42

En rapportant ces faits dans son Évangile, saint Matthieu ne cesse de mettre en relief la fidélité de Joseph, qui accomplit sans hésiter ce que Dieu lui ordonne, bien que parfois le sens ait pu lui en paraître obscur et qu’il n’en voie pas le rapport avec le reste des plans divins.

Les auteurs spirituels et les Pères de l’Église ont mis en valeur, à bien des reprises, la fermeté de sa foi. En faisant allusion aux paroles de l’ange, qui ordonne à Joseph de fuir Hérode et de se réfugier en Égypte, Jean Chrysostome commente : A ces mots, Joseph ne s’étonna point ni ne s’exclama : c’est à n’y rien comprendre ! Tu annonçais toi-même, il n’y a pas longtemps, qu’il sauverait son peuple, et maintenant voilà qu’il n’est pas capable de se sauver lui-même et que nous devons fuir, nous mettre en route et supporter un long voyage ; ce n’est pas là ce que tu m’avais promis. Joseph ne parle pas ainsi, car c’est un homme fidèle. Il ne demande pas non plus l’époque du retour, bien que l’ange ne l’ait pas précisée quand il lui a dit : reste là-bas — en Égypte —jusqu’à ce que je te le dise. Et, sans se créer de difficultés pour autant, il obéit, il croit, et supporte avec joie toutes les épreuves.

La foi de Joseph ne chancelle pas, son obéissance est toujours stricte et prompte. Pour mieux comprendre la leçon que nous donne ici le saint Patriarche, il est bon que nous considérions combien sa foi est active, et combien son obéissance ressemble peu à celle d’un homme dépassé par les événements. Car la foi chrétienne s’oppose radicalement au conformisme ou à la passivité et à l’inertie intérieures.

Joseph s’abandonna sans réserve entre les mains de Dieu, mais il ne refusa jamais de chercher à comprendre le sens des événements : aussi put-il obtenir du Seigneur ce qui est la véritable sagesse, le don d’intelligence des œuvres de Dieu. Il apprit ainsi que les plans surnaturels ont une cohérence divine, parfois en contradiction avec les plans humains.

Le Patriarche ne renonce pas à penser, dans les diverses circonstances de sa vie ; il n’abandonne pas non plus ses responsabilités ; il met au contraire toute son expérience humaine au service de sa foi. Quand il revint d’Égypte, apprenant qu’Archélaüs régnait sur la Judée à la place d’Hérode son père, il craignit de s’y rendre. Il a appris à agir selon le plan divin et, pour confirmer que ce qu’il entrevoit est la volonté de Dieu, il reçoit l’indication de se retirer en Galilée.

Telle fut la foi de saint Joseph : totale, confiante, entière ; elle se manifeste par une obéissance intelligente et une soumission active à la volonté de Dieu. Et, avec la foi, la charité, l’amour. Sa foi se confond avec l’amour : avec l’amour de Dieu, qui était en train d’accomplir les promesses faites à Abraham, à Jacob et à Moïse ; avec son affection d’époux envers Marie, avec son affection de père envers Jésus. Foi et amour, dans l’espérance de la grande mission que Dieu, en se servant aussi de lui, charpentier de Galilée, entreprenait dans le monde : la Rédemption des hommes.

Références à la Sainte Écriture
Choisir une autre langue