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4 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Orgueil → nécessité de Dieu.

La piété, qui naît de la filiation divine, est une démarche profonde de l’âme, qui finit par transformer l’existence tout entière ; elle imprègne toutes les pensées, tous les désirs, tous les élans du cœur. N’avez-vous pas remarqué comment, dans les familles, les enfants, sans même s’en rendre compte, imitent leurs parents ; ils refont leurs gestes, prennent leurs habitudes, s’identifient avec eux en beaucoup de leurs attitudes.

Il en va de même dans la conduite d’un bon fils de Dieu. L’on parvient ainsi, sans trop savoir comment, ni par quelle voie, à cette divinisation merveilleuse qui nous aide à envisager les événements avec le relief surnaturel que procure la foi ; on se met à aimer tous les hommes comme notre Père du Ciel les aime lui-même et, ce qui est plus déterminant, on en tire un nouvel élan dans l’effort quotidien pour s’approcher du Seigneur. J’insiste : nos misères n’ont plus d’importance, car les bras aimants de Notre Père sont là pour nous relever.

Notez la différence qu’il y a entre la chute d’un enfant et celle d’un adulte. Pour les enfants une chute n’a guère d’importance : ils trébuchent si souvent ! Et s’ils laissent couler de chaudes larmes, leur père leur explique : les hommes ne pleurent pas. Et l’incident est clos par l’effort que le gamin met à contenter son père.

Voyez, en revanche, ce qui se passe lorsqu’un adulte perd l’équilibre et se retrouve par terre. On serait pris d’un fou rire si la compassion ne nous retenait pas. Sans compter que la chute peut avoir des conséquences graves ; elle peut même provoquer une fracture irréparable chez un vieillard. Dans la vie intérieure nous avons intérêt à être tous quasi modo geniti infantes, tels des bambins, que l’on croirait de caoutchouc ; ils s’amusent, même quand ils trébuchent, car ils se relèvent aussitôt pour reprendre leurs pirouettes. Ils savent aussi qu’en cas de besoin leurs parents les consoleront.

Si nous essayons de nous comporter comme eux, nos faux-pas et nos échecs dans la vie intérieure, d’ailleurs inévitables, ne nous rendront jamais amers. Nous en serons peinés, certes, mais non découragés ; un sourire naîtra sur nos lèvres, comme l’eau pure de la source, quand nous nous souviendrons que nous sommes les enfants de cet Amour, de cette grandeur, de cette sagesse infinie, de cette miséricorde qu’est notre Père. J’ai appris, tout au long d’une vie au service du Seigneur, à devenir un tout petit enfant de Dieu. Et c’est ce que je vous demande. Soyez quasi modo geniti infantes, comme des enfants qui réclament la parole de Dieu, le pain de Dieu, l’aliment de Dieu, la force de Dieu, pour nous conduire dorénavant comme des chrétiens dignes de ce nom.

Mes souvenirs de jeunesse me reviennent de nouveau en mémoire. Quelle preuve de foi chez ces hommes ! Il me semble que j’entends encore leurs chants liturgiques, que je respire toujours le parfum de l’encens, je vois des milliers et des milliers d’hommes, chacun portant son grand cierge, symbole de sa misère, mais avec un cœur d’enfant, d’enfant qui n’arrive peut-être pas à lever la tête pour regarder son père droit dans les yeux. Comprends et vois comme il est mauvais et amer d’abandonner Yahvé ton Dieu. Renouvelons notre ferme décision de ne jamais nous écarter du Seigneur à cause des soucis de ce monde. Faisons croître notre soif de Dieu, grâce à des résolutions concrètes pour notre conduite, tels des enfants qui reconnaissent leur propre indigence et qui cherchent, qui réclament sans cesse leur Père.

Mais je reviens à ce que je vous disais : il faut apprendre à être comme des tout-petits, il faut apprendre à être enfants de Dieu. Et, au passage, il faut transmettre à tous cet esprit qui, au milieu des faiblesses naturelles, nous rendra « fermes dans la foi », féconds dans nos œuvres et assurés sur notre chemin. Alors, quelle que soit la nature de la faute que nous pourrons commettre, aussi triste soit-elle, nous n’hésiterons jamais à réagir, à revenir sur la grand’route de la filiation divine qui aboutit dans les bras grands ouverts de Dieu notre Père qui nous attend.

