Recommencer à lutter...

Suis le conseil de saint Paul : « Hora est iam nos de somno surgere ! » — C’est l’heure de travailler ! — De travailler, à l’intérieur, à l’édification de ton âme ; et, à l’extérieur, de là où tu es, à l’édification du Royaume de Dieu.

Contrit, tu me dis : « Que de misères je découvre en moi ! Ma turpitude et le poids de mes concupiscences sont tels que c’est comme si je n’avais jamais rien fait pour m’approcher de Dieu. Commencer, recommencer : oh ! Seigneur, j’en suis toujours aux commencements ! Toutefois j’essaierai de tout mon cœur de faire un effort chaque jour, de toute mon âme. »

 — Qu’il bénisse tes aspirations.

Père, m’as-tu dit, j’ai beaucoup d’égarements, beaucoup d’erreurs à mon passif.

 — Je le sais, t’ai-je répondu. Mais Dieu notre Seigneur sait tout, lui aussi, et il en tient compte. Il ne te demande que d’avoir l’humilité de le reconnaître et de lutter pour rectifier, afin que tu le serves mieux chaque jour, avec davantage de vie intérieure, avec une prière continuelle, avec piété et en employant les moyens adéquats pour sanctifier ton travail.

Puisses-tu acquérir les vertus de l’âne ! — car tu veux les obtenir, n’est-ce pas ? Humble, dur au travail et persévérant, têtu, fidèle, d’allure bien assurée, fort et, s’il a un bon maître, reconnaissant et obéissant.

Continue de considérer les qualités de l’âne, et remarque que, s’il veut faire œuvre utile, le bourricot doit se laisser dominer par la volonté de celui qui le mène… Seul, en effet, il ne ferait que… des âneries. À coup sûr, il n’aurait pas de meilleure idée que de se vautrer par terre, de courir vers sa mangeoire… et de braire.

 Ah ! Jésus ! — dis-le lui toi aussi — « ut iumentum factus sum apud te ! », tu as fait de moi ton petit âne ; ne m’abandonne pas, « et ego semper tecum ! » — et je serai toujours avec toi. Emmène-moi, bien attaché par ta grâce : « tenuisti manum dexteram meam… » — tu m’as pris par le licou, « et in voluntate tua deduxisti me… » — et aide-moi à accomplir ta Volonté. Et ainsi je t’aimerai jusqu’à la fin des siècles — « et cum gloria suscepisti me ! »

Même la plus petite mortification prend pour toi la dimension d’une épopée. Parfois Jésus se sert de tes « bizarreries », de tes mesquineries pour que tu te mortifies, et que tu fasses de la nécessité vertu.

Mon Jésus, je veux répondre à ton Amour, mais je suis si faible !

 — Avec l’aide de ta grâce, j’y arriverai !

C’est exprès que je le rabâche : la vie spirituelle est commencement et recommencement continuels.

 — Recommencer ? Oui ! Chaque fois que tu fais un acte de contrition — et nous devrions en faire beaucoup chaque jour — tu recommences, parce que tu offres à Dieu un amour nouveau.

Nous ne pouvons pas nous contenter de ce que nous faisons pour le service de Dieu, de même qu’un artiste ne s’estime pas satisfait du tableau ou de la statue qui sort de ses mains. Tous lui disent que c’est une merveille. Mais lui, il pense : non, ce n’est pas vrai, je voulais faire mieux. C’est ainsi que nous devrions réagir.

 En outre le Seigneur nous donne beaucoup, et il a droit à une réponse plénière de notre part…, il faut aller à son pas.

Tu manques de foi… et tu manques d’amour. Sinon, tu aurais immédiatement recours à Jésus, et plus souvent, en lui demandant une chose après l’autre.

 — N’attends plus. Invoque-le, et tu entendras le Christ te dire : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » C’est ainsi qu’il a accueilli le pauvre aveugle qui, du bord du chemin, ne se lassait pas d’insister.

