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3 points de « Quand le Christ passe » sont liés au thème "Présence de Dieu".

C’est dans ce climat de miséricorde de Dieu que se déroule l’existence du chrétien. C’est dans ce cadre que se situent ses efforts pour se comporter en fils du Père. Et quels sont les principaux moyens qui permettent à la vocation de s’affermir ? Je t’en signalerai aujourd’hui deux, qui sont comme les axes vivants de la conduite chrétienne : vie intérieure et formation doctrinale — connaissance profonde de notre foi.

Vie intérieure, tout d’abord : bien peu comprennent encore ce mot. Quand on entend parler de vie intérieure, on pense à l’obscurité du temple, quand ce n’est pas à l’atmosphère raréfiée de certaines sacristies. Depuis plus d’un quart de siècle, je dis que ce n’est pas cela. Je parle de la vie intérieure des chrétiens courants, que l’on rencontre habituellement en pleine rue, à l’air libre, et qui, dans la rue, à leur travail, dans leur famille, dans leurs moments de loisir demeurent, tout au long du jour, attentifs à Jésus-Christ. Qu’est-ce que cela, sinon une continuelle vie de prière ? N’as-tu pas compris qu’il te fallait être une âme de prière, grâce à un dialogue avec Dieu qui finit par t’assimiler à lui ? Voilà la foi chrétienne telle que les âmes de prière l’ont toujours comprise : devient Dieu celui qui veut les mêmes choses que Dieu.

Au début, cela te coûtera : il faut faire un effort pour se tourner vers le Seigneur, pour Le remercier de sa tendresse paternelle de chaque instant, envers nous. Mais, peu à peu, l’amour de Dieu devient sensible bien que ce ne soit pas une question de sentiment comme une empreinte dans notre âme. C’est le Christ qui nous poursuit amoureusement : voici que je suis à ta porte, et que je t’appelle. Comment va ta vie de prière ? N’éprouves-tu pas le besoin, pendant la journée de parler plus calmement avec lui ? Ne lui dis-tu pas : tout à l’heure je Te raconterai, tout à l’heure je parlerai de cela avec Toi ?

Dans les moments que nous consacrons spécialement à ce dialogue avec le Seigneur, notre cœur s’élargit, notre volonté s’affermit, notre intelligence, aidée par la grâce, imprègne de réalités surnaturelles les réalités humaines. Tu en tireras toujours des résolutions claires, pratiques, pour améliorer ta conduite et faire preuve envers tous les hommes d’une délicatesse pleine de charité, et te consacrer à fond, avec la ténacité des bons sportifs, à cette lutte chrétienne faite d’amour et de paix.

La prière devient constante, comme le battement du cœur, ou celui du pouls. Il n’y a pas de vie contemplative sans cette présence de Dieu et, sans vie contemplative, il ne sert pas à grand-chose de travailler pour le Christ, car les efforts de ceux qui construisent sont vains si Dieu ne soutient la maison.

Le sel de la mortification

Le chrétien ordinaire — qui n’est pas un religieux et qui ne se retire pas du monde, parce que le monde est le lieu de sa rencontre avec le Christ — n’a pas besoin pour se sanctifier d’un vêtement particulier ou de signes distinctifs. Ses signes sont intérieurs : présence constante de Dieu et esprit de mortification. En réalité ils ne font qu’un, car la mortification n’est rien d’autre que la prière des sens.

La vocation chrétienne est faite de sacrifice, de pénitence et d’expiation. Nous devons réparer pour nos fautes — combien de fois n’avons nous pas détourné notre visage pour ne pas voir Dieu ? — et pour tous les péchés des hommes. Nous devons suivre de près les traces du Christ : nous portons toujours en nous la mortification, l’abnégation du Christ, son humiliation sur la Croix, pour que, dans nos cœurs aussi, se manifeste la vie de Jésus.

Notre chemin est celui de l’immolation et c’est dans ce renoncement que nous trouverons le gaudium cum pace, la joie et la paix.

Ne jetons pas sur le monde un regard de tristesse. Ces hagiographes qui voulaient, coûte que coûte, découvrir des traits extraordinaires chez les serviteurs de Dieu, et ce dès leurs premiers vagissements, ont rendu, sans le vouloir, un mauvais service à la catéchèse. Et ils racontent que certains d’entre eux, encore nourrissons, ne pleuraient pas, et que, par mortification, ils ne tétaient pas le vendredi… Toi et moi sommes nés en pleurant, comme Dieu l’a établi ; et nous sucions le sein de notre mère sans nous soucier du Carême ni des Quatre-Temps.

Maintenant, avec l’aide de Dieu, nous avons appris à découvrir, tout au long de journées apparemment toujours semblables, un spatium veræ pœnitentiæ, un temps de véritable pénitence, au cours duquel nous prenons des résolutions d’améliorer notre vie : emendatio vitæ. C’est là le chemin qui nous disposera à recevoir dans notre âme la grâce et les inspirations du Saint-Esprit. Or cette grâce, je le répète, s’accompagne du gaudium cum pace, de la joie, de la paix et de la persévérance dans le chemin.

La mortification est le sel de notre vie. Et la meilleure des mortifications est celle qui, s’appuyant sur des petits détails tout au long de la journée, s’attaque à la concupiscence de la chair, à la concupiscence des yeux et à l’orgueil. Mortifications qui ne mortifient pas les autres, mais qui nous rendent plus délicats, plus compréhensifs, plus ouverts à tous. Tu ne seras pas mortifié si tu es susceptible, si tu n’écoutes que ton égoïsme, si tu t’imposes aux autres, si tu ne sais pas te priver du superflu et parfois même du nécessaire, si tu t’attristes quand les choses ne vont pas comme tu l’avais prévu ; en revanche, tu es mortifié si tu sais te faire tout à tous, pour les gagner tous.

La foi et l’intelligence

Je ne comprends pas comment l’on peut vivre chrétiennement sans ressentir le besoin d’une amitié constante avec Jésus dans la Parole et dans le Pain, dans la prière et dans l’Eucharistie. Et en revanche, je comprends très bien qu’au cours des siècles les générations successives de fidèles aient concrétisé progressivement cette piété eucharistique. Dans certains cas par des pratiques de masse, pour manifester ainsi publiquement leur foi ; et d’autres fois par des gestes silencieux et discrets, dans la paix sacrée de l’église ou dans l’intimité du cœur.

Nous devons avant tout aimer la sainte messe, qui doit être le centre de notre journée. Si nous vivons bien la messe, comment ne pas continuer ensuite, pendant le reste de la journée, à penser au Seigneur, en ayant soin de ne pas nous éloigner de sa présence, pour travailler comme il travaillait et aimer comme il aimait ? Nous apprenons alors à remercier le Seigneur d’une autre manifestation de sa délicatesse : ne pas avoir voulu limiter sa présence au moment du Sacrifice de l’autel, mais avoir voulu demeurer dans la sainte Hostie, réservée dans le tabernacle.

Je vous dirai que le tabernacle a toujours été pour moi comme Béthanie, cet endroit tranquille et paisible où se trouve le Christ, où nous pouvons lui raconter nos préoccupations, nos souffrances, nos espérances et nos joies, avec la simplicité et le naturel avec lesquels lui parlaient ses amis, Marthe, Marie et Lazare. C’est pourquoi, quand je parcours les rues d’une ville ou d’un village, je me réjouis de découvrir, même de loin, la silhouette d’une église ; c’est un nouveau Tabernacle, une occasion de plus de laisser l’âme s’échapper, pour être, par le désir, aux côtés du Seigneur dans le saint sacrement.

Fécondité de l’Eucharistie

Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture