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Mais qu'est-ce que l'Église ? Où est l'Église ? Beaucoup de chrétiens, étourdis et désorientés, ne reçoivent pas de réponse sûre à ces questions, et ils en viennent peut-être à penser que celles que le Magistère a formulées pendant des siècles — et que les bons catéchismes proposaient avec une précision et une simplicité fondamentales — sont maintenant  dépassées et doivent être remplacées par de nouvelles réponses. Toute une série de faits et de difficultés semblent s'être donné rendez-vous pour altérer le visage limpide de l'Église. Certains prétendent que l'Église est là, dans ce souci de s'adapter à ce qu'ils appellent  les temps modernes. D'autres s'écrient : l'Église n'est autre que la soif de solidarité des hommes ; nous devons la changer en fonction des circonstances actuelles.

Ils se trompent. L'Église d'aujourd'hui est la même que celle que le Christ a fondée, et ne peut être autre.  Les apôtres et leurs successeurs sont les vicaires de Dieu pour le gouvernement de l'Église, fondée sur la foi et sur les sacrements de la foi. Et de même qu'il ne leur est pas permis d'établir une autre Église, ils ne peuvent pas non plus en transmettre une autre ni instituer d'autres sacrements ; mais c'est par les sacrements qui jaillirent du côté du Christ suspendu à la Croix que l'Église a été construite (Saint Thomas,  S. Th. III, q. 64, a. 2 ad 3). L'Église doit se reconnaître aux quatre caractères, contenus dans la profession de foi d'un des premiers Conciles, que nous récitons dans le Credo de la Messe :  Une seule Église, sainte, catholique et apostolique (Symbole de Nicée-Constantinople, Denzinger-Schön. 150 (86)). Voilà les propriétés essentielles de l'Église, qui découlent de sa nature, telle que le Christ l'a voulue. Et parce qu'elles sont essentielles, ces propriétés sont aussi des marques qui la distinguent de tout autre genre de réunion humaine, même si on y entend prononcer le nom du Christ.

Il y a un peu plus d'un siècle, le Pape Pie IX a résumé brièvement cet enseignement traditionnel :  La véritable Église du Christ se constitue et se reconnaît, par autorité divine, aux quatre caractères auxquels il faut croire, comme nous l'affirmons dans le Credo ; et chacun de ces caractères est tellement uni aux autres qu'il ne peut en être séparé. Il s'ensuit que celle qui est et s'appelle vraiment catholique, doit en même temps briller par ses propriétés d'unité, de sainteté et de succession apostolique (Pie IX,  Lettre du Saint-Office aux évêques d'Angleterre, 16.IX.1864, Denzinger-Schön. 2888 (1686)). C'est, j'insiste, l'enseignement traditionnel de l'Église, réaffirmé par le Concile Vatican II, bien que, poussés par un faux œcuménisme, certains l'oublient ces dernières années :  Telle est l'Église du Christ, dont nous professons dans le symbole, l'unité, la sainteté, la catholicité et l'apostolicité ; Église que notre Sauveur, après sa résurrection, confia à Pierre pour qu'il en fût le pasteur, le chargeant, lui et les autres apôtres, de la répandre et de la gouverner ; Église qu'il érigea pour toujours comme colonne et fondement de la vérité (Concile Vatican II, constitution dogmatique  Lumen gentium, 8).

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