Tel de nos amis écrivait : « J’ai souvent demandé pardon à Dieu pour mes très grands péchés ; je lui ai dit que je l’aimais, en baisant le Crucifix, et je l’ai remercié des providences paternelles qu’il a eues pour moi ces jours-ci. Comme il y a des années, je me suis surpris à dire — sans m’en rendre compte tout d’abord — : « Dei perfecta sunt opera », toutes les œuvres de Dieu sont parfaites. Aussitôt j’ai eu la certitude absolue, sans le moindre doute, que c’était bien la réponse de Dieu à sa créature pécheresse, mais aimante. J’attends tout de lui ! Qu’il soit béni ! »

 Je me suis empressé de lui répondre : « Le Seigneur se comporte toujours comme un bon Père, et il nous donne continuellement des preuves de son Amour. Place toute ton espérance en lui…, et continue de lutter. »

Oh ! Jésus ! Vu ce que j’ai été — pauvre de moi ! — tu as fait pour moi ce que tu as fait… si je répondais à ta grâce, que ne ferais-tu pas de moi !

 Voilà une vérité qui doit te pousser à une générosité sans faille.

 Alors, pleure, et regrette-le, plein de peine et d’amour, parce que le Seigneur et sa Mère bénie méritent un autre comportement de ta part.

Même si parfois le manque d’envie s’insinue dans ton âme, même s’il te semble que tu ne le dis que du bout des lèvres, renouvelle tes actes de foi, d’espérance et d’amour. Ne t’endors pas ! Sinon les mauvaises choses pousseront au milieu des bonnes, et elles t’entraîneront.

Fais ta prière ainsi : si je dois faire quelque chose d’utile, Jésus, c’est toi qui dois le faire pour moi. Que ta Volonté s’accomplisse, ta Volonté que j’aime, même si elle permet que je sois toujours comme maintenant, moi en train de tomber lamentablement, toi en train de me relever !

Rends-moi saint, mon Dieu, même si c’est à force de coups. Je ne veux pas être un obstacle à ta Volonté. Je veux répondre, je veux être généreux… Mais mon vouloir est-il sérieux ?

Tu es tout préoccupé parce que tu n’aimes pas comme tu le devrais. Tout te gêne. Et l’ennemi fait tout ce qu’il peut pour que ton mauvais caractère ressorte.

 Je comprends que tu sois très humilié, et c’est bien pour cela que tu dois réagir efficacement et sans plus attendre.

Non, la sainteté qui oblige à penser que « pour supporter un saint, il faut deux saints », n’est pas la véritable sainteté : dans le meilleur des cas, c’en sera la caricature.

Le diable essaye de nous écarter de Dieu. Si tu te laisses dominer par lui, les personnes honnêtes « s’écarteront » de toi, parce qu’elles « s’écartent » des amis ou des possédés de satan.

Quand tu parles au Seigneur, et même si tu penses que ce que tu dis n’est que bruit de paroles, demande-lui, pour toi, une plus grande générosité, demande-lui d’avancer avec plus de décision sur la voie de la perfection chrétienne. Enflamme-toi davantage !

Renouvelle ta ferme résolution de vivre ta vie de chrétien avec une « volonté actuelle » : à toutes heures et en toutes circonstances.

Ne mets pas d’obstacles à la grâce : tu dois te convaincre que, pour être levain, tu as besoin d’être saint, de lutter pour t’identifier à Lui.

Dis lentement, d’un cœur sincère : « nunc cœpi ! » c’est maintenant que je commence !

 Ne te décourage pas si, malheureusement, tu ne décèles pas en toi ce changement qui provient de la main droite du Seigneur… Du fond de ta bassesse, tu peux t’écrier : aide-moi, ô mon Jésus, parce que je veux accomplir ta volonté…, ta très aimable Volonté !

Je suis bien d’accord avec toi : ce sont « eux » qui doivent te préoccuper. Mais ta première préoccupation doit aller à toi-même, à ta vie intérieure. Sinon, tu ne pourras pas les servir.

Comme elle te coûte, cette mortification que le Saint-Esprit te suggère ! Regarde longuement un Crucifix…, et tu finiras par aimer cette expiation.

Se clouer sur la Croix ! Cette aspiration venait bien souvent, comme une lumière nouvelle, à l’intelligence, au cœur et aux lèvres de cette âme.

 — Se clouer sur la Croix ? Comme il en coûte, se disait-elle. Et pourtant elle connaissait très bien le chemin : « agere contra ! » — se renoncer soi-même. Aussi suppliait-elle : aide-moi, Seigneur !

Quand nous nous plaçons sur le Calvaire, là où Jésus est mort, l’expérience de nos péchés personnels doit nous conduire à la douleur : à prendre une décision plus mûre et plus profonde de ne plus jamais l’offenser.

Tout comme on taille une pierre ou du bois, peu à peu, il faut limer les aspérités, en éliminant les défauts de notre vie personnelle dans un esprit de pénitence, moyennant de petites mortifications. Il y en a de deux types : les mortifications actives — celles que nous recherchons, comme de petites fleurs que nous cueillons au long de la journée — et les mortifications passives, qui viennent du dehors et qu’il nous coûte d’accepter. Ensuite Jésus-Christ ajoute ce qui manque.

 — Quel magnifique Crucifix tu vas devenir, si ta réponse est généreuse, joyeuse, entière !

Le Seigneur, les bras ouverts, te demande l’aumône constante de ton amour.

Approche-toi de Jésus mort pour toi, approche-toi de cette Croix qui se détache sur le sommet du Golgotha…

 Mais approche-t’en avec sincérité, avec ce recueillement intérieur qui est un signe de maturité chrétienne, afin que les événements divins et humains de la Passion pénètrent en ton âme.

Il nous faut accepter la mortification avec les sentiments mêmes de Jésus-Christ lors de sa Sainte Passion.

La mortification est la prémisse nécessaire de toute activité apostolique, et de la bonne mise en œuvre de chaque activité apostolique.

L’esprit de pénitence consiste principalement à mettre à profit ces nombreuses petites choses — actions, renoncements, sacrifices, services… — que nous rencontrons chaque jour sur notre chemin, en les transformant en actes d’amour et de contrition, en mortifications, pour rassembler en fin de journée un bouquet, une très belle gerbe que nous offrons à Dieu !

Le meilleur esprit de sacrifice, c’est la persévérance dans le travail entrepris : qu’il soit fait dans l’enthousiasme ou qu’il devienne pénible.

Soumets ton plan de mortifications à l’approbation de ton directeur spirituel, afin qu’il les modère.

 — Les modérer n’implique pas nécessairement de les diminuer, mais aussi de les augmenter, s’il le juge opportun. — Et, quoi qu’il en soit, accepte-le !

Avec saint Augustin, nous pouvons dire que les passions mauvaises nous tirent par notre vêtement, vers le bas. En même temps, nous remarquerons dans notre cœur des désirs grands, nobles et purs : la lutte est donc là.

 — Si toi, avec la grâce du Seigneur, tu mets en œuvre les moyens ascétiques, la recherche de la présence de Dieu, la mortification, la pénitence — je dis bien la pénitence ! — tu avanceras, tu atteindras la paix et tu obtiendras la victoire.

La maîtrise du cœur ! — C’est ainsi que priait un prêtre : « Jésus, que mon pauvre cœur soit un jardin bien clos ; que mon pauvre cœur soit un paradis, où tu vis ; que mon ange gardien le garde avec une épée de feu, par laquelle il purifie toutes les affections avant qu’elles n’entrent en moi ; Jésus, scelle mon pauvre cœur du sceau divin de la Croix. »

Mener une vie pure : avoir cette audace ! Chacun selon son état : il faut savoir dire non, au nom du grand Amour, avec un A majuscule.

Voici un proverbe très clair : entre sainte et saint, mur de parpaing.

 — Nous devons garder notre cœur et nos sens, en nous éloignant toujours des occasions. Évitons à tout prix la passion, aussi sainte qu’elle paraisse !

Mon Dieu ! Dans tout ce que je vois, je trouve grâce et beauté : alors, à toute heure, par Amour, je maîtriserai mes regards.

Toi, chrétien, et de ce fait fils de Dieu, tu dois ressentir une grave responsabilité : celle de répondre, vigilant et ferme dans l’amour, aux preuves de miséricorde que tu as reçues du Seigneur, pour que rien ni personne ne puisse effacer les traits caractéristiques de l’Amour, qu’il a imprimés dans ton âme.

Tu es parvenu à une grande intimité avec ce Dieu, notre Dieu, qui est si près de toi, si ancré dans ton âme… ; mais toi, que fais-tu pour que cette intimité s’accroisse, s’approfondisse ? Évites-tu que s’immiscent des petits riens susceptibles de troubler cette amitié ?

 — Sois courageux ! N’hésite pas à couper court à tout ce qui pourrait, ne serait-ce que légèrement, faire souffrir Celui qui t’aime tant.

Si nous lui sommes fidèles, Jésus-Christ reproduit sa vie dans la vie de chacun d’entre nous, d’une manière ou d’une autre, tant dans son proces-sus interne — la sanctification — que dans notre conduite extérieure.

 — Remercie-le d’une telle bonté.

Il me semble très opportun que tu manifestes souvent à Notre-Seigneur ton désir ardent, ton grand désir d’être saint, même si tu te vois plein de misères…

 — Fais-le justement pour cela !

Ta condition de fils de Dieu, tu l’as vue en toute clarté ; sache que, même si tu ne la revoyais plus (ce qu’à Dieu ne plaise !) tu dois poursuivre ton chemin, pour toujours, par simple fidélité, sans regarder en arrière.

Une résolution : être fidèle à l’horaire jusqu’à l’héroïsme, et sans me chercher d’excuses, dans la vie ordinaire et dans l’extraordinaire.

Sans doute as-tu parfois pensé — avec une sainte envie — à Jean, cet apôtre adolescent, « quem diligebat Iesus », que Jésus aimait.

 — Ne voudrais-tu pas mériter d’être appelé « celui qui aime la Volonté de Dieu » ? Prends les moyens d’y parvenir, jour après jour.

Il faut t’en convaincre : quand il va de pair avec les oeuvres, le désir de se conduire en bon fils de Dieu procure la jeunesse, la sérénité, la joie et la paix permanentes.

Si tu t’abandonnes de nouveau entre les mains de Dieu, l’Esprit Saint te donnera lumière pour ton intelligence, et vigueur pour ta volonté.

Entends des lèvres de Jésus cette parabole que rapporte saint Jean dans son Évangile : « Ego sum vitis, vos palmites. » — Je suis la vigne, vous êtes les sarments.

 Ton imagination et ton intelligence intègrent bien la parabole. Et tu comprends alors qu’un sarment ne sert à rien s’il est séparé du cep, de la vigne ; qu’il ne porte pas de fruit et qu’il risque de finir en bois sec que les hommes et les bêtes fouleront, ou qui sera bon pour le feu…

 — Le sarment, c’est toi : tires-en toutes les conséquences.

Aujourd’hui, plein de confiance, j’ai de nouveau formulé cette demande : Seigneur, que nos misères passées et déjà pardonnées ne nous inquiètent pas ; non plus que la possibilité de tomber dans d’autres misères ; abandonnons-nous entre tes mains miséricordieuses ; exprimons nos désirs de sainteté et d’apostolat, présents comme des braises sous les cendres d’une apparente froideur…

 — Seigneur, je sais que tu nous écoutes. Eh bien ! toi aussi, dis-lui la même chose.

Quand tu ouvres ton âme, sois sincère et parle sans rien enjoliver, ce qui peut être un signe d’infantilisme.

 Ensuite, sois docile et vas de l’avant : tu en seras plus saint, plus heureux.

Ne recherche pas de consolations hors de Dieu. — Vois ce qu’écrivait ce prêtre : pas question d’épancher sans besoin mon cœur auprès d’un autre ami !

On arrive à la sainteté avec l’aide de l’Esprit Saint — qui vient habiter dans nos âmes —, moyennant la grâce qui nous est concédée par les sacrements, et une lutte ascétique constante.

 Mon enfant, ne nous berçons pas d’illusions ! Je ne me lasserai jamais de le répéter : toi et moi, nous devrons toujours nous battre, oui, toujours, jusqu’à la fin de notre vie. C’est ainsi que nous finirons par aimer la paix, que nous donnerons la paix, et que nous recevrons la récompense éternelle.

Ne te contente pas de parler au Paraclet, écoute-le !

Dans ta prière, considère bien que la vie d’enfance, en te permettant de découvrir en profondeur que tu es fils de Dieu, t’a rempli d’un amour filial pour le Père ; souviens-toi bien qu’auparavant, c’est par Marie que tu es allé à Jésus, lui que tu adores comme un ami, un frère, dont tu es totalement épris…

 Quand tu as reçu ce conseil, tu as compris que, jusqu’alors, même si tu savais que le Saint-Esprit habite dans ton âme pour la sanctifier… tu n’avais pas « compris » la réalité de sa présence. Il a fallu cette suggestion : et à présent tu éprouves l’Amour au-dedans de toi ; et tu veux te rapprocher de lui, devenir son ami, son confident…, lui faciliter le travail pour qu’il polisse, arrache, enflamme…

 Je n’en serai pas capable, pensais-tu. — Écoute-le, j’insiste. Il te donnera des forces. Et c’est lui qui fera tout, si tu le veux… et tu le veux !

 Dans ta prière, appelle-le : Hôte Divin, mon Maître, ma Lumière, mon Guide, mon Amour, et dis-lui : fais que je sache t’accueillir avec prévenance, écouter tes leçons et m’enflammer, te suivre et t’aimer.

Pour t’approcher de Dieu, pour voler jusqu’à Dieu, tu as besoin des ailes fortes et généreuses de la Prière et de l’Expiation.

Si tu veux éviter la routine dans tes prières vocales, efforce-toi de les réciter avec tout l’amour que met quand il parle pour la première fois celui qui tombe amoureux…, et comme si c’était la dernière occasion que tu avais de t’adresser au Seigneur.

Tu es fier d’être l’enfant de Sainte Marie… ? Si tu l’es vraiment, demande-toi : combien de fois ai-je manifesté ma dévotion à la Sainte Vierge au long de cette journée, du matin au soir ?

J’ai deux raisons, entre autres, se disait cet ami, pour demander pardon à ma Mère Immaculée tous les samedis et les veilles des fêtes qui lui sont consacrées.

 — La seconde : les dimanches et les fêtes de la Sainte Vierge (qui sont traditionnellement des fêtes dans les villages), les gens, au lieu de les consacrer à la prière, les emploient à offenser notre Jésus par des péchés publics et des crimes scandaleux — il suffit d’ouvrir les yeux pour s’en convaincre.

 Mais la première, c’est que, peut-être poussés par satan, nous qui voulons être de bons fils de Dieu, nous ne vivons pas avec l’attention requise ces jours qui sont consacrés au Seigneur et à sa Mère.

 — Et tu te rends bien compte que malheureusement ces raisons sont toujours d’actualité, et qu’il est nécessaire que nous fassions réparation, nous aussi.

J’ai toujours compris la prière du chrétien comme un entretien amoureux avec Jésus, un entretien qui ne doit jamais s’interrompre, même aux moments où nous sommes physiquement éloignés du tabernacle ; car toute notre vie est faite de ces refrains d’amour humain transposés au plan divin… Et parce qu’aimer, nous le pouvons toujours.

L’Amour de Dieu pour ses créatures est si grand que, si notre réponse était ce qu’elle doit être, nos montres devraient s’arrêter quand la sainte messe est célébrée.

Unis à la vigne, les sarments mûrissent et portent du fruit.

 — Que devons-nous faire, toi et moi ? Être très unis, par le Pain et par la Parole, à Jésus-Christ, qui est notre vigne…, en lui disant des mots affectueux tout au long de la journée. C’est ce que font les amoureux.

Aime beaucoup notre Seigneur. Cette volonté constante de l’aimer, il faut que tu l’entretiennes, que tu la fasses croître dans ton âme. C’est justement maintenant que tu dois aimer Dieu, quand peut-être nombre de ceux qui le touchent de leurs mains ne l’aiment pas, qu’ils le maltraitent et le négligent.

