Liste des points

4 points de « Quand le Christ passe » sont liés à la thématique Eucharistie → gage de vie éternelle.

J’aimerais que la considération de tout cela nous amène à prendre conscience de notre mission de chrétiens et à tourner notre regard vers la Sainte Eucharistie, vers Jésus qui, présent parmi nous, nous a constitués comme membres de son corps : vos estis corpus Christi et membra de membro, vous êtes le corps du Christ et vous êtes des membres unis à d’autres membres. Notre Dieu a décidé de demeurer dans le Tabernacle pour nous alimenter, pour nous fortifier, pour nous diviniser, pour rendre efficace notre tâche et notre effort. Jésus est en même temps le semeur, la semence et le fruit des semailles : il est le Pain de la vie éternelle.

Ce miracle, miracle continuellement renouvelé, de la Sainte Eucharistie, possède toutes les caractéristiques de la façon d’agir de Jésus. Dieu parfait et homme parfait, Seigneur du ciel et de la terre, il s’offre à nous en nourriture de la manière la plus naturelle et la plus ordinaire. C’est ainsi qu’il attend notre amour depuis près de deux mille ans. C’est à la fois beaucoup et peu de temps car, quand il y a l’amour, les jours passent vite.

Il me revient à la mémoire une merveilleuse poésie de Galice, l’une des Complaintes d’Alphonse X le Sage. C’est la légende d’un moine qui, dans sa simplicité, supplia la Vierge Marie de lui laisser contempler le ciel, ne fût-ce qu’un instant. La Vierge accéda à son désir et le bon moine fut transporté au paradis. A son retour, il ne reconnaissait aucun des habitants du monastère : sa prière, bien qu’elle lui eût paru très brève, avait duré trois siècles. Trois siècles, ce n’est rien pour un cœur amoureux. C’est ainsi que je m’explique les deux mille ans d’attente du Seigneur dans l’Eucharistie : c’est l’attente de Dieu, qui aime les hommes, qui nous cherche, qui nous aime tels que nous sommes — limités, égoïstes, inconstants — mais capables de découvrir sa tendresse infinie et de nous donner entièrement à lui.

C’est par amour et pour nous apprendre à aimer que Jésus est venu sur terre et qu’il est demeuré parmi nous dans l’Eucharistie. Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin. C’est par ces mots que saint Jean commence le récit de ce qui arriva la veille de la Pâque, lorsque Jésus, nous rapporte saint Paul, prit du pain et, après avoir rendu grâces, le rompit et dit : “Ceci est mon corps, qui sera livré pour vous ; faites ceci en mémoire de moi.” De même, après le repas, il prit la coupe en disant : “Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang ; toutes les fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi.”.

Une vie nouvelle

C’est l’instant simple et solennel de l’institution du Nouveau Testament, Jésus abroge l’ancienne économie de la Loi et nous révèle qu’il sera lui-même le contenu de notre prière et de notre vie.

Remarquez la joie qui envahit la liturgie d’aujourd’hui : que notre louange soit pleine, qu’elle soit sonore, qu’elle soit joyeuse. C’est la jubilation chrétienne qui chante l’arrivée d’un temps nouveau : l’ancienne Pâque s’est achevée, c’est la nouvelle qui commence. L’ancien fait place au nouveau, l’ombre à la réalité, la nuit est chassée par le jour.

Miracle d’amour. C’est vraiment le pain des enfants : Jésus, le Premier né du Père Eternel, s’offre à nous en nourriture. Et c’est le même Jésus-Christ qui nous fortifie ici-bas et qui nous attend dans le ciel en tant que commensaux, cohéritiers et concitoyens ; en effet ceux qui se nourrissent du Christ mourront de la mort terrestre et temporelle, mais vivront éternellement, parce que le Christ est la vie impérissable.

Pour le chrétien qui se fortifie par la manne impérissable de l’Eucharistie, le bonheur éternel commence dès à présent. Ce qui est vieux appartient au passé : laissons de côté ce qui est périssable ; que tout soit nouveau pour nous : les cœurs, les mots et les actes.

Telle est la Bonne Nouvelle. C’est une nouveauté, une nouvelle, en ce sens qu’elle nous révèle une profondeur d’amour que nous ne soupçonnions pas jusqu’alors. Elle est bonne, parce que rien n’est meilleur que de nous unir intimement à Dieu, le Bien de tous les biens. C’est la Bonne Nouvelle, parce que, d’une certaine façon, elle est pour nous une anticipation mystérieuse de l’éternité.

Approcher Jésus grâce à la Parole et au Pain

Jésus se cache dans le Très Saint Sacrement de l’autel pour que nous osions l’approcher, pour être notre aliment, afin que nous ne fassions qu’un avec lui. Quand il a dit sans moi vous ne pouvez rien, il n’a pas condamné le chrétien à l’inefficacité et ne l’a pas contraint à une quête ardue et difficile de sa personne. Il est resté parmi nous, totalement disponible.

Lorsque nous nous réunissons devant l’autel tandis que se célèbre le saint Sacrifice de la messe, lorsque nous contemplons la sainte Hostie exposée dans l’ostensoir, ou lorsque nous l’adorons, cachée dans le tabernacle, nous devons raviver notre foi, penser à cette existence nouvelle qui vient à nous et nous émouvoir de l’affection et de la tendresse de Dieu.

Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. C’est ainsi que les Écritures décrivent la conduite des premiers chrétiens : rassemblés par la foi des Apôtres dans une unité parfaite, lorsqu’ils participaient à l’Eucharistie, d’un seul cœur dans la prière. Foi, Pain, Parole.

Jésus, dans l’Eucharistie, nous garantit avec certitude sa présence en notre âme ; son pouvoir, qui soutient le monde ; ses promesses de salut, qui aideront la famille humaine, quand viendra la fin des temps, à habiter pour toujours dans la maison du Ciel, autour de Dieu le Père, de Dieu le Fils et de Dieu le Saint-Esprit, Très Sainte Trinité, Dieu Unique. C’est notre foi tout entière qui intervient lorsque nous croyons en Jésus, en sa présence réelle sous les apparences du pain et du vin.

Quand le Seigneur institua la sainte Eucharistie au cours de la dernière Cène, il faisait nuit, ce qui montrait bien, commente saint Jean Chrysostome, que les temps étaient accomplis. La nuit tombait sur le monde, car les rites anciens, les signes qu’autrefois Dieu avait donnés de sa miséricorde infinie envers l’humanité, allaient se réaliser pleinement, ouvrant la voie à une aube authentique : la nouvelle Pâque. L’Eucharistie fut instituée pendant la nuit, comme une préparation au matin de la Résurrection.

C’est aussi dans notre vie que nous avons à préparer cette aube. Il nous faut nous débarrasser de tout ce qui est périmé, dangereux, inutile : découragement, manque de confiance, tristesse, lâcheté. La sainte Eucharistie fait pénétrer chez les enfants de Dieu la nouveauté divine ; nous devons répondre in novitate sensus, par le renouvellement de toutes nos pensées et de toutes nos actions. Il nous a été donné une nouvelle source d’énergie, une racine puissante, greffée sur le Seigneur. Nous ne pouvons plus revenir au vieux levain, alors que nous possédons le pain d’aujourd’hui et de toujours.

Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture