètement — montre-le pourri s’il est pourri ! Sois sincère, aie envie de guérir, faute de quoi cette pourriture ne disparaîtra jamais.

Si tu as recours à une personne qui ne peut que nettoyer superficiellement la plaie…, tu n’es qu’un lâche, parce qu’au fond tu viens à elle pour cacher la vérité, à ton détriment.

N’aie jamais peur de dire la vérité, mais n’oublie pas que, parfois, il vaut mieux se taire, par charité envers le prochain. Et ne te tais jamais par négligence, par facilité ou par lâcheté.

Le monde vit de mensonge. Et cela fait vingt siècles que la Vérité est venue aux hommes.

— Il faut dire la vérité ! Et c’est à cela que nous sommes destinés, nous autres, les enfants de Dieu. Le jour où les hommes s’habitueront à proclamer et à entendre la vérité, il y aura davantage de compréhension sur notre terre.

Ce serait pratiquer une fausse charité, une charité diabolique et mensongère que de céder sur des questions de foi. « Fortes in fide » — soyez forts dans la foi, fermes comme l’exige saint Pierre.

— Nul fanatisme en cela ; il s’agit simplement de vivre notre foi : non de manquer d’amour à l’égard de qui que ce soit ; nous pouvons céder sur tout ce qui est accessoire, mais en matière de foi nous ne pouvons pas céder : nous ne pouvons pas donner l’huile de nos lampes, parce que, l’Époux arrivant, il les trouverait éteintes.

L’humilité et la pénitence sont des conditions indispensables pour recevoir la bonne doctrine.

Accueille en toi la parole du pape, et que ton adhésion soit religieuse, humble, intérieure et efficace : fais-toi l’écho de sa parole !

Aime le Souverain Pontife, vénère-le avec de plus en plus d’affection chaque jour ; prie pour lui, mortifie-toi pour lui qui est la pierre de fondation de l’Église ; lui qui prolonge parmi les hommes tout au long des siècles et jusqu’à la fin des temps cette mission de sanctification et de gouvernement que Jésus a confiée à Pierre.

Envers le pape, le vice-Christ sur la terre, tu dois montrer aussi le plus grand amour, la plus grande estime, la plus profonde vénération en même temps que l’obéissance la plus soumise et la plus grande affection.

Nous autres catholiques, nous comprenons bien qu’après Dieu et notre Mère la très Sainte Vierge, c’est le saint père qui vient en troisième lieu dans la hiérarchie de l’amour et de l’autorité.

Considère chaque jour la charge très lourde qui pèse sur le pape et sur les évêques, pour mieux les vénérer, les aimer d’une affection véritable, pour mieux les aider par ta prière.

Que ton amour pour la Vierge soit plus vif, plus surnaturel.

— Ne va pas toujours à Sainte Marie pour lui demander quelque chose.

Approche-toi d’elle aussi pour lui faire des cadeaux : ton affection, ton amour pour son divin Fils : montre-lui cet amour par des œuvres de service dans tes rapports avec les autres, parce qu’ils sont aussi ses enfants.

Jésus est notre modèle. Imitons-le ! — Imitons-le en servant la sainte Église et toutes les âmes.

Lorsque tu contemples la scène de l’Incarnation, renforce dans ton âme la résolution d’être vraiment humble. Considère qu’Il s’est abaissé lorsqu’Il a pris notre pauvre nature.

— C’est pourquoi, chaque jour, tu dois réagir immédiatement ; avec la grâce de Dieu, pour accepter les humiliations que le Seigneur te réservera.

Sois naturel pour vivre ta vie chrétienne ! J’y insiste : fais connaître le Christ grâce à ta conduite, de même qu’un miroir renvoie une image non déformée, non caricaturale. — Si tu es « conforme », comme ce miroir, tu reflèteras la vie du Christ, et tu permettras aux autres de la voir.

Si tu es vaniteux, si tu ne te préoccupes que de ton seul confort personnel, si tu fais tourner autour de toi l’existence des autres, et jusqu’à celle du monde, tu n’as pas le droit de porter le nom de chrétien, ni de te considérer comme un disciple du Christ. C’est lui, en effet, qui a tracé la limite de son exigence : offrir pour chacun « et animam suam », jusqu’à son âme et jusqu’à sa vie tout entière.

Que « l’humilité de l’entendement » soit de règle chez toi.

Arrête-toi pour y penser… N’est-il pas vrai qu’on a du mal à comprendre qu’il puisse y avoir des « orgueilleux en esprit » ? Un saint docteur de l’Église montrait bien que « c’est un désordre détestable que l’homme, ayant pu voir Dieu fait enfant, veuille néanmoins toujours paraître grand sur cette terre ».

