Liste des points

4 points de « Quand le Christ passe » sont liés à la thématique Prière → vie de prière.

Il est donc nécessaire que notre foi soit vive, qu’elle nous pousse réellement à croire en Dieu et à entretenir avec lui un dialogue continuel. La vie chrétienne doit être vie de prière constante : nous devons essayer d’être en présence du Seigneur du matin au soir et du soir au matin. Le chrétien n’est jamais un homme solitaire, puisqu’il est en rapport constant avec Dieu, qui est à côté de nous et dans les cieux.

Sine intermissione orate, ordonne l’apôtre, priez sans cesse. Rappelant ce précepte apostolique, Clément d’Alexandrie écrit : il nous est commandé de louer et d’honorer le Verbe, dont nous savons qu’il est le sauveur et le roi ; et par lui, le Père, non pas en des jours choisis, comme d’autres le font, mais constamment tout au long de notre vie, et de toutes les façons possibles.

Au milieu des occupations de la journée, à l’instant de vaincre la tendance à l’égoïsme, lorsque nous éprouvons la joie de l’amitié envers les autres hommes, dans tous ces moments-là, le chrétien doit retrouver Dieu. Par le Christ et dans l’Esprit Saint, le chrétien accède à l’intimité de Dieu le Père, et il parcourt son chemin en cherchant ce royaume qui, bien que n’étant pas de ce monde, se prépare et commence dans ce monde.

Il faut fréquenter le Christ, dans la Parole et dans le Pain, dans l’Eucharistie et dans la prière. Et le fréquenter comme on fréquente un ami, un être réel et vivant comme l’est le Christ, puisqu’il est ressuscité. Mais lui, lisons-nous dans l’Épître aux Hébreux, du fait qu’il demeure pour l’éternité, il a un sacerdoce immuable. D’où il résulte qu’il est capable de sauver de façon définitive ceux qui par lui s’avancent vers Dieu, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur.

Le Christ, le Christ ressuscité, c’est le compagnon, c’est l’Ami. Un compagnon qui ne se laisse voir que dans la pénombre, mais dont la réalité remplit toute notre vie et nous fait désirer sa compagnie définitive. L’Esprit et l’Épouse disent : “Viens !” Que celui qui écoute dise : “Viens !” Et que l’homme assoiffé s’approche, que l’homme de désir reçoive l’eau de la vie, gratuitement… Le garant de ces révélations l’affirme : “Oui, mon retour est Proche !” Oh oui, viens, Seigneur Jésus !

Une prière au Dieu de ma vie. Si Dieu est vie pour nous, nous ne devons pas nous étonner que notre existence de chrétien doive être tissée de prière. Mais ne pensez pas que la prière soit un acte qu’on accomplit, pour l’abandonner ensuite. Le juste se plaît dans la loi de Yahvé et murmure sa loi jour et nuit. Le matin je pense à toi ; et le soir, ma prière monte vers toi comme l’encens. La journée entière peut être prière ; du soir au matin et du matin au soir. Bien plus : comme le rappelle l’Écriture Sainte, le sommeil aussi doit être prière.

Rappelez-vous ce que les Évangiles nous disent de Jésus. Il passait parfois la nuit entière en conversation intime avec son Père. Comme les premiers disciples aimaient la figure du Christ en prière ! Après avoir contemplé cette attitude continuelle du Maître, ils lui demandèrent : Domine, doce nos orare, Seigneur apprends-nous à prier.

Saint Paul répand partout l’exemple vivant du Christ : oratione instantes : persévérants dans la prière, écrit-il. Et saint Luc trace d’un trait la manière d’agir des premiers fidèles : animés d’un même esprit, ils persévéraient ensemble dans la prière.

La trempe du bon chrétien se forge, avec l’aide de la grâce, dans la prière. Et cet aliment de la prière, parce qu’il est vie, ne se développe pas dans une seule direction. Le cœur s’épanche habituellement en paroles, dans ces oraisons vocales que Dieu lui-même nous a apprises, le Notre Père, ou que ses anges nous ont enseignées, l’Ave Maria. D’autres fois, nous nous servirons de prières consacrées par le temps, prières grâce auxquelles la piété de millions de frères dans la foi s’est épanchée : celles de la liturgie — lex orandi — celles qui sont nées de la passion d’un cœur amoureux, comme tant d’antiennes : Sub tuum præsidium… Memorare…, Salve Regina …

A d’autres moments, deux ou trois invocations, lancées au Seigneur comme des flèches, iaculata, nous suffiront : oraisons jaculatoires que nous apprenons en lisant attentivement l’histoire du Christ : Domine, si vis, potes me mundare, Seigneur, si tu veux, tu peux me guérir ; Domine, tu omnia nosti, tu scis quia amo te, Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime ; Credo, Domine, sed adiuva incredulitatem meam, je crois Seigneur, mais viens en aide à mon peu de foi ; Domine, non sum dignus, Seigneur, je ne suis pas digne ! Dominus meus et Deus meus !. Mon Seigneur et mon Dieu !… Ou d’autres phrases, brèves et affectueuses, qui jaillissent du fond de l’âme avec ferveur et répondent à une situation concrète.

