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6 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Profit du temps → application au travail.

Lorsque je m’adresse à vous, quand nous nous entretenons ensemble avec Dieu notre Seigneur, je poursuis ma prière personnelle à voix haute : j’aime à le rappeler très souvent. Vous devez aussi vous efforcer d’alimenter votre prière dans votre âme, même si pour une raison quelconque, comme celle d’aujourd’hui par exemple, nous sommes tenus de traiter un sujet qui, à première vue, ne nous semble pas tout à fait propre au dialogue d’amour qu’est en fait notre conversation avec le Seigneur. Je dis à première vue, car tout ce qui nous arrive, tout ce qui se passe autour de nous peut et doit faire l’objet de notre méditation.

Je dois vous parler du temps, de ce temps qui fuit. Je ne reprendrai point l’affirmation connue selon laquelle « un an de plus, c’est un an de moins ». Je ne vous conseillerai pas non plus de demander aux gens ce qu’ils pensent du passage des jours. Si vous le faisiez, vous obtiendriez probablement d’eux une réponse du genre : Jeunesse, trésor divin, tu t’en vas pour ne plus jamais revenir… Quoique je n’exclue pas que vous entendiez des propos plus chargés de sens surnaturel.

Je ne veux pas non plus m’arrêter à considérer la brièveté de la vie avec des accents nostalgiques. Le caractère éphémère de notre vie terrestre devrait plutôt inciter les chrétiens à mieux profiter de leur temps qu’à craindre Notre Seigneur ; moins encore à voir dans la mort une fin désastreuse. On a répété de mille façons différentes plus ou moins poétiques, qu’une année qui s’achève c’est, avec la grâce et la miséricorde de Dieu, un pas de plus qui nous rapproche du Ciel, notre Patrie définitive.

En pensant à cette réalité, je comprends très bien les mots que saint Paul adresse aux Corinthiens : tempus breve est ! que la durée de notre passage sur terre est brève ! Ces mots retentissent au plus profond du cœur de tout chrétien cohérent, comme un reproche face à son manque de générosité, et comme une invitation constante à la loyauté. Il est vraiment court le temps que nous avons pour aimer, pour offrir, pour réparer. Il n’est donc pas juste de le gaspiller, ni de jeter de façon irresponsable ce trésor par la fenêtre : nous ne pouvons pas laisser passer cette étape du monde que Dieu confie à chacun.

Mais suivons le fil de la parabole. Et les vierges folles, que font-elles ? À partir de ce moment-là, elles s’activent à se préparer pour attendre l’Époux : elles vont acheter de l’huile. Mais elles se sont décidées trop tard et, tandis qu’elles y vont, arriva l’époux : celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle de noces, et la porte se referma. Finalement les autres vierges arrivèrent aussi et dirent : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! Elles ne sont certes pas demeurées inactives : elles ont bien essayé de faire quelque chose… Mais elles entendent la voix qui leur répond durement : Je ne vous connais pas. Elles pas su, ou n’ont pas voulu se préparer avec l’empressement requis. Elles ont oublié de prendre la précaution raisonnable d’acheter de l’huile en temps voulu. Elles ont manqué de générosité pour aller jusqu’au bout de ce qui leur avait été confié. Elles avaient, en effet, de nombreuses heures devant elles, mais elles les ont gaspillées.

Pensons courageusement à notre vie. Pourquoi parfois ne trouvons-nous pas les minutes nécessaires pour achever avec amour le travail qui nous incombe et qui est le moyen de notre sanctification ? Pourquoi négligeons-nous nos obligations familiales ? Pourquoi la précipitation survient-elle au moment de prier, d’assister au Saint Sacrifice de la messe ? Pourquoi la sérénité et le calme nous manquent-ils pour accomplir nos devoirs d’état, alors que nous nous attardons sans aucune hâte à suivre nos caprices ? En voilà des futilités, me direz-vous. C’est vrai, mais ces petits riens sont justement l’huile, notre huile, qui maintient la flamme vive et la lumière allumée.

Dès la première heure

Un homme était propriétaire, et il planta une vigne ; il l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour ; puis il la loua à des vignerons et partit pour l’étranger.

J’aimerais que nous méditions les enseignements de cette parabole, du point de vue qui nous intéresse ici. La tradition a vu dans ce récit une image du destin du peuple élu de Dieu ; et elle nous a montré avant tout comment nous répondons par l’infidélité et le manque de reconnaissance à tant d’amour du Seigneur.

Je veux m’arrêter concrètement à ces mots : il partit pour l’étranger. J’en conclus tout de suite que les chrétiens ne doivent pas quitter la vigne où le Seigneur les a placés. Nous devons employer nos forces à cette tâche, dans les limites de cette clôture, travailler au pressoir et, une fois le travail quotidien terminé, nous reposer dans cette tour. Si nous nous laissions entraîner par la commodité, cela reviendrait à répondre au Christ : attention, mes années sont pour moi et non pour toi ! Je ne veux pas me décider à m’occuper de ta vigne.

Le Seigneur nous a offert la vie, les sens, les facultés, des grâces sans nombre ; nous n’avons pas le droit d’oublier que nous sommes des ouvriers, parmi tant d’autres, dans cette propriété où il nous a placés pour participer à l’effort d’apporter la nourriture aux autres. C’est là notre place : à l’intérieur de ces limites-là ; nous devons nous y dépenser quotidiennement avec Lui, en l’aidant dans son travail rédempteur.

Permettez-moi d’insister : ton temps pour toi ? Ton temps pour Dieu ! Il se peut que, par la miséricorde du Seigneur, cet égoïsme-là ne soit pas pour le moment entré dans ton âme. Je te parle pour le cas où ton cœur viendrait à flancher dans sa foi au Christ. Je te demande alors — Dieu te demande — d’être fidèle à ton effort, de maîtriser ton orgueil, d’assujettir ton imagination, de ne pas te permettre la légèreté de t’en aller, de déserter.

Ces ouvriers, au milieu de la place, avaient toute la journée en trop. Celui qui enfouit son talent dans la terre voulait tuer les heures ; celui qui devait s’occuper de la vigne s’en va ailleurs. Ils présentent tous un point commun : ils sont insensibles à la grande tâche que le Seigneur a confiée à chacun des chrétiens, tâche qui consiste à se considérer et à se comporter comme ses instruments pour coracheter avec lui l’humanité, celle de dépenser sa vie tout entière à se sacrifier joyeusement, en se vouant au bien des âmes.

Le figuier stérile

Voilà donc le fruit de notre prière d’aujourd’hui : nous convaincre que notre vie sur la terre est pour Dieu, en toutes circonstances et en toutes saisons, qu’elle est un trésor de gloire, une antichambre du Ciel ; qu’elle est entre nos mains une richesse que nous devons administrer avec sens des responsabilités face aux hommes et face à Dieu, sans qu’il nous faille pour autant changer d’état, au beau milieu de la rue, en sanctifiant notre profession ou notre métier, notre vie familiale, nos relations sociales, toute l’activité qui semble n’être que terrestre.

À vingt-six ans, lorsque j’ai découvert dans toute sa profondeur l’appel à servir le Seigneur dans l’Opus Dei, je lui demandais de toute mon âme de m’accorder quatre-vingts ans de gravité. Je demandais à mon Dieu ces années en plus, avec la naïveté enfantine du débutant, pour savoir utiliser mon temps, pour apprendre à profiter de chaque minute, à son service. Le Seigneur sait octroyer ces richesses-là. Sans doute toi et moi, nous arriverons un jour à dire : Plus que les anciens, j’ai l’intelligence, car tes préceptes, je les garde. La jeunesse n’est pas forcément l’insouciance, pas plus que les cheveux blancs n’entraînent obligatoirement prudence et sagesse.

Ayons recours ensemble à la Mère du Christ. Notre Mère, vous qui avez vu grandir Jésus, qui l’avez vu mettre à profit son passage parmi les hommes, apprenez-moi à employer mes journées au service de l’Église et des âmes ; apprenez-moi à écouter, au plus intime de mon cœur, comme un reproche affectueux, ô ma Douce Mère, chaque fois qu’il le faudra, que mon temps n’est point à moi, parce qu’il appartient à Notre Père qui est au cieux.

Il existe deux autres vertus humaines, l’assiduité au travail et la diligence, qui n’en font qu’une seule : le zèle pour tirer parti des talents que chacun d’entre nous a reçus de Dieu. Ce sont des vertus parce qu’elles conduisent à bien terminer les choses. Parce que le travail — je le proclame depuis 1928 — n’est ni une malédiction, ni un châtiment du péché. La Genèse parle de cette réalité avant qu’Adam se soit rebellé contre Dieu. Dans le plan de Dieu, l’homme était appelé à travailler sans relâche, coopérant ainsi à la tâche immense de la création.

Celui qui est laborieux utilise bien son temps, qui n’est pas seulement de l’or, mais aussi la gloire de Dieu ! Il fait ce qu’il doit faire et il est à ce qu’il fait, non par routine ni pour occuper les heures, mais comme résultant d’une réflexion attentive et pondérée. C’est pour cela qu’il est diligent. L’utilisation normale du mot — diligent — évoque déjà son origine latine. Diligent vient du verbe diligo, qui signifie aimer, apprécier, choisir à la suite d’une attention méticuleuse et soigneuse. N’est pas diligent celui qui se précipite, mais bien celui qui travaille avec amour, à la perfection.

Notre Seigneur, homme parfait, choisit un travail manuel qu’il a réalisé avec délicatesse et avec grand amour pendant presque toutes les années qu’il a passées sur la terre. Il remplit sa tâche d’artisan au milieu des autres habitants de son village, et cette occupation humaine et divine nous a prouvé clairement que l’activité ordinaire n’est pas un détail insignifiant, mais qu’elle constitue le pivot de notre sanctification, une occasion continuelle de rencontrer Dieu, de le louer et de le glorifier avec le travail de notre intelligence ou celui de nos mains.

Véracité et justice

Références à la Sainte Écriture
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