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2 points de « Amis de Dieu » sont liés au thème "Monde".

Lorsque je m’adresse à vous, quand nous nous entretenons ensemble avec Dieu notre Seigneur, je poursuis ma prière personnelle à voix haute : j’aime à le rappeler très souvent. Vous devez aussi vous efforcer d’alimenter votre prière dans votre âme, même si pour une raison quelconque, comme celle d’aujourd’hui par exemple, nous sommes tenus de traiter un sujet qui, à première vue, ne nous semble pas tout à fait propre au dialogue d’amour qu’est en fait notre conversation avec le Seigneur. Je dis à première vue, car tout ce qui nous arrive, tout ce qui se passe autour de nous peut et doit faire l’objet de notre méditation.

Je dois vous parler du temps, de ce temps qui fuit. Je ne reprendrai point l’affirmation connue selon laquelle « un an de plus, c’est un an de moins ». Je ne vous conseillerai pas non plus de demander aux gens ce qu’ils pensent du passage des jours. Si vous le faisiez, vous obtiendriez probablement d’eux une réponse du genre : Jeunesse, trésor divin, tu t’en vas pour ne plus jamais revenir… Quoique je n’exclue pas que vous entendiez des propos plus chargés de sens surnaturel.

Je ne veux pas non plus m’arrêter à considérer la brièveté de la vie avec des accents nostalgiques. Le caractère éphémère de notre vie terrestre devrait plutôt inciter les chrétiens à mieux profiter de leur temps qu’à craindre Notre Seigneur ; moins encore à voir dans la mort une fin désastreuse. On a répété de mille façons différentes plus ou moins poétiques, qu’une année qui s’achève c’est, avec la grâce et la miséricorde de Dieu, un pas de plus qui nous rapproche du Ciel, notre Patrie définitive.

En pensant à cette réalité, je comprends très bien les mots que saint Paul adresse aux Corinthiens : tempus breve est ! que la durée de notre passage sur terre est brève ! Ces mots retentissent au plus profond du cœur de tout chrétien cohérent, comme un reproche face à son manque de générosité, et comme une invitation constante à la loyauté. Il est vraiment court le temps que nous avons pour aimer, pour offrir, pour réparer. Il n’est donc pas juste de le gaspiller, ni de jeter de façon irresponsable ce trésor par la fenêtre : nous ne pouvons pas laisser passer cette étape du monde que Dieu confie à chacun.

En lisant l’épître d’aujourd’hui, je voyais Daniel au milieu des lions affamés, et, sans pessimisme, je ne puis dire que n’importe quelle époque passée a été meilleure, car toutes les époques ont été bonnes et mauvaises, je pensais que, par les temps qui courent, beaucoup de lions sont en liberté, et que nous devons vivre au milieu d’eux. Des lions qui cherchent qui dévorer : tamquam leo rugiens circuit, quærens quem devoret.

Comment éviterons-nous ces fauves ? Peut-être ne nous arrivera-t-il pas la même chose qu’à Daniel. Je ne suis pas enclin à voir des miracles partout, mais j’aime cette magnificence de Dieu et je comprends qu’il aurait été plus facile pour lui d’apaiser la faim du prophète ou de déposer un plat devant lui ; or ce n’est pas ce qu’il a fait. Il a ordonné, en revanche, à un autre prophète, Habaquq, de se déplacer miraculeusement de la Judée pour lui apporter de la nourriture. Il n’a pas hésité à réaliser un grand prodige, parce que Daniel ne se trouvait pas dans cette fosse par hasard mais par l’injustice des suppôts du diable, du fait d’être serviteur de Dieu et destructeur d’idoles.

Quant à nous, sans prodiges spectaculaires, avec la normalité d’une vie chrétienne ordinaire, par des semailles de paix et de joie, nous devons détruire également beaucoup d’idoles : celle de l’incompréhension, celle de l’injustice, celle de l’ignorance, celle de la prétendue suffisance humaine qui tourne le dos à Dieu avec arrogance.

N’ayez pas peur, ne craignez aucun mal, même si les circonstances dans lesquelles vous travaillez sont terribles, pires que celles de Daniel dans la fosse avec ces animaux voraces. Les mains de Dieu sont aussi puissantes et, si besoin était, elles feraient des merveilles. Fidèles ! Avec une fidélité aimante, consciente, joyeuse, à la doctrine du Christ, persuadés que les années actuelles ne sont pas pires que celles d’autres siècles et que le Seigneur est toujours le même.

J’ai connu un vieux prêtre qui affirmait de lui-même en souriant : je suis toujours tranquille, tranquille. Nous devons nous trouver toujours ainsi, au beau milieu du monde, entourés de lions affamés, mais sans perdre la paix : tranquilles. Avec amour, avec foi, avec espérance, sans oublier jamais que, s’il le faut, le Seigneur multipliera les miracles.

Références à la Sainte Écriture
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