Notre vie de prière doit en plus se fonder sur quelques moments que nous consacrons chaque jour exclusivement à la conversation avec Dieu ; dialogue sans bruit de paroles, près du Tabernacle chaque fois que possible, pour remercier le Seigneur — il est si seul ! — de cette attente de vingt siècles. L’oraison mentale consiste en ce dialogue avec Dieu, cœur à cœur, auquel participe l’âme tout entière : l’intelligence et l’imagination, la mémoire et la volonté. Une méditation qui contribue à donner une valeur surnaturelle à notre pauvre vie humaine, à notre vie quotidienne ordinaire.

Grâce à ces moments de méditation, aux oraisons vocales, aux oraisons jaculatoires, nous saurons, avec naturel et sans spectacle, faire de notre journée une louange continuelle à Dieu. Nous resterons en sa présence, comme les amoureux qui ne cessent de penser à la personne qu’ils aiment, et toutes nos actions, même les plus infimes, se rempliront d’efficacité spirituelle.

C’est pourquoi, quand un chrétien entreprend ce chemin de conversation ininterrompue avec le Seigneur — et c’est un chemin fait pour tous, pas un sentier pour privilégiés —, la vie intérieure grandit, sûre et ferme ; et l’homme s’affermit dans cette lutte, à la fois aimable et exigeante, pour réaliser à fond la volonté de Dieu.

A partir de la voie d’oraison, nous pouvons comprendre l’autre thème que nous propose la fête d’aujourd’hui : l’apostolat, la mise en pratique de l’enseignement de Jésus, transmis aux siens peu avant de monter aux cieux : vous me servirez de témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, en Samarie et jusqu’aux confins de la terre.

Apostolat, corédemption

En deuxième lieu, vie de prière, parce que le don, l’obéissance et la bonté du chrétien naissent de l’amour et s’orientent vers l’amour. Et l’amour conduit à la fréquentation, à la conversation et à l’amitié. La vie chrétienne requiert un dialogue constant avec le Dieu Un et Trine, et c’est à cette intimité que nous conduit le Saint-Esprit. Qui donc chez les hommes connaît les secrets de l’homme, sinon l’esprit de l’homme qui est en lui ? De même, nul ne connaît les secrets de Dieu, sinon l’Esprit de Dieu. Si nous sommes en rapport constant avec le Saint-Esprit, nous deviendrons également spirituels, nous nous sentirons frères du Christ et enfants de Dieu, de ce Dieu que nous n’hésiterons pas à invoquer comme notre propre Père.

Habituons-nous à fréquenter le Saint-Esprit, car c’est lui qui doit nous sanctifier ; à avoir confiance en lui, à lui demander son aide, et à le sentir près de nous. Notre pauvre cœur s’agrandira peu à peu, nous aurons davantage envie d’aimer Dieu et, à travers lui, toutes les créatures. Et la vision finale de l’Apocalypse se reproduira alors dans notre vie : l’Esprit et l’Épouse, le Saint-Esprit et l’Église – et chaque chrétien – s’adressent à Jésus, au Christ, et lui demandent de venir et d’être avec nous pour toujours.

Si vous cherchez Marie, vous trouverez Jésus. Et vous apprendrez à comprendre un petit peu ce qu’il y a dans ce cœur de Dieu qui s’anéantit, qui renonce à manifester son pouvoir et sa majesté, pour se présenter à nous sous la forme d’un esclave. En employant le langage de tous les jours, nous pourrions dire que Dieu dépasse les bornes, puisqu’il ne se limite pas à ce qui serait essentiel ou indispensable pour nous sauver ; il va plus loin. L’unique forme de conduite ou de mesure qui nous permet de comprendre tant soit peu cette manière d’agir de Dieu, c’est de nous rendre compte qu’elle manque de mesure, de concevoir à quel point elle naît d’une folie d’amour qui le pousse à prendre notre chair et à se charger du fardeau de nos péchés.

Comment serait-il possible que nous nous en rendions compte et que nous percevions combien Dieu nous aime, sans devenir à notre tour fous d’amour ? Il faut laisser ces vérités de notre foi imprégner notre âme jusqu’à ce qu’elles transforment toute notre vie. Dieu nous aime ! Lui, le Tout-Puissant, l’Omnipotent, qui a fait le ciel et la terre.

Dieu va jusqu’à s’intéresser aux plus petits détails concernant ses créatures — vos affaires et les miennes — et il nous appelle un par un, par notre nom. Cette certitude que nous donne la foi nous fait contempler ce qui nous entoure sous un jour nouveau et, bien que tout demeure pareil, nous avons la sensation que tout est différent, parce que tout est expression de l’amour de Dieu.

Notre vie devient alors une prière continuelle, dans une bonne humeur et une paix qui jamais ne s’épuisent, en un mouvement d’action de grâces s’égrenant au fil des heures. Mon âme exalte le Seigneur, s’exclame Marie, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a jeté les yeux sur son humble servante. Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom.

Notre prière à nous peut accompagner et imiter cette prière de Marie. Comme Elle, nous ressentirons le désir de chanter, de proclamer les merveilles de Dieu, pour que l’humanité entière participe à notre bonheur.

C’est Marie qui nous fait nous sentir frères