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Il est essentiel à l’esprit chrétien non seulement de vivre en union avec la hiérarchie ordinaire – souverain pontife et épiscopat – mais encore d’éprouver l’unité avec ses frères dans la foi. Il y a très longtemps que je le pense : l’un des plus grands maux de l’Église de nos jours est l’ignorance où sont de nombreux catholiques de ce que font et pensent les catholiques d’autres pays ou d’autres milieux sociaux. Il est nécessaire d’actualiser cette fraternité, que vivaient si profondément les premiers chrétiens. Ainsi nous sentirons-nous unis, tout en aimant la variété des vocations personnelles ; et l’on évitera bien des jugements injustes et offensants, que certains petits groupes propagent – au nom du catholicisme – contre leurs frères dans la foi, qui travaillent en réalité avec droiture et dans un esprit de sacrifice, suivant les circonstances particulières de leur pays.

Il importe que chacun s’efforce d’être fidèle à l’appel divin qui lui est fait, de manière à ne pas manquer d’apporter à l’Église ce qu’implique le charisme qu’il a reçu de Dieu. Le propre des membres de l’Opus Dei – chrétiens ordinaires – est de sanctifier le monde du dedans, en participant aux tâches humaines les plus diverses. Comme leur appartenance à l’Œuvre ne change en rien leur position dans le monde, ils collaborent, de la manière appropriée à chaque cas, aux célébrations religieuses collectives, à la vie paroissiale, etc. En ce sens également, ce sont des citoyens ordinaires, qui veulent être de bons catholiques.

Néanmoins, les membres de l’Œuvre ne se consacrent pas d’habitude à des activités confessionnelles. Ce n’est que dans des cas exceptionnels, quand la hiérarchie le demande expressément, que tel ou tel d’entre eux collabore à des travaux ecclésiastiques. Il n’y a, dans cette attitude, aucun désir de se distinguer, ni moins encore de dédain à l’égard des activités confessionnelles, mais simplement la volonté de se dédier à ce qui est le propre de la vocation à l’Opus Dei. Il y a déjà beaucoup de religieux et de prêtres séculiers, et aussi beaucoup de laïcs pleins de zèle, qui se vouent à ces activités et leur consacrent le meilleur de leurs efforts.

Le propre des membres de l’Œuvre, la tâche à laquelle ils se savent appelés par Dieu, sont tout autres. Dans l’appel universel à la sainteté, le membre de l’Opus Dei reçoit en outre, et en particulier, l’appel à se dédier, librement et en toute responsabilité, à la recherche de la sainteté et à la pratique de l’apostolat au milieu du monde, et il s’engage à vivre un esprit spécifique et à suivre, au cours de toute son existence, une formation particulière. Si les membres de l’Opus Dei se désintéressaient de leur travail dans le monde, pour s’occuper de tâches ecclésiastiques, ils rendraient inefficaces les dons divins qu’ils ont reçus et, dans l’illusion d’une efficacité pastorale immédiate, ils causeraient un réel dommage à l’Église : parce qu’il n’y aurait pas autant de chrétiens appliqués à se sanctifier dans toutes les professions et dans tous les métiers de la société civile, dans le champ immense du travail séculier.

En outre, l’impérieuse nécessité d’une formation professionnelle continue et de la formation religieuse, jointe au temps consacré personnellement à la piété, à la prière et à l’accomplissement des devoirs d’état dans l’abnégation, requiert toutes les heures de l’existence ; il n’en reste aucune de libre.

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