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4 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Service → service et liberté.

Rappelez-vous la parabole des talents. Le serviteur qui n’en avait reçu qu’un aurait pu en faire un bon usage, comme ses compagnons, faire en sorte qu’il produise, en tirant parti de ses capacités. Or, que décide-t-il ? Il craint de perdre le talent. Fort bien. Mais ensuite ? Il l’enterre ! Et ce trésor ne produit pas de fruit.

N’oublions jamais ce cas de peur maladive de se servir honorablement de sa capacité de travail, de son intelli­gence, de sa volonté, de l’homme tout entier. Je l’enterre, semble affirmer ce malheureux, mais ma liberté est sauve ! Non. Sa liberté a penché pour quelque chose de très concret, pour la sécheresse la plus pauvre et la plus aride. Elle a pris parti, car elle ne pouvait faire autrement que de choisir ; mais elle a mal choisi.

Il n’y a rien de plus faux que d’opposer la liberté au don de soi, car le don de soi est une conséquence de la liberté. Considérez que lorsqu’une mère se sacrifie pour ses enfants, elle a choisi ; et c’est à la mesure de cet amour que se manifestera sa liberté. Plus cet amour est grand, plus la liberté sera féconde ; et le bonheur de ses enfants provient de cette liberté bénie (qui implique le don de soi), il procède de ce don de soi béni qui est justement la liberté.

Mais, me demanderez-vous, lorsque nous aurons atteint ce que nous aimons de toute notre âme, nous ne continuerons plus à chercher. La liberté aura-t-elle disparu ? Je vous assure qu’elle sera alors plus opérante que jamais, car l’amour ne se contente pas d’un accomplissement routinier, et n’est guère compatible non plus avec la lassitude ou avec l’apathie. Aimer, c’est recommencer chaque jour à servir, avec des oeuvres d’amour.

J’insiste, et je voudrais l’imprimer en lettres de feu en chacun de vous, pour dire que la liberté et le don de soi ne se contredisent pas, mais qu’ils se soutiennent mutuellement. On ne donne sa liberté que par amour ; je ne conçois pas d’autre type de détachement. Ce n’est pas là un jeu de mots plus ou moins réussi. Quand on se donne volontairement, la liberté renouvelle l’amour à chaque instant. Or se renouveler, c’est être continuellement jeune, généreux, capable de grands idéaux et de grands sacrifices. Quelle n’a pas été ma joie, quand j’ai appris qu’en portugais on appelle les jeunes os novos. C’est bien ce qu’ils sont, en effet. Je vous rapporte cette anecdote parce que j’ai un bon nombre d’années derrière moi. Pourtant lorsque je prie, au pied de l’autel, le Dieu qui réjouit ma jeunesse, je me sens très jeune et je sais que je ne me considérerai jamais vieux. Si je demeure fidèle à mon Dieu, l’Amour me vivifiera continuellement : ma jeunesse se renouvellera comme celle de l’aigle.

Nous nous lions par amour de la liberté. Seul l’orgueil donne à ces liens le poids d’une chaîne. La vraie humilité que nous enseigne Celui qui est doux et humble de cœur nous montre que son joug est doux et son fardeau léger : le joug c’est la liberté, le joug c’est l’amour, le joug c’est l’unité, le joug c’est la vie qu’il nous a gagnée sur la Croix.

La liberté des consciences

Répondre non à Dieu, repousser ce principe de félicité nouvelle et éternelle, voilà qui relève du pouvoir de la créature. Mais si elle agit ainsi, elle cesse d’être fille pour devenir esclave. Toute créature est telle qu’il convient à sa nature ; c’est pourquoi, lorsque l’une d’elles recherche quelque chose d’étranger, elle n’agit pas selon sa propre manière d’être, mais sous une impulsion étrangère ; et cela est servile. L’homme est rationnel par nature. Lorsqu’il se comporte selon la raison, il procède de son propre mouvement, conformément à ce qu’il est : et cela est le propre de la liberté. Lorsqu’il pèche, il agit hors de la raison ; il se laisse alors conduire par un autre : il est sujet, retenu en des confins étrangers : c’est pourquoi, celui qui accepte le péché est l’esclave du péché (Jn 8, 34).

Permettez moi d’insister sur ce point. Il est évident, et nous pouvons le constater fréquemment autour de nous et en nous mêmes, qu’aucun homme n’échappe à une certaine servitude. Les uns se prosternent devant l’argent ; d’autres adorent le pouvoir ; d’autres la relative tranquillité du scepticisme ; d’autres découvrent leur veau d’or dans la sensualité. Il en va de même des choses nobles. Nous pouvons nous adonner à une tâche, à une entreprise de dimensions plus ou moins grandes, à l’accomplissement d’un travail scientifique, artistique, littéraire, spirituel. S’il y met de l’acharnement, s’il est pris d’une véritable passion, celui qui s’y adonne vit en esclave, et il se consacre avec joie au service de la finalité de son labeur.

Esclavage pour esclavage, si, de toute façon, nous devons servir, puisque la condition humaine, que nous l’admettions ou non, consiste en cela, il n’est rien de meilleur que de se savoir esclaves de Dieu par Amour. Car nous perdons alors la condition d’esclaves ; nous devenons des amis, des fils. C’est en cela qu’apparaît la différence : nous faisons face aux honnêtes occupations du monde avec la même passion, le même enthousiasme que les autres, mais avec la paix au fond de l’âme ; avec joie et sérénité, y compris dans les contradictions, car nous ne mettons pas notre confiance dans ce qui passe, mais dans ce qui reste pour toujours. Nous ne sommes pas les enfants d’une servante mais de la femme libre.

D’où nous vient cette liberté ? Du Christ notre Seigneur. C’est la liberté par laquelle il nous a rachetés. C’est pourquoi il enseigne que sidonc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. Nous, les chrétiens, nous n’avons pas à emprunter à qui que ce soit le vrai sens de ce don, car seule la liberté chrétienne sauve l’homme.

J’aime parler de l’aventure de la liberté, car c’est ainsi que s’écoule votre vie et la mienne. Librement — comme des enfants et, pardonnez-moi si j’insiste, non comme des esclaves — nous suivons le sentier que le Seigneur a tracé pour chacun de nous. Nous savourons cette facilité de mouvement comme un don de Dieu.

Librement, sans aucune contrainte, parce que j’en ai envie, je me décide pour Dieu. Et je m’engage à servir, à transformer mon existence en un don aux autres, par amour de mon Seigneur Jésus. Cette liberté me pousse à proclamer que rien sur la terre ne me séparera de la charité du Christ.

Responsables devant Dieu

Références à la Sainte Écriture
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