Liste des points

5 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Dignité humaine  → respect de la personne et de sa liberté.

Permettez-moi une courte digression, qui vient tout à fait à propos. Je n’ai jamais demandé leurs opinions politiques à ceux qui m’ont approché : cela ne m’intéresse pas ! Par cette règle de conduite, je vous montre une réalité qui est au cœur de l’Opus Dei, auquel, avec la grâce et la miséricorde de Dieu, je me suis voué complètement pour servir la Sainte Église. Ce sujet ne m’intéresse pas parce que vous, les chrétiens, vous jouissez de la plus entière liberté, avec la responsabilité personnelle qui en découle, d’intervenir comme bon vous semble dans les questions d’ordre politique, social, culturel, etc., sans autres limites que celles que le magistère de l’Église a fixées. La seule chose qui me préoccuperait, pour le bien de votre âme, ce serait que vous franchissiez ces limites, parce que vous auriez alors créé une nette opposition entre la foi que vous prétendez professer et vos œuvres, et alors je vous le ferais remarquer clairement. Ce respect sacro-saint de vos opinions, dans la mesure où elles ne vous écartent pas de la loi de Dieu, n’est pas compris par ceux qui ignorent le vrai concept de la liberté que le Christ nous a gagnée sur la Croix, qua libertate Christus nos liberavit, par les sectaires de tous bords : ceux qui prétendent imposer leurs opinions temporelles, comme s’il s’agissait de dogmes, ou ceux qui dégradent l’homme en niant la valeur de la foi, qu’ils abandonnent à la merci des erreurs les plus brutales.

Tout au long de mes années de sacerdoce, je n’ai cessé de prêcher — que dis-je, de crier — mon amour de la liberté personnelle. Et je remarque chez certains un air de méfiance, comme s’ils craignaient que la défense de la liberté ne recelât un danger pour la foi. Que ces pusillanimes se rassurent. Seule une interprétation erronée de la liberté porte atteinte à la foi, d’une liberté dépourvue de tout but, de toute forme objective, de toute loi, de toute responsabilité. En un mot, le libertinage. Malheureusement, c’est ce que quelques uns défendent ; or, c’est cette revendication qui constitue une atteinte à la foi.

C’est pourquoi il n’est pas exact de parler de liberté de conscience, car cela revient à juger comme moralement bon le fait que l’homme repousse Dieu. Nous avons déjà rappelé que nous pouvons nous opposer aux desseins rédempteurs du Seigneur, nous pouvons le faire, mais nous ne le devons pas. Si quelqu’un adoptait délibérément cette attitude, il pécherait, car il transgresserait le premier et le plus fondamental des commandements : Tu aimeras Yahvé de tout ton cœur.

Quant à moi, je défends de toutes mes forces la liberté des consciences, selon laquelle il n’est permis à personne d’empêcher que la créature rende à Dieu le culte qui lui est dû. Il faut respecter la soif légitime de vérité : l’homme a l’obligation grave de chercher le Seigneur, de le connaître et de l’adorer, mais personne sur la terre ne doit se permettre d’imposer au prochain la pratique d’une foi qu’il n’a pas ; de même que personne ne peut s’arroger le droit de faire du tort à celui qui l’a reçue de Dieu.

Notre Sainte Mère l’Église s’est toujours prononcée pour la liberté et a rejeté tous les fatalismes, anciens et moins anciens. Elle a souligné que chaque âme est maîtresse de son destin, pour le bien ou pour le mal : Et ceux qui ne se sont pas écartés du bien iront à la vie éternelle ; et ceux qui ont commis le mal au feu éternel. Nous sommes toujours impressionnés de découvrir en nous tous, en toi et en moi, cette terrible capacité, bien qu’elle soit en même temps le signe de notre noblesse. Il est tellement vrai que le péché est un mal voulu qu’il ne serait nullement péché s’il n’avait son principe dans la volonté : cette affirmation revêt une telle évidence qu’elle fait l’unanimité du petit nombre de sages et du grand nombre d’ignorants qui habitent le monde.

J’élève de nouveau mon cœur en action de grâces vers mon Dieu, mon Seigneur, car rien ne l’empêchait de nous créer impeccables, doués d’un élan irrésistible vers le bien, mais il a jugéque ses serviteurs seraient meilleurs s’ils le servaient librement. Quelle grandeur il y a dans l’amour et la miséricorde de notre Père ! Face à la réalité de ses foliesdivines pour ses enfants, j’aimerais avoir mille bouches, mille cœurs, et plus encore, afin de vivre dans une continuelle louange de Dieu le Père, de Dieu le Fils, de Dieu le Saint Esprit. Songez que le Tout Puissant, Celui qui, par sa Providence, gouverne l’Univers, ne veut pas de serviteurs contraints et forcés, mais qu’il préfère avoir des enfants libres. Bien que nous naissions proni ad peccatum, enclins au péché par la chute du premier couple, il a mis dans l’âme de chacun de nous une étincelle de son intelligence infinie, l’attrait du bien, une soif de paix sans fin. Et il nous amène à comprendre que nous atteignons la vérité, la félicité et la liberté lorsque nous nous efforçons de faire germer en nous cette semence de vie éternelle.

Répondre non à Dieu, repousser ce principe de félicité nouvelle et éternelle, voilà qui relève du pouvoir de la créature. Mais si elle agit ainsi, elle cesse d’être fille pour devenir esclave. Toute créature est telle qu’il convient à sa nature ; c’est pourquoi, lorsque l’une d’elles recherche quelque chose d’étranger, elle n’agit pas selon sa propre manière d’être, mais sous une impulsion étrangère ; et cela est servile. L’homme est rationnel par nature. Lorsqu’il se comporte selon la raison, il procède de son propre mouvement, conformément à ce qu’il est : et cela est le propre de la liberté. Lorsqu’il pèche, il agit hors de la raison ; il se laisse alors conduire par un autre : il est sujet, retenu en des confins étrangers : c’est pourquoi, celui qui accepte le péché est l’esclave du péché (Jn 8, 34).

Permettez moi d’insister sur ce point. Il est évident, et nous pouvons le constater fréquemment autour de nous et en nous mêmes, qu’aucun homme n’échappe à une certaine servitude. Les uns se prosternent devant l’argent ; d’autres adorent le pouvoir ; d’autres la relative tranquillité du scepticisme ; d’autres découvrent leur veau d’or dans la sensualité. Il en va de même des choses nobles. Nous pouvons nous adonner à une tâche, à une entreprise de dimensions plus ou moins grandes, à l’accomplissement d’un travail scientifique, artistique, littéraire, spirituel. S’il y met de l’acharnement, s’il est pris d’une véritable passion, celui qui s’y adonne vit en esclave, et il se consacre avec joie au service de la finalité de son labeur.

Esclavage pour esclavage, si, de toute façon, nous devons servir, puisque la condition humaine, que nous l’admettions ou non, consiste en cela, il n’est rien de meilleur que de se savoir esclaves de Dieu par Amour. Car nous perdons alors la condition d’esclaves ; nous devenons des amis, des fils. C’est en cela qu’apparaît la différence : nous faisons face aux honnêtes occupations du monde avec la même passion, le même enthousiasme que les autres, mais avec la paix au fond de l’âme ; avec joie et sérénité, y compris dans les contradictions, car nous ne mettons pas notre confiance dans ce qui passe, mais dans ce qui reste pour toujours. Nous ne sommes pas les enfants d’une servante mais de la femme libre.

D’où nous vient cette liberté ? Du Christ notre Seigneur. C’est la liberté par laquelle il nous a rachetés. C’est pourquoi il enseigne que sidonc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. Nous, les chrétiens, nous n’avons pas à emprunter à qui que ce soit le vrai sens de ce don, car seule la liberté chrétienne sauve l’homme.

J’aime parler de l’aventure de la liberté, car c’est ainsi que s’écoule votre vie et la mienne. Librement — comme des enfants et, pardonnez-moi si j’insiste, non comme des esclaves — nous suivons le sentier que le Seigneur a tracé pour chacun de nous. Nous savourons cette facilité de mouvement comme un don de Dieu.

Librement, sans aucune contrainte, parce que j’en ai envie, je me décide pour Dieu. Et je m’engage à servir, à transformer mon existence en un don aux autres, par amour de mon Seigneur Jésus. Cette liberté me pousse à proclamer que rien sur la terre ne me séparera de la charité du Christ.

Responsables devant Dieu

Références à la Sainte Écriture
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