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3 points de « Entretiens » sont liés à la thématique Petites choses  → la sainteté et les petites choses .

Le sens authentique du christianisme – qui professe la résurrection de toute chair – s’affronte toujours, comme il est logique, avec la désincarnation, sans crainte d’être taxé de matérialisme. Il est donc permis de parler d’un matérialisme chrétien qui s’oppose audacieusement aux matérialismes fermés à l’esprit. Que sont les sacrements – empreintes de l’Incarnation du Verbe, comme l’affirmaient les anciens – sinon la manifestation la plus claire de ce chemin que Dieu a choisi pour nous sanctifier et nous mener au ciel ? Ne voyez-vous pas que chaque sacrement témoigne de l’amour de Dieu, dans toute sa force créatrice et rédemptrice, qui nous est concédé à l’aide de moyens matériels ? Qu’est l’Eucharistie – imminente déjà – sinon le Corps et le Sang adorables de notre Rédempteur, qui nous sont offerts à travers l’humble matière de ce monde – le vin et le pain –, à travers les éléments de la nature, cultivés par l’homme , ainsi qu’a voulu le rappeler le dernier concile œcuménique ?

L’on comprend, mes enfants, que l’Apôtre pouvait écrire : tout est à vous ; mais vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu . Il s’agit d’un mouvement ascendant que le Saint-Esprit, partout présent en nos cœurs, entend provoquer dans le monde : à partir de la terre, jusqu’à la gloire du Seigneur. Et pour qu’il fût clair que même ce qui semble le plus prosaïque était inclus dans ce mouvement, saint Paul écrivait également : soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu .

Cette doctrine de la Sainte Écriture qui est, comme vous le savez, au centre même de l’esprit de l’Opus Dei, doit vous mener à réaliser votre travail avec perfection, à aimer Dieu et les hommes en faisant avec amour les petites choses habituelles de la journée, découvrant ainsi ce quelque chose de divin qui se trouve enfermé dans les détails. Comme ils viennent à propos ces vers du poète castillan :

Tout doucement, tournez bien les lettres :

Bien faire les choses

Est plus important que de les faire .

Je vous assure, mes enfants, que lorsqu’un chrétien accomplit avec amour les actions quotidiennes les moins transcendantes, ce qu’il fait déborde de transcendance divine. Voilà pourquoi je vous ai dit, répété et ressassé inlassablement, que la vocation chrétienne consiste à convertir en alexandrins la prose de chaque jour. Sur la ligne de l’horizon, mes enfants, le ciel et le terre semblent se rejoindre. Mais non, là où ils s’unissent, en réalité, c’est dans vos cœurs, lorsque vous vivez saintement la vie ordinaire…

Vivre saintement la vie ordinaire, vous disais-je à l’instant. Et par ces mots, j’entends le programme tout entier de vos préoccupations quotidiennes. Laissez donc les rêves, les faux idéalismes, les fantaisies, en un mot, ce que j’ai coutume d’appeler la mystique du si – ah ! si je ne m’étais pas marié, ah ! si je n’avais pas cette profession, ah ! si j’avais une meilleure santé, ah ! si j’étais jeune, ah ! si j’étais vieux ! – et, en revanche, tenez-vous-en à la réalité la plus matérielle et la plus immédiate, car c’est là que se trouve le Seigneur : Voyez mes mains et mes pieds, dit Jésus ressuscité : C’est bien moi ! Touchez-moi et rendez-vous compte qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai .

Ils sont multiples, les aspects du milieu séculier où vous évoluez, qu’éclairent ces vérités. Pensez, par exemple, à l’ensemble de vos activités en tant que citoyens dans la vie civile. Un homme qui sait que le monde – et non seulement l’église – est son lieu de rencontre avec le Christ, aime ce monde, tâche d’acquérir une bonne préparation intellectuelle et professionnelle, établit en toute liberté ses propres jugements sur les problèmes du milieu où il évolue ; et, par conséquent, il prend ses propres décisions, lesquelles, parce qu’elles sont les décisions d’un chrétien, procèdent en outre d’une réflexion personnelle, qui tente humblement de saisir la volonté de Dieu dans les détails, petits et grands, de la vie.

Je nourris l’espoir – parce que cela répond à la justice et à une réalité que connaissent tant de pays – qu’un jour viendra où l’État espagnol contribuera, lui aussi, à réduire les charges d’une tâche qui ne vise à aucun profit privé et qui, au contraire, précisément parce qu’elle se met tout entière au service de la société, tente de collaborer efficacement à la prospérité présente et future de la nation.

Et maintenant, mes fils et mes filles, permettez-moi d’insister sur un autre aspect, cher entre tous, de la vie ordinaire. Je veux parler de l’amour humain, de l’amour pur entre l’homme et la femme, des fiançailles, du mariage. Je tiens à dire une fois de plus que ce saint amour humain n’est pas simplement une chose permise, tolérée, à côté des véritables activités de l’esprit, comme on pourrait le déduire des faux spiritualismes auxquels je faisais tout à l’heure allusion. Depuis quarante ans, je proclame exactement le contraire, par la parole et par l’écrit, et ceux qui ne le comprenaient pas commencent à le comprendre.

L’amour, qui conduit au mariage et à la famille, peut être également un chemin divin, un chemin de vocation, un chemin merveilleux, une voie qui aboutit à l’engagement total envers notre Dieu. Réalisez les choses avec perfection, je vous l’ai rappelé, apportez de l’amour aux petites activités de la journée, découvrez, j’insiste, ce quelque chose de divin que renferment les détails : cette doctrine trouve une place spéciale dans l’espace vital, qui forme le cadre de l’amour humain.

Vous le savez, professeurs, étudiants et vous tous qui vous consacrez à l’université de Navarre : j’ai confié vos amours à Sainte Marie, Mère du Bel Amour. Vous avez là-bas la chapelle que nous avons construite avec dévotion dans le campus universitaire, pour qu’elle y accueille vos prières et l’offrande de cet amour, pur et splendide, qu’elle bénit.

Ne saviez-vous pas que votre corps est un temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous tenez de Dieu ? Et que vous ne vous appartenez pas ? Que de fois, devant la statue de la Vierge Marie, Mère du Bel Amour, ne répondrez-vous pas à la question de l’Apôtre par une affirmation joyeuse : oui, nous le savons et nous voulons vivre ainsi, avec votre aide puissante, ô Vierge, Mère de Dieu !

La prière contemplative jaillira de votre âme, chaque fois que vous méditerez cette réalité surprenante : une chose aussi matérielle que mon corps a été choisie par l’Esprit Saint pour y établir sa demeure…, je ne m’appartiens déjà plus…, mon corps et mon âme – mon être tout entier – sont à Dieu… et cette prière sera riche de résultats pratiques qui dériveront de cette grande conséquence proposée par le même apôtre : glorifiez Dieu dans votre corps .

Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture