Liste des points

3 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Humilité → orgueil.

Qu’est-ce qui empêche cette humilité, cette bonne divinisation ? L’orgueil. Voilà le péché capital qui conduit à la mauvaise divinisation. L’orgueil nous pousse à suivre, peut-être sur des points très insignifiants, ce que Satan a insinué à nos premiers parents : Vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux qui connaissent le bien et le mal. Nous lisons également dans l’Écriture que le principe de l’orgueil, c’est d’abandonner le Seigneur. Parce que ce vice, une fois enraciné, influe sur toute l’existence de l’homme, jusqu’à se transformer en ce que saint Jean appelle la superbia vitæ, l’orgueil de la vie.

Orgueil ? De quoi ? L’Écriture Sainte a des accents à la fois tragiques et comiques pour stigmatiser l’orgueil : De quoi t’enorgueillis-tu, poussière et cendre ? Pendant ta vie déjà, tu vomis tes entrailles. Une maladie légère : le médecin sourit. L’homme qui est aujourd’hui roi, demain sera mort.

Quand l’orgueil s’empare d’une âme, il ne faut pas s’étonner si tous les vices arrivent à sa suite comme à la queue leu leu : l’avarice, les intempérances, l’envie, l’injustice. L’orgueilleux essaye en vain de ravir son trône à Dieu, lui qui est miséricordieux envers toutes les créatures, pour s’y installer, et il se comporte de façon cruelle. Demandons au Seigneur de ne pas nous laisser succomber à cette tentation. L’orgueil est le pire des péchés et le plus ridicule. S’il parvient à nous tourmenter avec ses hallucinations multiples, nous nous revêtons d’apparences, nous nous remplissons de vide, nous plastronnons comme la grenouille de la fable qui, présomptueuse, se gonflait le jabot jusqu’à en éclater. L’orgueil est désagréable, même d’un simple point de vue humain : celui qui se considère supérieur à tout et à tous, se contemple continuellement lui-même et méprise les autres, qui lui répondent en se moquant de sa vaine fatuité.

Quand nous entendons parler d’orgueil, nous imaginons peut-être une attitude despotique, asservissante : de grands bruits de voix qui acclament le triomphateur qui passe, tel un empereur romain, sous de hauts arcs, faisant mine de baisser la tête de crainte que son front glorieux ne heurte le marbre blanc.

Soyons réalistes : cet orgueil-là est le fruit d’une imagination débridée. Les formes contre lesquelles nous avons à lutter sont plus subtiles, mais plus fréquentes : c’est l’orgueil de préférer nos mérites personnels à ceux du prochain ; c’est la vanité dans nos conversations, dans nos pensées et dans nos gestes ; c’est une susceptibilité presque maladive, qui se sent atteinte par des mots et des actions qui ne comportent aucune offense.

Tout cela peut bien être — est, en réalité — une tentation courante. L’homme se prend lui-même pour le soleil et le centre de tous ceux qui l’environnent. Tout doit tourner autour de lui. Et il n’est pas rare que, dans son désir maladif, il en arrive même à simuler la douleur, la tristesse et la maladie pour que les autres prennent soin de lui et le cajolent.

C’est l’imagination qui fabrique la plupart des conflits qui se présentent dans la vie intérieure de bien des gens : ils ont dit, ils vont penser, ils font attention à moi… Et cette pauvre âme souffre à cause de sa triste fatuité, de soupçons non fondés. Dans cette aventure malheureuse son amertume est continuelle et volontiers conta­gieuse : parce qu’elle ne sait pas être humble, parce qu’elle n’a pas appris à s’oublier elle-même pour se donner généreusement au service d’autrui par amour de Dieu.

Un âne pour trône