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L’élection divine a pour signe et pour exigence la sainteté personnelle.

Si tu réponds à l’appel que t’a adressé le Seigneur, ta vie — ta pauvre vie ! — laissera dans l’histoire de l’humanité un sillon large et profond, lumineux et fécond, un sillon éternel et divin.

Chaque jour tu dois te sentir obligé d’être saint. — Oui, saint ! Ce qui ne veut nullement dire que tu fasses quoi que ce soit d’étrange, mais simplement que tu luttes dans ta vie intérieure et dans l’accomplissement héroïque, achevé, de ton devoir.

La sainteté ne consiste pas à faire de grandes choses. Elle est avant tout une lutte pour que, dans le domaine surnaturel, la vie ne s’éteigne pas : elle consiste pour toi à te laisser brûler jusqu’à la dernière fibre, en servant Dieu à la dernière place…, ou à la première : là où le Seigneur t’appellera.

Notre-Seigneur ne s’est pas contenté de nous dire qu’il nous aime : il nous l’a montré par ses œuvres et par sa vie tout entière. — Et toi ?

Si tu aimes Notre-Seigneur, tu dois « nécessairement » ressentir la charge bénie des âmes, qu’il faut mener à Dieu.

Pour qui veut vivre de l’Amour (avec une majuscule), le moyen terme est bien peu de chose : mesquinerie, calcul misérable.

Voilà ce que je te prescris pour ton chemin de chrétien : prière, pénitence, travail inlassable, dans l’accomplissement plein d’amour de ton devoir.

Mon Dieu, apprends-moi à aimer ! — Mon Dieu, apprends-moi à prier !

Nous devons demander à Dieu la foi, l’espérance, la charité, humbles, persévérants dans notre prière, droits dans notre conduite et honnêtes dans nos mœurs.

Tu ne sais comment me remercier pour ce saint zèle qui s’est emparé de ton âme, m’as-tu dit.

— Et moi de te répondre bien vite que ce n’est pas moi mais le Saint-Esprit qui fait vibrer ton âme.

— Aime-le donc, recherche sa compagnie. C’est ainsi que tu l’aimeras davantage et mieux ; et tu le remercieras d’avoir pris possession de ton âme, pour te faire don de la vie intérieure.

Un objectif pour ta lutte : que le saint Sacrifice de l’Autel devienne le centre et la racine de ta vie intérieure ; et toute ta journée rendra un culte à Dieu (prolongation de la messe que tu as entendue, préparation de la suivante) ; et un culte qui se manifestera par des oraisons jaculatoires, par des visites au Saint-Sacrement, par l’offrande de ton travail professionnel et de ta vie de famille.

Le Seigneur t’a fait voir clairement ton chemin de chrétien au milieu du monde. Or tu m’assures que très souvent tu as envisagé avec envie (tout en m’avouant que ce n’était au fond que pure facilité) le bonheur que ce serait d’être un inconnu, ignoré de tous travaillant, au dernier rang, … rien que Dieu et toi !

— Et maintenant, outre l’idée d’aller évangéliser le Japon, tu penses à une vie cachée et souffrante. À supposer que tu te libères d’autres obligations naturelles et très saintes, si tu cherchais à te « cacher » dans une institution religieuse quelconque, sans que cela soit ta vocation, en serais-tu plus heureux ? Non, car tu n’aurais pas la paix, car tu aurais fait ta volonté, et non pas celle de Dieu.

— Ta « vocation » mériterait alors cet autre nom : défection ; produit non d’une inspiration divine, mais tout simplement de la peur humaine face à la lutte qui s’approche. Et de cette peur-là… pas question !

La vie honnête, la sainte pureté se heurtent à une grande difficulté — et nous y sommes tous exposés : le danger de l’embourgeoisement, dans la vie spirituelle ou dans la vie professionnelle. Et ceux que Dieu a appelés au mariage sont également exposés à ce danger : vivre en célibataires, comme des personnes égoïstes, sans amour.

— Combats ce risque à sa racine même, sans t’accorder de concessions d’aucune sorte.

Pour vaincre ta sensualité — tant il est vrai que nous devrons toujours supporter ce petit âne qu’est notre corps — tu dois t’exercer chaque jour à de petites mortifications bien vivantes et généreuses ; et parfois tu devras en faire de plus grandes ; et demeurer en présence de ce Dieu qui ne cesse jamais de te regarder

Ta chasteté ne peut se limiter à éviter la chute, la mauvaise occasion…

Elle ne peut être en aucun cas une négation froide, mathématique.

— La chasteté est une vertu et, en tant que telle elle doit croître et se perfectionner : en as-tu seulement pris conscience ? — La continence, selon ton état, ne suffit donc pas : tu dois être chaste, en poussant cette vertu jusqu’à l’héroïsme.

La bonne odeur du Christ — « bonus odor Christi » — est aussi celle de notre vie pure ; celle de la chasteté, chacun selon son état, je le répète ; celle de la sainte pureté, cette affirmation joyeuse : quelque chose de ferme et de délicat à la fois, une finesse qui va jusqu’à bannir de notre langage des paroles inconvenantes, qui ne peuvent plaire à Dieu.

Habitue-toi à remercier d’avance les anges gardiens…, pour mieux les obliger à te rendre service.

Ainsi qu’aux premiers temps, on devrait pouvoir dire de tout chrétien qu’il est « porteur de Dieu ».

— Comporte-toi de telle manière que l’on puisse « en toute vérité » te donner ce titre admirable.

Pense à ce qui arriverait si nous autres chrétiens, nous ne voulions pas vivre en chrétiens… et alors, corrige ta conduite !

Attache-toi à voir le Seigneur derrière chaque événement, chaque circonstance. Ainsi tu sauras tirer de tout ce qui t’arrive davantage d’amour de Dieu, davantage de désir de le payer de retour, parce qu’il est toujours à nous attendre et qu’il nous offre la possibilité d’accomplir continuellement cette résolution que nous avons prise : « serviam ! » je te servirai !

Renouvelle chaque jour le désir efficace de t’anéantir, de t’oublier toi-même, d’avancer « in novitate sensus », avec une vie renouvelée, en substituant à toute notre misère la grandeur cachée et éternelle de Dieu.

Seigneur ! accorde-moi de t’appartenir tellement que les sentiments les plus saints ne puissent pénétrer dans mon cœur qu’à travers ton Cœur blessé.

Efforce-toi d’être délicat, d’être une personne bien élevée. Ne sois pas grossier ! — Délicatesse toujours, ce qui ne veut pas dire affectation.

Être saint ! Un enfant de Dieu se doit d’exagérer dans l’exercice de la vertu, si tant est que l’on puisse exagérer en la matière… Les gens en effet se regarderont alors en lui comme dans un miroir, et c’est seulement s’il a des visées très élevées sur lui-même que les autres parviendront à la moyenne.

N’aie pas honte de découvrir que tu as dans ton cœur le « fomes peccati », cette inclination au mal qui t’accompagnera tant que tu vivras, puisque personne n’est exempt de ce fardeau.

Nulle honte à avoir ! Le Seigneur, qui est tout-puissant et miséricordieux, nous a donné tous les moyens nécessaires pour dominer cette inclination : les sacrements, la vie de piété, le travail, s’il est sanctifié.

— Recours à ces moyens avec persévérance, en étant disposé à commencer et à recommencer, sans te décourager.

Seigneur, délivre-moi de moi-même !

Un apôtre qui ne pratique pas l’oraison de façon habituelle, méthodique, ne peut que tomber dans la tiédeur… et il cesse d’être apôtre.

Seigneur ! À partir de maintenant, fais que je ne sois plus « moi », mais cet « autre » que tu veux que je sois !

— Fais que je ne refuse rien de ce que tu me demanderas ! Que je sache prier ! Que je sache souffrir ! Que rien ne me préoccupe, sinon ta gloire. Que je sente toujours ta présence !

— Fais que j’aime le Père, et que je te désire, toi, mon Jésus, dans une communion permanente ! Que l’Esprit Saint embrase mon âme !

« Meus es tu » — tu es à moi, le Seigneur te l’a dit.

— Ce Dieu, qui est toute beauté et toute sagesse, toute grandeur et toute bonté, penser qu’il te dit, à toi, que tu es à lui !… et que tu ne saches pas comment lui répondre !

Ne t’étonne pas si, dans ta vie, tu éprouves cette pesanteur dont parlait saint Paul : « Je vois qu’il y a une autre loi dans mes membres qui est contraire à la loi de mon esprit. »

— Souviens-toi alors que tu es au Christ, et tourne-toi vers la Mère de Dieu, qui est ta Mère : tous les deux, ils ne t’abandonneront pas.

Reçois les conseils que l’on te donne dans la direction spirituelle comme s’ils venaient de Jésus-Christ lui-même.

Tu m’as demandé un conseil qui t’aide à vaincre dans tes batailles quotidiennes ; et je t’ai répondu : quand tu ouvriras ton âme, raconte en premier lieu ce que tu ne voudrais pas que l’on sache. Ainsi le diable sera toujours vaincu.

— Sois clair et simple. Ouvre toute grande ton âme afin que, jusqu’au dernier recoin, le soleil de l’Amour de Dieu y pénètre !

Le démon muet — celui dont nous parle l’Évangile —, il gâtera tout s’il vient à s’introduire dans ton âme. En revanche, tout s’arrange si on le repousse tout de suite ; on avance plein de joie, et tout marche bien.

— Prendre cette ferme résolution : être d’une « sincérité sauvage » dans la vie spirituelle, mais en personne de tact et bien élevée… Et que cette sincérité soit immédiate.

Aime celui qui a charge de ton âme, et recherche son aide. Dans la direction spirituelle mets ton cœur à nu, complètement — montre-le pourri s’il est pourri ! Sois sincère, aie envie de guérir, faute de quoi cette pourriture ne disparaîtra jamais.

Si tu as recours à une personne qui ne peut que nettoyer superficiellement la plaie…, tu n’es qu’un lâche, parce qu’au fond tu viens à elle pour cacher la vérité, à ton détriment.

N’aie jamais peur de dire la vérité, mais n’oublie pas que, parfois, il vaut mieux se taire, par charité envers le prochain. Et ne te tais jamais par négligence, par facilité ou par lâcheté.

Si tu sais aimer les autres et si tu diffuses autour de toi cette affection, qui est la charité du Christ, toute de finesse et d’attentions délicates, vous pourrez tous vous appuyer les uns sur les autres. Et celui qui sera sur le point de tomber se sentira soutenu — et entraîné — par cette force fraternelle, afin d’être fidèle à Dieu.

Exerce ton esprit à la mortification dans de petits riens qui touchent à la charité. Aie pour tous le souci de rendre aimable le chemin de la sainteté au milieu du monde : un sourire, parfois, sera la meilleure expression de ton esprit de pénitence.

Jour après jour, en âme généreuse, tu dois apprendre à renoncer à tes goûts, en restant joyeux et discret, afin de servir les autres et leur rendre la vie agréable.

— Agir ainsi, telle est la vraie charité du Christ.

Où que tu sois, tu dois t’efforcer de répandre autour de toi cette « bonne humeur » — cette joie — qui est le fruit de la vie intérieure.

Je te recommande un exercice de mortification très intéressant : fais en sorte que tes conversations ne tournent pas autour de toi.

Je te donne un bon moyen de faire ton examen de conscience :

— Aujourd’hui, ai-je accueilli comme un moyen d’expiation les contrariétés qui me sont venues de la main de Dieu ? Et celles que m’ont causées mes collègues par leur caractère ? Et celles qui procèdent de ma propre misère ?

— Ai-je su offrir au Seigneur, à titre d’expiation, la douleur que j’éprouve si souvent de l’avoir offensé ? Lui ai-je offert la honte qui me fait rougir intérieurement quand je me sens humilié par ma lenteur à avancer sur le chemin de la vertu ?

Des mortifications habituelles, répétées : oui, mais non pas des manies…

— Il n’est pas nécessaire que ces mortifications soient toujours les mêmes : ce qui est constant, habituel, ce à quoi l’on est habitué, sans y être attaché, voilà le véritable esprit de mortification.

Tu veux marcher sur les pas du Christ ; tu veux endosser son vêtement, t’identifier à Jésus. Fais donc en sorte que ta foi soit agissante, qu’elle soit fondée sur le sacrifice, sur des œuvres de service. Et rejette tout ce qui peut gêner.

La sainteté est flexible comme des muscles bien déliés. Celui qui veut devenir saint s’arrange, tandis qu’il fait une chose qui le mortifie, pour ne pas faire — dans la mesure où Dieu n’en est pas offensé — une autre chose qui lui coûte tout autant, et il rend grâces à Dieu pour cette latitude. Si nous procédions autrement, nous risquerions de devenir de ces chrétiens raides, sans vie, semblables à des marionnettes.

Or la sainteté n’a pas la rigidité du carton : elle sait sourire, céder, attendre. Elle est vivante : vivante d’une vie surnaturelle.

Mère, ne m’abandonnez pas ! Faites que j’aille à la rencontre de votre Fils ; faites que je trouve votre Fils ; faites que j’aime votre Fils… de tout mon être ! — Souvenez-vous, Notre Dame, souvenez-vous !

Quand notre vue se trouble, quand nos regards perdent de leur clarté, nous avons besoin d’aller vers la lumière. Et Jésus-Christ nous a dit qu’il est la Lumière du monde et qu’il est venu guérir les malades.

— Fais donc en sorte que tes maladies, tes chutes — si le Seigneur les permet — ne t’éloignent pas du Christ, mais qu’au contraire elles te rapprochent de lui !

En raison de ma faiblesse, il m’est arrivé de me plaindre auprès d’un ami que Jésus me semblait ne faire que passer… me laissant seul.

— Mais j’ai tout de suite réagi par un acte de contrition plein de confiance : non, ce n’est pas vrai, mon Amour ! C’est moi qui, sans nul doute, me suis écarté de toi. Je ne le ferai plus jamais !

Que de vilenie dans ma conduite, et que d’infidélité à la grâce !

— Ma Mère, Refuge des pécheurs, priez pour moi : faites que jamais plus je ne mette d’obstacles à l’action de Dieu dans mon âme.

Avoir été si près du Christ, pendant tant d’années et… pourtant si pécheur !

— Est-ce qu’elle ne t’arrache pas des sanglots, l’intimité de Jésus avec toi ?

La vraie joie ne me manque pas, bien au contraire… Et pourtant, devant la conscience de ma propre bassesse, il est normal que je m’écrie comme saint Paul : « Malheureux homme que je suis ! »

— C’est ainsi que grandissent les désirs d’abattre une fois pour toutes cette barrière qu’élève le « moi ».

Ne t’effraie pas et ne te décourage pas quand tu découvriras tes erreurs… et quelles erreurs !

— Lutte pour les extirper. Et tant que tu lutteras, sois convaincu qu’il est bon pour toi de ressentir ces faiblesses, car, autrement, tu ne serais qu’un orgueilleux : or l’orgueil éloigne de Dieu.

Reste abasourdi de la bonté de Dieu, parce que le Christ veut vivre en toi…, même quand tu éprouveras le poids de ta pauvre misère, de cette pauvre chair, de cette bassesse, de cette pauvre argile dont tu es pétri.

— C’est justement alors que tu dois te souvenir de cet appel de Dieu : Jésus-Christ, lui qui est Dieu, lui qui est Homme, il me comprend et il m’écoute parce qu’il est mon Frère et mon Ami.

Dans ta vie, tu es content, très heureux, même si tu ressens parfois le coup de griffe de la tristesse, et même si tu éprouves presque habituellement un fond de réel chagrin.

— Cette joie et cette angoisse peuvent coexister, chacune dans son « homme » : celle-là dans le nouveau, l’autre dans l’ancien.

L’humilité naît comme le fruit de la connaissance de Dieu et de la connaissance de soi.

Seigneur, je te demande un présent : l’Amour…, un Amour qui me purifie — Et un autre cadeau encore : que je me connaisse, afin de me remplir d’humilité.

Sont saints ceux qui luttent jusqu’à la fin de leur vie : ceux qui savent toujours se relever après chaque trébuchement ou chaque chute, pour repartir vaillamment sur leur chemin, humbles, remplis d’amour et d’espérance.

Si tes erreurs te rendent plus humble, si elles t’amènent à rechercher avec davantage d’énergie l’appui de la main divine, elles seront alors pour toi un chemin de sainteté : « felix culpa ! » — heureuse faute ! chante l’Église.

La prière — même la mienne ! — est toute-puissante.

L’humilité pousse chaque âme à ne pas se décourager devant ses propres erreurs.

 — La véritable humilité nous porte… à demander pardon !

Invoque le Seigneur, en le suppliant de t’accorder l’esprit de pénitence qui est le propre de celui qui sait se vaincre tous les jours, et lui offre cette lutte constante, en silence, et plein d’abnégation.

Dans ta prière personnelle, quand tu éprouveras la faiblesse de la chair, répète ces paroles : Seigneur, donne ta Croix à mon pauvre corps, qui se fatigue et se rebelle !

Comme il avait raison, ce prêtre, quand il prêchait en ces termes : « Jésus m’a pardonné la multitude de mes péchés, et avec quelle générosité, malgré mon ingratitude ! Et si bien des péchés furent pardonnés à Marie-Madeleine parce qu’elle a beaucoup aimé, moi, à qui il a été pardonné davantage encore, quelle grande dette d’amour il me reste ! »

Jésus, je veux aller jusqu’à la folie et à l’héroïsme ! Avec ta grâce, Seigneur, même s’il me faut mourir pour toi, je ne t’abandonnerai plus jamais.

Lazare a ressuscité parce qu’il a entendu la voix de Dieu : il a voulu sortir aussitôt de l’état où il se trouvait. S’il n’avait pas « voulu » bouger, il serait mort de nouveau.

Prends cette résolution sincère : avoir toujours foi en Dieu ; mettre toujours mon espérance en Dieu ; aimer Dieu…, lui qui ne nous abandonne jamais, même si nous sommes aussi décomposés que Lazare.

Admire cet aimable paradoxe inhérent à la condition de chrétien : c’est notre propre misère qui nous pousse à nous réfugier en Dieu, à nous « diviniser ». Et, avec lui, nous pouvons tout.

Lorsque tu seras tombé, ou lorsque tu seras accablé sous le poids de tes misères, répète avec une ferme espérance : Seigneur, je suis malade ; Seigneur, toi qui, par amour, es mort sur la Croix pour moi, viens me guérir.

Aie confiance, j’y insiste : persévère en ayant recours à son Cœur très aimant. Comme aux lépreux de l’Évangile, il te rendra la santé.

Remplis-toi de confiance en Dieu ; nourris un grand désir, de plus en plus fort, de ne jamais le fuir.

Ô Vierge Immaculée ! Ô ma Mère ! Ne m’abandonnez pas ! Voyez comment mon pauvre cœur fond en larmes.

— Je ne veux pas offenser mon Dieu !

— Je le sais bien, et je pense que je ne l’oublierai jamais, que je ne vaux rien ; comme me pèsent ma petitesse et ma solitude ! Mais… je ne suis pas seul : ô vous, ma Douce Dame, et toi, Dieu mon Père, vous ne m’abandonnez pas !

Face à la rébellion de ma chair et aux raisons diaboliques qui se dressent contre ma foi, j’aime Jésus-Christ et je crois : j’Aime et je Crois.

Suis le conseil de saint Paul : « Hora est iam nos de somno surgere ! » — C’est l’heure de travailler ! — De travailler, à l’intérieur, à l’édification de ton âme ; et, à l’extérieur, de là où tu es, à l’édification du Royaume de Dieu.

Contrit, tu me dis : « Que de misères je découvre en moi ! Ma turpitude et le poids de mes concupiscences sont tels que c’est comme si je n’avais jamais rien fait pour m’approcher de Dieu. Commencer, recommencer : oh ! Seigneur, j’en suis toujours aux commencements ! Toutefois j’essaierai de tout mon cœur de faire un effort chaque jour, de toute mon âme. »

 — Qu’il bénisse tes aspirations.

Père, m’as-tu dit, j’ai beaucoup d’égarements, beaucoup d’erreurs à mon passif.

 — Je le sais, t’ai-je répondu. Mais Dieu notre Seigneur sait tout, lui aussi, et il en tient compte. Il ne te demande que d’avoir l’humilité de le reconnaître et de lutter pour rectifier, afin que tu le serves mieux chaque jour, avec davantage de vie intérieure, avec une prière continuelle, avec piété et en employant les moyens adéquats pour sanctifier ton travail.

Puisses-tu acquérir les vertus de l’âne ! — car tu veux les obtenir, n’est-ce pas ? Humble, dur au travail et persévérant, têtu, fidèle, d’allure bien assurée, fort et, s’il a un bon maître, reconnaissant et obéissant.

Je suis bien d’accord avec toi : ce sont « eux » qui doivent te préoccuper. Mais ta première préoccupation doit aller à toi-même, à ta vie intérieure. Sinon, tu ne pourras pas les servir.

Comme elle te coûte, cette mortification que le Saint-Esprit te suggère ! Regarde longuement un Crucifix…, et tu finiras par aimer cette expiation.

Se clouer sur la Croix ! Cette aspiration venait bien souvent, comme une lumière nouvelle, à l’intelligence, au cœur et aux lèvres de cette âme.

 — Se clouer sur la Croix ? Comme il en coûte, se disait-elle. Et pourtant elle connaissait très bien le chemin : « agere contra ! » — se renoncer soi-même. Aussi suppliait-elle : aide-moi, Seigneur !

Quand nous nous plaçons sur le Calvaire, là où Jésus est mort, l’expérience de nos péchés personnels doit nous conduire à la douleur : à prendre une décision plus mûre et plus profonde de ne plus jamais l’offenser.

Tout comme on taille une pierre ou du bois, peu à peu, il faut limer les aspérités, en éliminant les défauts de notre vie personnelle dans un esprit de pénitence, moyennant de petites mortifications. Il y en a de deux types : les mortifications actives — celles que nous recherchons, comme de petites fleurs que nous cueillons au long de la journée — et les mortifications passives, qui viennent du dehors et qu’il nous coûte d’accepter. Ensuite Jésus-Christ ajoute ce qui manque.

 — Quel magnifique Crucifix tu vas devenir, si ta réponse est généreuse, joyeuse, entière !

Le Seigneur, les bras ouverts, te demande l’aumône constante de ton amour.

Approche-toi de Jésus mort pour toi, approche-toi de cette Croix qui se détache sur le sommet du Golgotha…

 Mais approche-t’en avec sincérité, avec ce recueillement intérieur qui est un signe de maturité chrétienne, afin que les événements divins et humains de la Passion pénètrent en ton âme.

Il nous faut accepter la mortification avec les sentiments mêmes de Jésus-Christ lors de sa Sainte Passion.

La mortification est la prémisse nécessaire de toute activité apostolique, et de la bonne mise en œuvre de chaque activité apostolique.

L’esprit de pénitence consiste principalement à mettre à profit ces nombreuses petites choses — actions, renoncements, sacrifices, services… — que nous rencontrons chaque jour sur notre chemin, en les transformant en actes d’amour et de contrition, en mortifications, pour rassembler en fin de journée un bouquet, une très belle gerbe que nous offrons à Dieu !

Le meilleur esprit de sacrifice, c’est la persévérance dans le travail entrepris : qu’il soit fait dans l’enthousiasme ou qu’il devienne pénible.

Soumets ton plan de mortifications à l’approbation de ton directeur spirituel, afin qu’il les modère.

 — Les modérer n’implique pas nécessairement de les diminuer, mais aussi de les augmenter, s’il le juge opportun. — Et, quoi qu’il en soit, accepte-le !

On arrive à la sainteté avec l’aide de l’Esprit Saint — qui vient habiter dans nos âmes —, moyennant la grâce qui nous est concédée par les sacrements, et une lutte ascétique constante.

 Mon enfant, ne nous berçons pas d’illusions ! Je ne me lasserai jamais de le répéter : toi et moi, nous devrons toujours nous battre, oui, toujours, jusqu’à la fin de notre vie. C’est ainsi que nous finirons par aimer la paix, que nous donnerons la paix, et que nous recevrons la récompense éternelle.

Ne te contente pas de parler au Paraclet, écoute-le !

Dans ta prière, considère bien que la vie d’enfance, en te permettant de découvrir en profondeur que tu es fils de Dieu, t’a rempli d’un amour filial pour le Père ; souviens-toi bien qu’auparavant, c’est par Marie que tu es allé à Jésus, lui que tu adores comme un ami, un frère, dont tu es totalement épris…

 Quand tu as reçu ce conseil, tu as compris que, jusqu’alors, même si tu savais que le Saint-Esprit habite dans ton âme pour la sanctifier… tu n’avais pas « compris » la réalité de sa présence. Il a fallu cette suggestion : et à présent tu éprouves l’Amour au-dedans de toi ; et tu veux te rapprocher de lui, devenir son ami, son confident…, lui faciliter le travail pour qu’il polisse, arrache, enflamme…

 Je n’en serai pas capable, pensais-tu. — Écoute-le, j’insiste. Il te donnera des forces. Et c’est lui qui fera tout, si tu le veux… et tu le veux !

 Dans ta prière, appelle-le : Hôte Divin, mon Maître, ma Lumière, mon Guide, mon Amour, et dis-lui : fais que je sache t’accueillir avec prévenance, écouter tes leçons et m’enflammer, te suivre et t’aimer.

Pour t’approcher de Dieu, pour voler jusqu’à Dieu, tu as besoin des ailes fortes et généreuses de la Prière et de l’Expiation.

Si tu veux éviter la routine dans tes prières vocales, efforce-toi de les réciter avec tout l’amour que met quand il parle pour la première fois celui qui tombe amoureux…, et comme si c’était la dernière occasion que tu avais de t’adresser au Seigneur.

Tu es fier d’être l’enfant de Sainte Marie… ? Si tu l’es vraiment, demande-toi : combien de fois ai-je manifesté ma dévotion à la Sainte Vierge au long de cette journée, du matin au soir ?

J’ai deux raisons, entre autres, se disait cet ami, pour demander pardon à ma Mère Immaculée tous les samedis et les veilles des fêtes qui lui sont consacrées.

 — La seconde : les dimanches et les fêtes de la Sainte Vierge (qui sont traditionnellement des fêtes dans les villages), les gens, au lieu de les consacrer à la prière, les emploient à offenser notre Jésus par des péchés publics et des crimes scandaleux — il suffit d’ouvrir les yeux pour s’en convaincre.

 Mais la première, c’est que, peut-être poussés par satan, nous qui voulons être de bons fils de Dieu, nous ne vivons pas avec l’attention requise ces jours qui sont consacrés au Seigneur et à sa Mère.

 — Et tu te rends bien compte que malheureusement ces raisons sont toujours d’actualité, et qu’il est nécessaire que nous fassions réparation, nous aussi.

J’ai toujours compris la prière du chrétien comme un entretien amoureux avec Jésus, un entretien qui ne doit jamais s’interrompre, même aux moments où nous sommes physiquement éloignés du tabernacle ; car toute notre vie est faite de ces refrains d’amour humain transposés au plan divin… Et parce qu’aimer, nous le pouvons toujours.

L’Amour de Dieu pour ses créatures est si grand que, si notre réponse était ce qu’elle doit être, nos montres devraient s’arrêter quand la sainte messe est célébrée.

Unis à la vigne, les sarments mûrissent et portent du fruit.

 — Que devons-nous faire, toi et moi ? Être très unis, par le Pain et par la Parole, à Jésus-Christ, qui est notre vigne…, en lui disant des mots affectueux tout au long de la journée. C’est ce que font les amoureux.

Aime beaucoup notre Seigneur. Cette volonté constante de l’aimer, il faut que tu l’entretiennes, que tu la fasses croître dans ton âme. C’est justement maintenant que tu dois aimer Dieu, quand peut-être nombre de ceux qui le touchent de leurs mains ne l’aiment pas, qu’ils le maltraitent et le négligent.

 Fréquente assidûment le Seigneur, dans la sainte messe et durant la journée !

La prière est l’arme la plus puissante du chrétien. La prière nous rend efficaces. La prière nous rend heureux. La prière nous donne toute la force nécessaire pour accomplir ce que Dieu nous demande.

 — Oui, toute ta vie peut et doit devenir une prière !

La sainteté personnelle, ce n’est pas une chimère, mais une réalité bien précise, divine et humaine à la fois, et qui se manifeste sans cesse par des actes d’amour quotidiens.

Tu dois vivre en bonne entente avec tout le monde, tu dois faire preuve de compréhension envers tout le monde, tu dois être le frère de tes frères les hommes, tu dois mettre l’amour — comme le dit le mystique castillan — là où il n’y a pas d’amour, afin de récolter l’amour.

Nous ne sommes pas de bons frères de nos frères les hommes si nous ne sommes pas disposés à nous conduire avec droiture, même dans les cas où ceux qui nous entourent pourraient mal interpréter notre comportement et réagir de façon déplaisante.

Ton amour et ton service de la sainte Église ne sauraient dépendre du degré de sainteté personnelle de ceux qui la composent, même s’il est vrai que nous désirons ardemment que tous atteignent la perfection chrétienne.

 — Tu dois aimer l’Épouse du Christ, ta Mère, parce qu’elle est et sera toujours pure et sans tache.

Travailler à notre sanctification personnelle a des répercussions sur la sainteté de très nombreuses âmes et sur celle de l’Église de Dieu.

Il faut t’en persuader : étant donné que Dieu t’aime, qu’il t’écoute, qu’il te promet la gloire, protégé que tu es par la main toute-puissante de ton Père du ciel, si tu le veux, tu peux devenir une personne très solide, prête à témoigner partout de la vérité et de l’attrait de sa doctrine.

Le champ du Seigneur est fertile, et sa semence est bonne. C’est pourquoi, quand l’ivraie fait son apparition en ce monde, n’en doute pas, c’est que les hommes n’ont pas répondu à Dieu. Et les chrétiens en particulier, qui se sont endormis et ont laissé le champ libre à l’ennemi.

 — Ne t’en lamente pas : cela ne sert à rien. En revanche, examine ta propre conduite.

Voici un commentaire qui m’a beaucoup fait souffrir, et qui te fera réflechir aussi : « Je m’explique très bien le manque de résistance à des lois infâmes, voire l’inefficacité de cette résistance, parce qu’il y a, tout en haut, et tout en bas, et au milieu beaucoup — vraiment beaucoup ! — de conformistes. »

Menés par une haine satanique indéfectible, les ennemis de Dieu et de son Église s’agitent et s’organisent sans trêve.

 Avec une constance « exemplaire », ils préparent leurs cadres, soutiennent leurs écoles, leurs chefs et leurs agitateurs et, par une action déguisée, mais efficace, ils propagent leurs idées et sèment, dans les foyers et sur les lieux de travail, leur semence destructrice de toute idée religieuse.

 — Que ne devrons-nous pas faire, nous autres chrétiens, pour servir notre Dieu en défendant la vérité sans relâche ?

Ne confonds pas la sérénité avec la paresse, avec l’abandon, avec le retard dans la prise de décisions ou l’étude des problèmes.

 La sérénité doit aller toujours de pair avec la diligence, cette vertu si nécessaire pour considérer les questions en cours et les résoudre sans tarder.

— Mon enfant : où est le Christ que les âmes cherchent en toi ? Dans ton orgueil ? Dans tes désirs de t’imposer aux autres ? Dans ces mesquineries de ton caractère que tu ne veux pas éliminer ? Dans cet entêtement ?… Le Christ se trouve-t-il là ? — Non, non et non !

 — D’accord, tu dois avoir une personnalité, mais la tienne doit tendre à s’identifier à celle du Christ.

Je te propose une bonne règle de conduite pour vivre la fraternité, l’esprit de service : que les autres, en ton absence, puissent mener à bien la tâche qui est la tienne, parce que tu auras su leur transmettre généreusement ton expérience, sans te rendre indispensable.

En dépit de tes passions, c’est sur toi que repose la responsabilité de la sainteté, de la vie chrétienne et de l’efficacité des autres.

 Tu n’es pas une pièce isolée. Si tu t’arrêtes, que de personnes tu peux immobiliser ou à qui tu peux porter préjudice !

Références à la Sainte Écriture
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