 Fréquente assidûment le Seigneur, dans la sainte messe et durant la journée !

La prière est l’arme la plus puissante du chrétien. La prière nous rend efficaces. La prière nous rend heureux. La prière nous donne toute la force nécessaire pour accomplir ce que Dieu nous demande.

 — Oui, toute ta vie peut et doit devenir une prière !

La sainteté personnelle, ce n’est pas une chimère, mais une réalité bien précise, divine et humaine à la fois, et qui se manifeste sans cesse par des actes d’amour quotidiens.

L’esprit de prière qui anime toute la vie de Jésus-Christ parmi les hommes nous apprend que la prière doit précéder, accompagner et suivre toutes les œuvres, qu’elles soient grandes ou petites.

Contemple la Passion du Christ pour la vivre avec lui : prête-lui souvent et chaque jour ton dos quand on le fouette ; offre ta tête à la couronne d’épines.

 — On dit dans mon pays que « l’amour se paye avec de l’amour ».

Celui qui aime ne néglige aucun détail. Je l’ai constaté chez bien des âmes : ces petits riens représentent quelque chose de grand : l’Amour !

Aime Dieu pour ceux qui ne l’aiment pas : tu dois faire chair de ta chair cet esprit de satisfaction et de réparation.

La lutte intérieure devient-elle plus difficile ? C’est là une bonne occasion pour nous de prouver que notre Amour est authentique.

Je te vois bien persuadé que Dieu t’a clairement fait voir que tu dois revenir aux puérilités les plus dérisoires dont tu as fait l’expérience dans ta vie intérieure ; et persévérer pendant des mois, pendant des années peut-être dans ces petites choses héroïques, par des actes de volonté, même à froid, pour faire tout cela par amour (la sensibilité n’a pas à intervenir là, elle qui est si souvent assoupie quand il s’agit de faire le bien.)

Dans ta vie de piété, persévère, volontairement et par amour — même si tu te sens sec. Et ne t’inquiète pas si tu te surprends à compter les minutes ou les jours qui te restent pour achever cette norme de piété ou ce travail. Avec ce plaisir trouble du mauvais élève qui attend la fin des cours, ou du condamné à une ou plusieurs quinzaines de jours de détention, qui attend que les portes de la prison s’ouvrent devant lui pour retourner à ses erreurs.

 Persévère, j’y insiste, avec une volonté efficace et actuelle, sans jamais cesser de vouloir effectuer ces exercices de piété et d’en tirer profit.

Vis ta foi dans la joie, bien uni à Jésus-Christ. — Aime-le vraiment ! — oui, vraiment ! —, et tu deviendras le protagoniste de la grande Aventure de l’Amour, car tu seras de jour en jour plus amoureux.

Dis lentement au Maître : Seigneur, je ne veux rien d’autre que te servir. Je ne veux qu’accomplir mes devoirs, et t’aimer d’une âme amoureuse ! Fais sentir ton pas ferme à mes côtés. Sois mon unique appui.

 — Dis-le lui lentement…, mais dis-le lui vraiment !

Tu as besoin de vie intérieure et de formation doctrinale. Sois exigeant avec toi-même ! Homme chrétien, femme chrétienne, tu dois être le sel de la terre et la lumière du monde, parce que tu as l’obligation de donner le bon exemple, animé d’une sainte effronterie.

 — C’est la charité du Christ qui doit te stimuler. Si tu te sens, si tu te sais un autre Christ depuis le moment où tu lui as dit que tu le suivrais, tu ne t’isoleras pas de tes semblables — de tes parents, de tes amis, de tes collègues — tout comme le sel ne s’isole pas de l’aliment qu’il assaisonne.

 Ta vie intérieure et ta formation incluent la piété et le sain jugement que doit avoir un fils de Dieu, s’il veut que sa présence active puisse relever toute chose.

 Demande au Seigneur de t’accorder la grâce d’être toujours ce condiment dans la vie des autres.

Il nous incombe, à nous autres chrétiens, de recueillir avec jeunesse d’esprit le trésor de l’Évangile — ce trésor encore tout neuf, pour le faire parvenir aux quatre coins de la terre.

Tu dois imiter Jésus-Christ et le faire connaître par ta conduite. N’oublie pas que le Christ a assumé notre nature, afin d’introduire tous les hommes dans la vie divine. C’est ainsi qu’unis à lui, nous pourrons vivre les commandements du ciel dans notre vie individuelle et sociale.

C’est en vertu de ta condition chrétienne que tu ne saurais te désintéresser du moindre problème, du moindre besoin de tes frères les hommes.

Quelle insistance que celle de l’apôtre saint Jean quand il prêchait le « mandatum novum » ! — « Aimez-vous les uns les autres ! »

 — J’aurais envie de me mettre à genoux, — et ce n’est pas là de la comédie, car c’est mon cœur qui me le crie — pour vous demander que, pour l’amour de Dieu, vous vous aimiez, vous vous aidiez, vous vous donniez la main, vous sachiez vous pardonner.

 — Repoussez donc l’orgueil, montrez-vous compatissants ; vivez la charité ; rendez-vous les uns aux autres le service de la prière et de l’amitié sincère.

Tu ne seras bon que si tu sais voir les bons côtés et les vertus des autres.

 C’est pourquoi, quand tu devras corriger, fais-le en toute charité, au moment qui sera le plus opportun, sans humilier… en ayant toi-même le souci d’apprendre et de t’améliorer sur le point même où tu corriges.

Aime et pratique la charité, sans limites, sans discrimination, car c’est la vertu qui distingue les disciples du Maître.

 — Mais, sauf à ne plus être une vertu, cette charité ne peut te conduire à mitiger la foi, à limer les arêtes qui la définissent, à l’édulcorer jusqu’à la transformer, comme d’aucuns veulent le faire, en quelque chose d’amorphe, dépourvu de la force et de la puissance de Dieu.

Tu dois vivre en bonne entente avec tout le monde, tu dois faire preuve de compréhension envers tout le monde, tu dois être le frère de tes frères les hommes, tu dois mettre l’amour — comme le dit le mystique castillan — là où il n’y a pas d’amour, afin de récolter l’amour.

Lorsque tu auras à critiquer, que ta critique soit positive, inspirée par un esprit de coopération, constructive et jamais faite dans le dos de l’intéressé.

 — Sinon, ce ne serait là que trahison, médisance, diffamation, calomnie peut-être… et en tout état de cause, un manque de loyauté.

Ne reste pas muet quand tu verras que la gloire de Dieu et le bien de l’Église exigent que tu parles.

 Penses-y : qui ne s’armerait pas de courage, sous le regard de Dieu, en sachant qu’il a l’éternité devant lui ? Il n’y a rien à perdre et, en revanche, beaucoup à gagner. Alors, pourquoi n’oses-tu pas ?

Nous ne sommes pas de bons frères de nos frères les hommes si nous ne sommes pas disposés à nous conduire avec droiture, même dans les cas où ceux qui nous entourent pourraient mal interpréter notre comportement et réagir de façon déplaisante.

Ton amour et ton service de la sainte Église ne sauraient dépendre du degré de sainteté personnelle de ceux qui la composent, même s’il est vrai que nous désirons ardemment que tous atteignent la perfection chrétienne.

 — Tu dois aimer l’Épouse du Christ, ta Mère, parce qu’elle est et sera toujours pure et sans tache.

Travailler à notre sanctification personnelle a des répercussions sur la sainteté de très nombreuses âmes et sur celle de l’Église de Dieu.

Il faut t’en persuader : étant donné que Dieu t’aime, qu’il t’écoute, qu’il te promet la gloire, protégé que tu es par la main toute-puissante de ton Père du ciel, si tu le veux, tu peux devenir une personne très solide, prête à témoigner partout de la vérité et de l’attrait de sa doctrine.