Qui pourrait oublier les bras de son père ? Ils n’étaient peut-être pas aussi tendres, aussi doux, aussi délicats que ceux de sa mère. Mais ces bras robustes et forts nous serraient chaleureusement et nous mettaient en sécurité. Merci Seigneur pour ces bras solides. Merci pour ces mains vigoureuses. Merci pour ce cœur débordant de tendresse et de fermeté. J’allais même te remercier pour mes erreurs. Mais non, tu n’en veux pas ! Mais tu les comprends, les excuses, les pardonnes.

Voilà donc la sagesse à laquelle Dieu s’attend dans nos rapports avec lui. C’est là un raisonnement tout ce qu’il y a de plus mathématique : reconnaître que nous ne sommes que quantité négligeable… Pourtant Dieu notre Père nous aime, chacun d’entre nous, tels que nous sommes ! Si moi, qui ne suis qu’un pauvre homme, je vous aime chacun de vous tel que vous êtes, imaginez donc ce que doit être l’Amour de Dieu, pourvu que nous luttions, pourvu que nous nous efforcions de régler notre vie selon notre conscience bien formée.

Plan de vie

Parfois, alors que tout va à l’inverse de ce que nous imaginions, nous nous prenons à dire spontanément : Seigneur, vois comment tout s’écroule pour moi, tout, tout… ! C’est alors le moment de rectifier : avec toi, j’irai de l’avant avec assurance, car tu es la force même : Quia tu es, Deus, fortitudo mea.

Je t’ai exhorté à essayer, au milieu de tes occupations, d’élever ton regard vers le Ciel avec persévérance. Car l’espérance nous pousse à saisir la main puissante que Dieu nous tend à tout moment, pour que nous ne perdions pas la perspective surnaturelle, même lorsque nos passions se dressent et nous harcèlent pour nous verrouiller dans le réduit mesquin de notre moi ; ou quand, avec une vanité puérile, nous nous plaçons au centre de l’univers. Je vis persuadé que je ne parviendrai à rien sans regarder vers le haut, sans Jésus. Je sais que la force dont j’ai besoin pour me vaincre et pour vaincre naît de la répétition de ce cri : Je peux tout en Celui qui me rend fort. Ce cri en appelle à la promesse ferme de Dieu de ne point abandonner ses enfants, si ses enfants ne l’abandonnent pas.

La misère et le pardon

N’allons pas croire que, sur ce chemin de la contemplation, les passions se tairont à tout jamais. Nous nous tromperions si nous pensions que la quête ardente du Christ, le fait de le rencontrer, de le fréquenter, d’éprouver la douceur de son amour nous transformaient en personnes impeccables. Vous en avez l’expérience, mais permettez-moi cependant de vous le rappeler : l’ennemi de Dieu et de l’homme, satan, ne s’avoue pas vaincu, ne se repose pas. Il nous assaille, même quand notre âme brûle d’amour de Dieu. Il sait que la chute est alors plus difficile, mais que, s’il obtient que la créature offense son Seigneur, ne serait-ce qu’en peu de chose, il pourra alors lancer contre cette conscience la terrible tentation du désespoir.

Si vous voulez apprendre de l’expérience d’un pauvre prêtre qui ne veut parler que de Dieu, je vous conseillerai, lorsque la chair voudra recouvrer ses privilèges perdus ou que l’orgueil — ce qui est pire — se rebellera et se cabrera, d’aller vite vous réfugier dans ces fissures divines qu’ont ouvertes dans le Corps du Christ les clous qui l’ont fixé à la Croix et la lance qui a transpercé sa poitrine. Allez-y de la façon qui vous émeut le plus, et déversez dans les plaies du Seigneur tout votre amour humain… et votre amour divin. Voilà ce que signifie désirer l’union, se sentir frère du Christ, du même sang que lui, fils de la même Mère, parce que c’est elle qui nous a conduits jusqu’à Jésus.

La Sainte Croix

Références à la Sainte Écriture
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