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8 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Vocation chrétienne  → suivre le Christ.

Comme Notre Seigneur, moi aussi j’aime beaucoup parler de barques et de filets de pêche pour que nous retirions tous, de ces scènes évangéliques, des résolutions fermes et déterminées. Saint Luc nous raconte que des pêcheurs lavaient et raccommodaient leurs filets sur les rives du lac de Génésareth. Jésus s’approche de ces barques amarrées au rivage et monte dans l’une d’elles, celle de Simon. Avec quel naturel le Maître s’introduit dans notre barque à nous ! Pour nous compliquer la vie, ainsi que certains le répètent en se plaignant. Le Seigneur nous a croisés, vous et moi, sur notre chemin, pour nous compliquer la vie, délicatement, tendrement.

Après avoir prêché dans la barque de Pierre, il s’adresse aux pêcheurs : duc in altum, et laxate retia vestra in capturam ! avancez en eau profonde, et lâchez vos filets ! Pleins de confiance dans la parole du Christ, ils obéissent et ils obtiennent cette pêche prodigieuse ! Et regardant Pierre qui, tout comme Jacques et Jean, n’en revenait pas, le Seigneur lui explique : Rassure-toi, désormais ce sont des hommes que tu prendras. Alors, ramenant leurs barques à terre et laissant tout, ils le suivirent.

Ta barque — tes talents, tes aspirations, tes réussites — ne vaut rien, à moins que tu ne la mettes à la disposition de Jésus-Christ, que tu ne lui permettes d’y entrer librement, que tu ne fasses pas d’elle une idole. Toi seul, avec ta barque, si tu te passes du Maître, tu iras droit au naufrage, d’un point de vue surnaturel. Tu ne seras à l’abri des tempêtes et des revers de la vie que si tu admets, si tu recherches la présence et la providence du Seigneur. Remets tout entre les mains de Dieu : fais que tes pensées, les heureuses aventures dont tu rêves, tes ambitions humaines nobles, tes amours passent par le cœur du Christ. Autrement, tôt ou tard, toutes ces choses couleront à pic à cause de ton égoïsme.

Si tu consens à ce que Dieu soit le Maître de ton navire, qu’il le commande, quelle assurance !…, même quand il semble absent, endormi, indifférent, et que se lève une tempête au milieu des ténèbres les plus profondes. Saint Marc rapporte que les apôtres se trouvaient dans des circonstances semblables et, que Jésus, les voyant s’épuiser à ramer, car le vent leur était contraire, vers la quatrième veille de la nuit vint vers eux en marchant sur la mer… Rassurez-vous, c’est moi, n’ayez pas peur. Puis il monta auprès d’eux dans la barque et le vent tomba.

Mes enfants, il se passe tant de choses sur la terre… ! Je pourrais vous parler de peines, de souffrances, de mauvais traitements, de martyres — je n’en retire pas un mot , et de l’héroïsme de bien des âmes. À nos yeux, selon notre entendement, nous avons parfois l’impression que Jésus dort, qu’il ne nous entend pas. Mais saint Luc raconte comment le Seigneur se comporte avec les siens : Tandis qu’ils — les disciples — naviguaient, il s’endormit. Une bourrasque s’abattit alors sur le lac ; ils faisaient eau et se trouvaient en danger. S’étant donc approchés, ils le réveillèrent, en disant : Maître, Maître, nous périssons ! Et lui, s’étant réveillé, menaça le vent et le tumulte des flots. Ils s’apaisèrent et le calme se fit. Puis il leur dit : Où est votre foi ?

Si nous nous donnons à lui, il se livre à nous. Il faut avoir une entière confiance dans le Maître ; il faut s’abandonner entre ses mains, sans lésiner ; lui montrer, par nos œuvres, que la barque est bien à lui, que nous voulons qu’il dispose à sa guise de tout ce qui nous appartient.

Je termine, en recourant à l’intercession de Sainte Marie, en prenant la résolution de vivre de foi ; de persévérer, pleins d’espérance ; de rester attachés à Jésus-Christ ; de l’aimer vraiment, vraiment, vraiment ; de parcourir et de savourer notre aventure d’Amour, car nous sommes épris de Dieu ; de laisser le Christ entrer dans notre pauvre barque et prendre possession de notre âme en Maître et Seigneur qu’il est ; de lui montrer sincèrement que nous nous efforcerons de nous maintenir toujours, nuit et jour, en sa présence, parce qu’il nous a appelés à la foi : ecce ego quia vocasti me ! et nous venons à son bercail, attirés par sa voix et par ses sifflements de Bon Pasteur, sûrs que nous ne trouverons le vrai bonheur temporel et éternel qu’à l'abri de son ombre.