Le champ du Seigneur est fertile, et sa semence est bonne. C’est pourquoi, quand l’ivraie fait son apparition en ce monde, n’en doute pas, c’est que les hommes n’ont pas répondu à Dieu. Et les chrétiens en particulier, qui se sont endormis et ont laissé le champ libre à l’ennemi.

 — Ne t’en lamente pas : cela ne sert à rien. En revanche, examine ta propre conduite.

Voici un commentaire qui m’a beaucoup fait souffrir, et qui te fera réflechir aussi : « Je m’explique très bien le manque de résistance à des lois infâmes, voire l’inefficacité de cette résistance, parce qu’il y a, tout en haut, et tout en bas, et au milieu beaucoup — vraiment beaucoup ! — de conformistes. »

Menés par une haine satanique indéfectible, les ennemis de Dieu et de son Église s’agitent et s’organisent sans trêve.

 Avec une constance « exemplaire », ils préparent leurs cadres, soutiennent leurs écoles, leurs chefs et leurs agitateurs et, par une action déguisée, mais efficace, ils propagent leurs idées et sèment, dans les foyers et sur les lieux de travail, leur semence destructrice de toute idée religieuse.

 — Que ne devrons-nous pas faire, nous autres chrétiens, pour servir notre Dieu en défendant la vérité sans relâche ?

Ne confonds pas la sérénité avec la paresse, avec l’abandon, avec le retard dans la prise de décisions ou l’étude des problèmes.

 La sérénité doit aller toujours de pair avec la diligence, cette vertu si nécessaire pour considérer les questions en cours et les résoudre sans tarder.

— Mon enfant : où est le Christ que les âmes cherchent en toi ? Dans ton orgueil ? Dans tes désirs de t’imposer aux autres ? Dans ces mesquineries de ton caractère que tu ne veux pas éliminer ? Dans cet entêtement ?… Le Christ se trouve-t-il là ? — Non, non et non !

 — D’accord, tu dois avoir une personnalité, mais la tienne doit tendre à s’identifier à celle du Christ.

Je te propose une bonne règle de conduite pour vivre la fraternité, l’esprit de service : que les autres, en ton absence, puissent mener à bien la tâche qui est la tienne, parce que tu auras su leur transmettre généreusement ton expérience, sans te rendre indispensable.

En dépit de tes passions, c’est sur toi que repose la responsabilité de la sainteté, de la vie chrétienne et de l’efficacité des autres.

 Tu n’es pas une pièce isolée. Si tu t’arrêtes, que de personnes tu peux immobiliser ou à qui tu peux porter préjudice !

Pense à ta Mère, la sainte Église, et considère que, si un membre souffre, c’est tout le corps qui souffre.

 — Ton corps a besoin de chacun de ses membres, mais chacun des membres a besoin du corps tout entier. — Pauvre de moi si ma main cessait de remplir sa fonction… ou si mon cœur cessait de battre !

Comme tu l’as vu clairement : Dieu a jeté son dévolu sur toi alors que tant de gens ne le connaissent pas. Il veut que tu sois un fondement, une pierre de fondation sur laquelle s’appuie la vie de l’Église.

 Médite bien cette réalité, et tu en tireras maintes conséquences pratiques pour ta conduite ordinaire : le fondement, la pierre de fondation — peut-être cachée, sans brillant —, doit être solide, sans aucun élément de fragilité ; il doit pouvoir soutenir l’édifice…, faute de quoi il reste isolé.

Quand tu te considères comme un fondement choisi par Dieu pour coracheter les âmes — n’oublie pas que tu es… misère et misère —, ton humilité doit te pousser à te placer sous les pieds de tous, à leur service. — Il en va ainsi des fondations des édifices.

 Mais le fondement doit avoir la force, cette vertu indispensable à qui doit soutenir et stimuler les autres.

 — Alors, dis-le lui avec force : Jésus, fais que jamais, par fausse humilité, je ne cesse de pratiquer la vertu cardinale de la force ! Donne-moi, mon Dieu, de distinguer l’or des scories.

Ô notre Mère, notre Espérance, comme nous nous sentons sûrs, même si tout chancelle, quand nous sommes bien serrés contre vous.

Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture
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