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4 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Véracité → prudence.

Ce n’est pas celui qui ne se trompe jamais qui est prudent, mais bien celui qui sait rectifier ses erreurs. Il est prudent parce qu’il préfère ne pas réussir vingt fois, plutôt que de se réfugier dans un abstentionnisme commode. Il n’agit pas avec une folle précipitation ou avec une témérité absurde, mais il assume le risque de ses décisions, et ne renonce pas à obtenir le bien par crainte de ne pas réussir. Nous rencontrerons dans notre vie des collègues pondérés, objectifs, n’inclinant pas, par passion, la balance du côté qui leur convient. Nous nous fions, presque instinctivement, à ces personnes ; parce que sans présomption ni démonstrations bruyantes, elles agissent toujours bien, avec droiture.

Cette vertu cardinale est indispensable au chrétien ; mais la concorde sociale ou la volonté de ne pas créer de problèmes ne sont pas les fins dernières de la prudence. La raison fondamentale est l’accomplissement de la Volonté de Dieu, qui veut que nous soyons simples, mais non puérils ; amis de la vérité, mais jamais étourdis ou légers. Cœur raisonnable acquiert la science ; et cette science, c’est la science de l’amour de Dieu, le savoir définitif, celui qui peut nous sauver en apportant à toutes les créatures des fruits de paix et de compréhension et, à chaque âme, la vie éternelle.

Un chemin ordinaire

La scène de l’Évangile se poursuit : Alors ils lui envoient leurs disciples — du parti des pharisiens — accompagnés des hérodiens pour lui dire : « Maître. » Voyez avec quelle perversité ils l’appellent Maître ; ils simulent l’admiration et l’amitié ; ils lui accordent le traitement réservé à l’autorité dont on attend un enseignement. Magister, scimus quia verax es, nous savons que tu es franc… Y a-t-il ruse plus infâme ? Avez-vous déjà rencontré plus grande duplicité ? Parcourez donc ce monde avec précaution. Ne soyez point rusés ni méfiants. Mais vous souvenant de l’image du Bon Pasteur que l’on voit dans les catacombes, vous devez sentir sur vos épaules le poids de cette brebis, qui n’est pas une âme isolée, mais l’Église tout entière, l’humanité tout entière.

En acceptant de bon cœur cette responsabilité, vous serez audacieux et prudents pour défendre et proclamer les droits de Dieu. Alors l’intégrité de votre comportement en amènera beaucoup à vous considérer et à vous appeler maître, sans que vous prétendiez à ce titre (la gloire terrestre n’est pas notre but). Ne vous étonnez pas pourtant si, parmi ceux qui s’approchent de vous, certains se glissent, qui ne pensent qu’à vous aduler. Imprimez dans votre cœur ce que vous m’avez maintes fois entendu répéter : ni les calomnies, ni les médisances, ni le respect humain, ni le qu’en dira-t-on, et bien moins encore les flatteries hypocrites, ne doivent jamais nous empêcher d’accomplir notre devoir.

Qu’aucune raison hypocrite ne vous arrête : ayez recours au remède sans atténuation. Mais agissez d’une main maternelle, avec la délicatesse infinie que notre mère mettait à soigner les grandes ou petites blessures de nos jeux et de nos chutes enfantines. S’il faut attendre quelques heures, on attend ; mais jamais plus longtemps que cela n’est indispensable ; toute autre attitude supposerait de la commodité, de la lâcheté, toutes choses bien opposées à la prudence. Bannissez tous la crainte de désinfecter la plaie, et surtout vous qui avez la charge de former les autres.

Il se peut que, par ruse, quelqu’un insinue à l’oreille de ceux qui doivent soigner, et qui ne se décident pas à affronter leur mission ou ne veulent pas le faire : Maître, nous savons que tu es franc… Ne tolérez pas cet éloge ironique ; ceux qui ne s’efforcent pas de mener à bien leur tâche avec diligence, ne sont pas des maîtres, car ils n’enseignent pas le véritable chemin ; ils ne sont pas davantage véridiques car, par leur fausse prudence, ils surestiment ou méprisent des normes claires, abondamment éprouvés par une conduite droite, autant que par l’âge, la science du gouvernement, la connaissance de la faiblesse humaine et l’amour porté à chaque brebis, autant de raisons qui incitent à parler, à intervenir, à manifester son intérêt pour les autres.

Les faux maîtres sont dominés par la peur d’aller jusqu’au bout de la vérité ; ils se troublent à la seule idée — obligation — de devoir recourir, en certaines circonstances, à un antidote douloureux. Une telle attitude, soyez-en convaincus, ne comporte ni prudence, ni piété, ni sagesse ; elle trahit au contraire la pusillanimité, l’absence de responsabilité, la folie, la sottise. Elle est le fait de ceux-là qui, par la suite, pris de panique à la vue du désastre, prétendent juguler le mal quand il est déjà trop tard. Ils oublient que la vertu de prudence exige de prendre et de transmettre à temps le conseil spirituel de la maturité, de la vielle expérience, de la vue claire, de la langue bien déliée.

Poursuivons le récit de saint Matthieu : Nous savons que tu es franc et que tu enseignes la voie de Dieu avec franchise. Pareil cynisme m’étonne toujours. Ils viennent dans l’intention de déformer les paroles de Jésus notre Seigneur et de le prendre en défaut et, au lieu d’exposer simplement ce qu’ils considéraient comme un problème insoluble, ils tentent d’étourdir le Maître par des louanges qui ne devraient provenir que de lèvres amies et de cœurs droits. Je m’arrête à dessein à ces nuances, pour que nous apprenions à être non pas méfiants, mais prudents ; pour que nous refusions la ruse de la simulation, quand bien même elle apparaîtrait revêtue de phrases ou de gestes qui correspondent à la réalité, comme dans le passage que nous méditons : tu ne regardes pas au rang des personnes, lui disent-ils : tu es venu pour tous les hommes ; rien ne peut t’empêcher de proclamer la vérité ni d’enseigner le bien.

Je vous le répète : prudence oui, méfiance non. Accordez à tous la confiance la plus absolue, soyez très nobles. Pour ma part, la parole d’un chrétien, d’un homme loyal — parce que j’ai une confiance totale en lui —compte plus que la signature authentique de cent notaires unanimes, même si le fait de suivre cette norme de conduite a pu avoir pour conséquence que l’on m’a trompé parfois. Je préfère courir le risque qu’un indélicat abuse de cette confiance, plutôt que d’ôter à quelqu’un le crédit qu’il mérite comme personne et comme enfant de Dieu. Je vous assure que je n’ai jamais été déçu par les résultats en agissant de cette façon.

Agir avec droiture

Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture
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