Ego sum via, veritas et vita. Je suis le chemin, la vérité et la vie. Par ces mots sans équivoque, le Seigneur nous a montré le vrai sentier qui mène au bonheur éternel. Ego sum via : il est l’unique chemin qui relie le Ciel à la terre. Il le déclare à tous les hommes. Mais il le rappelle spécialement à ceux qui, comme toi et moi, lui ont dit qu’ils sont décidés à prendre au sérieux leur vocation de chrétiens, afin que Dieu soit toujours présent dans leurs pensées, sur leurs lèvres et dans toutes leurs actions, même les plus ordinaires et les plus courantes.

Jésus est le chemin. Il a laissé sur cette terre les traces nettes de ses pas, signes indélébiles que ni l’usure des ans ni la perfidie de l’ennemi n’ont réussi à effacer. Jesus Christus heri et hodie ; ipse et in sæcula. Comme j’aime à le rappeler ! Jésus-Christ, tel qu’il fut hier pour les apôtres et ceux qui le cherchaient, vit aujourd’hui pour nous, et vivra dans les siècles des siècles. C’est nous les hommes qui, parfois, ne parvenons pas à découvrir son visage, perpétuellement actuel, parce que nous regardons avec des yeux fatigués ou troubles. En commençant ce moment de prière auprès du tabernacle demande-lui, comme l’aveugle de l’Évangile : Domine, ut videam ! Seigneur, fais que je voie ! que mon intelligence s’inonde de lumière et que la parole du Christ pénètre dans mon esprit ; que sa Vie s’enracine dans mon âme, afin de me transformer en vue de la gloire éternelle.

Le chemin du chrétien

Priez avec moi le Seigneur : Doce me facere voluntatem tuam, quia Deus meus es tu, apprends-moi à accomplir ta volonté, parce que tu es mon Dieu. Bref, que jaillisse de nos lèvres le désir sincère de répondre, d’une manière efficace, aux demandes de notre Créateur, en nous efforçant de nous conformer à ses desseins avec une foi inébranlable, sûrs qu’il ne nous abandonnera pas.

Si nous aimons ainsi la Volonté divine, nous comprendrons que la valeur de la foi ne réside pas seulement dans un clair énoncé de celle-ci, mais encore dans notre ardeur à la défendre par des œuvres : et nous agirons en conséquence.

Mais revenons à la scène qui se déroule sous les murs de Jéricho. C’est à toi, maintenant, que le Christ s’adresse. Il te dit : « Que veux-tu de moi ? » « Que je voie, Seigneur, que je voie ! » Alors Jésus : Va, ta foi t’a sauvé. Et aussitôt il recouvra la vue, et il cheminait à sa suite . Le suivre sur le chemin. Tu as compris ce que le Seigneur te proposait, et tu as décidé de l’accompagner sur le chemin. Tu t’efforces de mettre tes pas dans les siens, de revêtir la robe du Christ, d’être le Christ lui-même. En effet ta foi, cette foi en la lumière que le Seigneur te donne, doit être opérante et empreinte de sacrifice. Telle est la foi qu’il attend de nous : nous devons avancer à son rythme, en œuvrant avec générosité, en déracinant et en jetant au loin tout ce qui entrave notre marche.

Foi et humilité

Voici une autre scène émouvante. Elle nous est racontée par saint Matthieu. Or voici qu’une femme, hémorroïsse depuis douze années, s’approcha par derrière et toucha la frange de son manteau. Quelle humilité que la sienne ! Car elle se disait en elle-même : « Si seulement je touche son manteau, je serai sauvée. » Il y aura toujours de ces malades à la foi vive, comme Bartimée, qui n’hésitent pas à implorer, à crier publiquement leur foi. Remarquez cependant comment, sur le chemin du Christ, il n’y a pas deux âmes semblables. La foi de cette femme est grande elle aussi. Et pourtant, elle se tait. Elle s’approche à l’insu de tous. Il lui suffit de toucher, d’effleurer le vêtement du Christ, et elle est sûre qu’elle sera guérie. À peine l’a-t-elle fait que notre Seigneur se retourne, et qu’il la regarde. Il sait déjà ce qui s’est produit dans ce cœur, il a jaugé sa conviction : Confiance, ma fille, ta foi t’a sauvée.

Elle toucha délicatement la frange de son manteau, elle s’approcha avec foi, elle crut et elle sut qu’elle venait d’être guérie… Nous aussi, si nous voulons être sauvés, il nous faut toucher avec foi le vêtement du Christ. Comprends-tu maintenant que notre foi doit être humble ? Qui es-tu, qui suis-je pour mériter cet appel du Christ ? Qui sommes-nous, pour être si près de lui ? Comme à cette pauvre femme dans la multitude, il nous a offert une occasion. Non pas celle d’effleurer, de toucher un instant le bord, la frange de son manteau. C’est lui que nous possédons. Il se donne totalement à nous, avec son Corps, son Sang, son Âme et sa Divinité. Il est notre aliment chaque jour, nous lui parlons intimement, comme on converse avec le Père, comme on dialogue avec l’Amour. Et tout cela est vrai. Ce n’est pas le fruit de l’imagination.

Comment pourrons-nous franchir ces obstacles ? Comment réussir à nous fortifier dans cette résolution qui commence à nous paraître bien lourde ? En nous inspirant du modèle que la très Sainte Vierge, notre Mère, nous donne : une voie très large, qui passe forcément par Jésus.

Pour nous approcher de Dieu, nous devons emprunter la bonne voie : la Très Sainte Humanité du Christ. C’est pourquoi je conseille toujours la lecture de livres qui relatent la Passion du Seigneur. Ces écrits, pleins de piété sincère, rendent présent à notre esprit le Fils de Dieu, Homme comme nous et vrai Dieu, qui aime et qui souffre dans sa chair pour la Rédemption du monde.

Considérez une des dévotions le plus profondément enracinées chez les chrétiens, la récitation du Saint Rosaire. L’Église nous invite à en contempler les mystères : pour qu’avec la joie, la douleur, et la gloire de Sainte Marie, s’imprime dans notre tête et dans notre imagination l’exemple admirable du Seigneur, dans ses trente années d’obscurité, dans ses trois ans de prédication, dans sa Passion ignominieuse et dans sa glorieuse Résurrection.

Suivre le Christ : voilà le secret. L’accompagner de si près que nous vivions avec lui, comme ses douze premiers apôtres ; de si près que nous nous identifiions à lui. Nous ne tarderons pas à affirmer, si nous ne mettons pas d’obstacle à l’action de la grâce, que nous nous sommes revêtus de notre Seigneur Jésus-Christ. Le Seigneur se reflète en notre conduite comme dans un miroir. Si le miroir est tel qu’il doit être, il conservera le visage très aimable de notre Sauveur sans le défigurer, sans le caricaturer : et les autres pourront l’admirer, le suivre.

J’aime parler de chemin, parce que nous sommes des voyageurs, en route vers la maison du Ciel, vers notre Patrie. Mais souvenez-vous qu’un chemin, même s’il comporte des passages plus difficiles, même s’il nous oblige parfois à passer une rivière à gué ou à traverser un petit bois presque impénétrable, est le plus souvent tout ce qu’il y a de plus courant et sans surprises. La routine, voilà le danger : imaginer que Dieu ne se trouve pas là, dans l’activité de chaque instant, parce qu’elle est tellement simple, tellement ordinaire !

Les deux disciples se rendirent à Emmaüs. Leur allure était normale, comme celle de tant d’autres personnes qui passaient dans ces parages. Et c’est là, avec naturel, que Jésus leur apparaît et qu’il marche avec eux, engageant une conversation qui leur fait oublier leur fatigue. J’imagine la scène, la soirée déjà bien avancée. Une douce brise souffle. Autour d’eux, des champs semés de blé déjà levé, et les vieux oliviers aux branches argentées sous la faible lumière.

Jésus sur le chemin. Seigneur, tu es toujours grand ! Mais tu m’émeus quand tu condescends à nous suivre, à nous chercher dans notre va-et-vient quotidien. Seigneur, accorde-nous la simplicité d’esprit ; donne-nous un regard pur, une intelligence claire pour pouvoir te comprendre lorsque tu viens sans aucune marque extérieure de ta gloire.

À leur arrivée au bourg, le trajet s’achève et les deux disciples qui, sans s’en rendre compte, ont été blessés au plus profond de leur cœur par la parole et par l’amour de Dieu fait homme, regrettent qu’il s’en aille. Car Jésus prend congé d’eux en faisant semblant d’aller plus loin. Il ne s’impose jamais, notre Seigneur. Une fois que nous avons entrevu la pureté de l’Amour qu’il a mis dans notre âme, il veut que nous l’appelions librement. Nous devons le retenir de force et le prier : reste avec nous, car le soir tombe et le jour déjà touche à son terme, il commence à faire nuit.

Nous sommes ainsi : toujours peu audacieux, par manque de sincérité peut-être, ou par pudeur. Nous pensons au fond : reste avec nous, parce que les ténèbres entourent notre âme, et toi seul es la lumière, toi seul peux calmer cette soif qui nous consume. Parce que nous n’ignorons pas quelle est la première parmi toutes les choses belles et honnêtes : toujours posséder Dieu.

Et Jésus reste avec nous. Nos yeux s’ouvrent comme ceux de Cléophas et de son compagnon, quand le Christ rompt le pain ; et bien qu’il disparaisse à nouveau de notre vue, nous serons nous aussi capables de nous remettre en route — il commence à faire nuit —, pour parler de lui aux autres, parce qu’autant de joie ne tient pas dans un seul cœur.

Chemin d’Emmaüs. Notre Dieu a rempli ce nom de douceur. Et Emmaüs, c’est le monde entier, parce que le Seigneur a ouvert les chemins divins de la terre.

Avec les saints anges

Références à la Sainte Écriture
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