Quand tu auras quelqu’un à tes côtés — qui que ce soit —, sans rien faire d’étrange, vois comment lui faire partager ta joie d’être et de vivre comme un enfant de Dieu.

Quelle grande et belle mission le Divin Maître nous a confiée : servir ! — Aussi ce bon esprit — cette dignité ! — est-il parfaitement compatible avec l’amour de la liberté qui doit imprégner le travail des chrétiens.

Tu n’as jamais le droit de manquer à la miséricorde envers qui que ce soit ! Et s’il te semble que telle personne n’est pas digne de cette miséricorde, pense que toi non plus tu ne mérites rien.

Tu ne mérites pas d’avoir été créé, ni d’être chrétien, ni d’être enfant de Dieu, ni d’appartenir à ta famille…

Ne néglige pas la pratique de la correction fraternelle, qui est une manifestation évidente de la vertu surnaturelle de la charité. Il en coûte ! Il est tellement plus facile de ne rien faire. C’est plus facile ! Mais ce n’est guère surnaturel.

— Et de ces omissions, tu devras rendre compte à Dieu.

Quand tu devras la faire, la correction fraternelle doit être imprégnée de délicatesse — de charité ! — dans la forme comme dans le fond, car tu es à ce moment-là un instrument de Dieu.

Si tu sais aimer les autres et si tu diffuses autour de toi cette affection, qui est la charité du Christ, toute de finesse et d’attentions délicates, vous pourrez tous vous appuyer les uns sur les autres. Et celui qui sera sur le point de tomber se sentira soutenu — et entraîné — par cette force fraternelle, afin d’être fidèle à Dieu.

Exerce ton esprit à la mortification dans de petits riens qui touchent à la charité. Aie pour tous le souci de rendre aimable le chemin de la sainteté au milieu du monde : un sourire, parfois, sera la meilleure expression de ton esprit de pénitence.

Jour après jour, en âme généreuse, tu dois apprendre à renoncer à tes goûts, en restant joyeux et discret, afin de servir les autres et leur rendre la vie agréable.

— Agir ainsi, telle est la vraie charité du Christ.

Où que tu sois, tu dois t’efforcer de répandre autour de toi cette « bonne humeur » — cette joie — qui est le fruit de la vie intérieure.

Je te recommande un exercice de mortification très intéressant : fais en sorte que tes conversations ne tournent pas autour de toi.

Je te donne un bon moyen de faire ton examen de conscience :

— Aujourd’hui, ai-je accueilli comme un moyen d’expiation les contrariétés qui me sont venues de la main de Dieu ? Et celles que m’ont causées mes collègues par leur caractère ? Et celles qui procèdent de ma propre misère ?

— Ai-je su offrir au Seigneur, à titre d’expiation, la douleur que j’éprouve si souvent de l’avoir offensé ? Lui ai-je offert la honte qui me fait rougir intérieurement quand je me sens humilié par ma lenteur à avancer sur le chemin de la vertu ?

Des mortifications habituelles, répétées : oui, mais non pas des manies…

— Il n’est pas nécessaire que ces mortifications soient toujours les mêmes : ce qui est constant, habituel, ce à quoi l’on est habitué, sans y être attaché, voilà le véritable esprit de mortification.

Tu veux marcher sur les pas du Christ ; tu veux endosser son vêtement, t’identifier à Jésus. Fais donc en sorte que ta foi soit agissante, qu’elle soit fondée sur le sacrifice, sur des œuvres de service. Et rejette tout ce qui peut gêner.

La sainteté est flexible comme des muscles bien déliés. Celui qui veut devenir saint s’arrange, tandis qu’il fait une chose qui le mortifie, pour ne pas faire — dans la mesure où Dieu n’en est pas offensé — une autre chose qui lui coûte tout autant, et il rend grâces à Dieu pour cette latitude. Si nous procédions autrement, nous risquerions de devenir de ces chrétiens raides, sans vie, semblables à des marionnettes.

Or la sainteté n’a pas la rigidité du carton : elle sait sourire, céder, attendre. Elle est vivante : vivante d’une vie surnaturelle.

Mère, ne m’abandonnez pas ! Faites que j’aille à la rencontre de votre Fils ; faites que je trouve votre Fils ; faites que j’aime votre Fils… de tout mon être ! — Souvenez-vous, Notre Dame, souvenez-vous !

Références à la Sainte Écriture
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