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4 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Travail → vocation professionnelle .

Si la seule présence d’une personne d’un rang élevé et digne d’estime suffit pour que ceux qui sont avec elle améliorent leur conduite, comment se fait-il que la présence de Dieu, qui est constante, répandue partout, connue de nos facultés et aimée avec reconnaissance, ne nous rende pas toujours meilleurs dans toutes nos paroles, dans toutes nos actions et dans tous nos sentiments ? Si cette réalité d’un Dieu qui nous voit était bien gravée dans notre conscience, et si nous nous rendions compte que tout notre travail, absolument tout, car rien n’échappe à son regard, se déroule en sa présence, quel soin n’apporterions-nous pas à terminer notre travail, et comme nos réactions seraient différentes ! Tel est le secret de la sainteté que je prêche depuis tant d’années : Dieu nous a tous appelés à l’imiter ; et il nous a appelés, vous et moi, pour que, vivant au milieu du monde — étant des gens de la rue —, nous sachions placer le Christ notre Seigneur au sommet de toutes les activités honnêtes de l’homme.

Maintenant, vous êtes mieux à même de comprendre que si l’un d’entre vous n’aimait pas le travail, celui qui lui revient !, s’il ne se sentait pas authentiquement engagé, pour la sanctifier, dans une des nobles occupations terrestres, s’il n’avait pas de vocation professionnelle, il ne parviendrait jamais à saisir en profondeur la racine surnaturelle de la doctrine que vous expose le prêtre qui vous parle. Il lui manquerait, en effet, une condition indispensable : celle d’être un travailleur.

Pardonnez-moi cette digression et, bien que nous ne nous soyons pas écartés du sujet, reprenons notre fil conducteur. La vocation professionnelle, soyez-en convaincus, est une partie essentielle, inséparable, de notre condition de chrétiens. Le Seigneur veut que vous soyez saints à la place que vous occupez, dans l’exercice du métier que vous avez choisi, quelle qu’en soit la raison : je les trouve tous bons et nobles — pourvu qu’ils ne s’opposent pas à la loi divine — et aptes à être élevés au plan surnaturel, c’est-à-dire à être greffés sur le courant d’Amour qui définit la vie d’un enfant de Dieu.

Je ne peux éviter d’éprouver un certain malaise lorsque quelqu’un, me parlant de son travail, se donne des airs de victime, affirme que cela lui prend je ne sais combien d’heures par jour, alors qu’en réalité il ne fait même pas la moitié de ce que font beaucoup de ses collègues qui, en fin de compte, ne sont peut-être mus que par des critères égoïstes ou, tout au plus, purement humains. Nous tous, ici présents, occupés à dialoguer personnellement avec Jésus, nous remplissons une tâche bien précise : médecin, avocat, économiste… Pensez un peu à vos collègues qui se distinguent par leur prestige professionnel, par leur honnêteté, par leur service dévoué. Ne consacrent-ils pas à ce travail de nombreuses heures de la journée, et même de la nuit ? N’avons-nous rien à apprendre d’eux ?

Tout en parlant j’examine aussi ma conduite, et je vous avoue que, lorsque je me pose cette question, je ressens de la honte et le désir immédiat de demander pardon à Dieu, en pensant à ma réponse, si faible, si éloignée de la mission que Dieu nous a confiée dans le monde. Le Christ, écrit un Père de l’Église, nous a laissés en ce monde pour que nous soyons comme des lampes ; pour que nous devenions les maîtres des autres hommes ; pour que nous agissions comme un levain ; pour que nous vivions comme des anges parmi les hommes, comme des adultes parmi les enfants, comme des êtres spirituels au milieu de personnes purement rationnelles ; pour que nous soyons une semence ; pour que nous portions du fruit. Si notre vie avait un tel éclat, nous n’aurions pas besoin d’ouvrir la bouche. Les mots seraient de trop, si nous pouvions montrer nos œuvres. Il n’y aurait pas un seul païen, si nous étions vraiment chrétiens.

Valeur exemplaire de la vie professionnelle

Nous devons éviter l’erreur de croire que l’apostolat se réduit au témoignage de quelques pratiques pieuses. Nous sommes, toi et moi, des chrétiens, mais en même temps et sans solution de continuité, nous sommes des citoyens et des travailleurs aux obligations bien précises, que nous devons accomplir d’une façon exemplaire, si nous voulons nous sanctifier pour de bon. C’est Jésus-Christ qui nous presse : Vous êtes la lumière du monde. Une ville ne peut se cacher, qui est sise au sommet d’un mont. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire, où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Ainsi votre lumière doit-elle briller aux yeux des hommes pour que, voyant vos bonnes œuvres, ils en rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux.

Le travail professionnel, quel qu’il soit, devient une lampe qui éclaire vos collègues et vos amis. C’est pourquoi j’ai l’habitude de répéter à ceux qui s’incorporent à l’Opus Dei, et mon affirmation s’adresse aussi à vous tous qui m’écoutez : que m’importe que l’on me dise d’un tel qu’il est un bon fils, un bon chrétien, s’il est un piètre cordonnier ! S’il ne s’efforce pas de bien apprendre son métier, et de l’exercer avec soin, il ne pourra ni le sanctifier, ni l’offrir au Seigneur. Et la sanctification du travail de tous les jours est, pour ainsi dire, la charnière de la véritable spiritualité pour nous tous qui, plongés dans les réalités temporelles, sommes décidés à fréquenter Dieu.

Luttez contre la compréhension excessive que chacun a pour soi ; soyez exigeants envers vous-mêmes ! Parfois, nous pensons trop à notre santé, au repos qui ne saurait manquer, dans la mesure précisément où il nous permet de reprendre notre travail avec des forces renouvelées. Mais le repos, je l’ai écrit il y a déjà si longtemps, ne consiste pas à ne rien faire : c’est se distraire dans des activités qui exigent moins d’efforts.

D’autre part, sous de faux prétextes, nous sommes trop nonchalants. Nous perdons de vue la responsabilité bénie qui pèse sur nos épaules. Nous nous limitons tout juste à ce qu’il faut pour nous tirer d’affaire. Nous nous laissons entraîner par des raisons qui n’en sont pas, pour nous tourner les pouces, alors que Satan et ses alliés, eux, ne prennent pas de vacances. Écoutez attentivement, et méditez ce que saint Paul écrivait aux chrétiens, esclaves de métier ; il les pressait d’obéir à leurs maîtres, non en ne les servant que lorsqu’ils vous regardent, comme si vous ne pensiez qu’à plaire aux hommes, mais comme des esclaves du Christ, qui font de toute leur âme la volonté de Dieu. Que votre service empressé s’adresse au Seigneur et non aux hommes. Bon conseil à suivre, par toi et par moi !

Nous allons demander sa lumière à notre Seigneur Jésus-Christ, et le prier de nous aider à découvrir, à chaque instant, ce sens divin qui transforme notre vocation professionnelle, et en fait l’axe sur lequel s’appuie et pivote l’appel à la sainteté qui nous a été adressé. Vous verrez dans l’Évangile que Jésus était connu comme faber, filius Mariæ, l’ouvrier, le fils de Marie. Eh bien, nous aussi, avec une sainte fierté, nous devons démontrer dans les faits que nous sommes des travailleurs, des hommes et des femmes qui peinent !

Puisque nous devons nous comporter à tout moment comme des envoyés de Dieu, nous devons avoir très présent à l’esprit que nous ne le servirons pas loyalement si nous désertons notre tâche ; si nous ne partageons pas avec les autres l’opiniâtreté et l’abnégation dans l’accomplissement de nos engagements professionnels ; si l’on pouvait dire que nous sommes fainéants, insouciants, frivoles, désordonnés, paresseux, inutiles… En effet, celui qui néglige ces obligations, apparemment moins importantes, peut difficilement vaincre dans celles de la vie intérieure, assurément plus coûteuses. Qui est fidèle pour très peu de chose est fidèle aussi pour beaucoup, et qui est malhonnête pour très peu est malhonnête aussi pour beaucoup.

Références à la Sainte Écriture