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3 points de « Entretiens » sont liés à la thématique Service → à la société.

Comment l’Opus Dei se développe-t-il dans les pays autres que l’Espagne ? Quelle est son influence aux États-Unis, en Angleterre, en Italie, etc. ?

Actuellement, font partie de l’Opus Dei des ressortissants de quatre-vingts nations, qui travaillent dans tous les pays d’Amérique et d’Europe occidentale et dans certains pays d’Afrique, d’Asie et d’Océanie.

L’influence de l’Opus Dei, dans tous ces pays, est une influence spirituelle. Il s’agit essentiellement d’aider les personnes qui s’approchent de nous à vivre l’esprit évangélique avec une plénitude accrue dans leur existence quotidienne. Ces personnes travaillent dans les milieux les plus variés ; il y a, parmi elles, des paysans qui cultivent la terre dans des villages perdus de la chaîne des Andes, et aussi des banquiers de Wall Street. L’Opus Dei leur enseigne que le travail courant – qu’il soit humble ou brillant dans l’ordre humain – est d’une haute valeur et peut être le moyen très efficace d’aimer et de servir Dieu et le prochain. Il leur enseigne à aimer tous les hommes, à respecter leur liberté, à travailler – en toute autonomie, comme bon leur semblera –, à supprimer l’incompréhension et l’intolérance parmi les hommes et à rendre la société plus juste. Telle est la seule influence que l’Opus Dei exerce partout où il agit.

Quant aux œuvres sociales et éducatives que l’Opus Dei fonde directement, je vous dirai qu’elles répondent aux conditions locales et aux besoins de la société. Je ne possède aucun renseignement précis sur ces fondations, car, comme je vous l’expliquais, notre organisation est fort décentralisée. Je pourrais mentionner, comme un exemple parmi beaucoup d’autres, le Midtown Sports and Cultural Center, dans le Near West Side de Chicago qui propose des programmes éducatifs et sportifs aux habitants du quartier. Sa mission consiste, pour une part importante, à encourager la coexistence et la bonne entente entre les différents groupes ethniques. Un autre travail intéressant se fait à Washington, à The Heights, où sont donnés des cours d’orientation professionnelle, avec programmes spéciaux pour étudiants particulièrement doués, etc.

Pour ce qui est de l’Angleterre, on pourrait signaler les résidences universitaires qui, outre la pension, offrent aux étudiants divers programmes d’études qui complètent leur formation culturelle, humaine et spirituelle. Netherhall House, à Londres, mérite peut-être une mention spéciale en raison de son caractère international. Des étudiants de plus de cinquante pays y ont habité, dont beaucoup ne sont pas chrétiens, car les maisons de l’Opus Dei sont ouvertes à tous sans discrimination de race ou de religion.

Pour ne pas m’étendre davantage, je ne citerai que le Centro Internazionale della Gioventù lavoratrice, à Rome. Ce centre, qui a pour tâche la formation professionnelle des jeunes ouvriers, fut confié à l’Opus Dei par le pape Jean XXIII et inauguré par Paul VI, il y a moins d’un an.

L’étape historique qui est la nôtre se caractérise par une préoccupation toute spéciale pour la démocratisation de l’enseignement : son accessibilité à toutes les classes sociales. On ne conçoit pas que l’institution universitaire n’ait point de répercussion ni de fonction sociale. Quel sens donnez-vous à cette démocratisation et comment l’Université peut-elle remplir sa fonction sociale ?

Il faut que l’Université forme les étudiants dans un esprit de service : service de la société, promotion du bien commun grâce à leur travail professionnel et à leur action civique. Les étudiants doivent être responsables, manifester une saine inquiétude pour les problèmes d’autrui et un esprit généreux qui les pousse à affronter ces problèmes et à tâcher de leur trouver la meilleure solution possible. Offrir tout cela à l’étudiant, telle est la tâche de l’Université.

Tous ceux qui en sont capables doivent avoir accès aux études supérieures, quels que soient leur origine sociale, leurs moyens financiers, leur race ou leur religion. Aussi longtemps qu’il y aura des barrières dans ce domaine, la démocratisation de l’enseignement ne sera qu’un vain mot.

Bref, l’Université doit être ouverte à tous et, d’autre part, elle doit former ses étudiants de telle manière que leur futur travail professionnel puisse être mis au service de tous.

En revanche, l’Opus Dei ouvre des centres de formation pour ouvriers et paysans, des centres d’enseignement primaire, secondaire et universitaire, en plus des activités de tout genre qu’il exerce dans le monde entier, car son élan apostolique, écrivais-je il y a de nombreuses années, est une mer sans rivages.

Mais pourquoi m’étendre sur cette matière, si votre présence ici est plus éloquente qu’un long discours ? Vous, les Amis de l’Université de Navarre, faites partie d’un peuple qui se sait engagé dans le progrès de la société à laquelle il appartient. Votre encouragement cordial, vos prières, votre sacrifice et vos apports n’empruntent pas les voies d’un confessionnalisme catholique : en nous assurant de votre coopération, vous êtes le témoignage évident d’une conscience civile droite, soucieuse du bien commun temporel ; vous témoignez qu’une université peut naître des énergies du peuple et être soutenue par le peuple.

Une fois de plus, je désire, en cette occasion, remercier la très noble ville de Pampelune et la grande et forte province de Navarre pour la collaboration qu’elles prêtent à notre université ; de même que les amis venus de toutes les régions d’Espagne et – je le dis avec une émotion particulière – les non-Espagnols et jusqu’aux non-catholiques et aux non-chrétiens, qui ont compris (et le démontrent par des actes), l’intention et l’esprit qui animent cette entreprise.

Grâce à tous, l’université est devenue un foyer toujours plus ardent de liberté civique, de formation intellectuelle, d’émulation professionnelle, et un stimulant pour l’enseignement universitaire. Votre généreux sacrifice est à la base du travail universel qui poursuit le développement des sciences humaines, la promotion sociale et la pédagogie de la foi.

Ce que je viens d’évoquer a été clairement perçu par le peuple navarrais, qui a su reconnaître également, dans son université, un facteur de promotion économique, et spécialement de promotion sociale pour la région, lequel a permis à tant de ses enfants d’accéder aux professions intellectuelles, ce qui eût été, autrement, difficile, et dans certains cas impossible. Le fait d’avoir compris le rôle que l’université allait jouer dans son destin a sûrement été la cause de l’appui que la Navarre lui a donné dès le début. Cet appui sera sans doute toujours plus grand et plus enthousiaste.