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4 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Monde → espérance et éternité.

Travaillons à augmenter notre humilité. Seule une foi humble donnera à notre regard une vision surnaturelle. Il n’y a pas d’autre alternative : mener une vie surnaturelle, ou mener une vie animale. Et toi, et moi, nous ne pouvons vivre que la vie de Dieu, la vie surnaturelle. Que servira-t-il donc à l’homme de gagner le monde entier, s’il ruine sa propre vie ? À quoi servent à l’homme tout ce qui peuple la terre, toutes les ambitions de l’intelligence et de la volonté ? À quoi bon tout cela, si tout sombre, si toutes les richesses de ce monde terrestre ne sont que décors de théâtre ; si c’est ensuite l’éternité pour toujours, pour toujours, pour toujours ?

Cet adverbe, « toujours », a fait la grandeur de Thérèse d’Avila. Tout enfant, elle franchit un jour les murailles de la ville, par la porte de l’Adaja, en compagnie de son frère Rodrigue, pour aller au pays des Maures, dans l’espoir d’y être décapités pour le Christ ; et elle murmurait à l’oreille de son frère, qui se fatiguait sur le chemin : pour toujours, pour toujours, pour toujours.

Les hommes mentent quand ils disent « pour toujours » à propos de leurs affaires temporelles. Seul est vrai, d’une vérité absolue, le « pour toujours » face à Dieu. Et c’est ainsi que tu dois vivre, avec une foi qui te fera sentir la saveur du miel, une douceur céleste, lorsque tu penseras à l’éternité qui, elle, est vraiment pour toujours.

Vie ordinaire et contemplation

À la vue du figuier devenu sec, les disciples dirent tout étonnés : « Comment, en un instant, le figuier est-il devenu sec ? » Ces douze de la première heure, qui ont pourtant assisté à tant de miracles du Christ, sont une fois de plus stupéfaits ; ils n’ont pas encore une foi ardente. Voilà pourquoi le Seigneur nous assure : En vérité je vous le dis, si vous avez une foi qui n’hésite point, non seulement vous ferez ce que je viens de faire au figuier, mais, si vous dites à cette montagne : soulève-toi et jette-toi dans la mer, cela se fera. Jésus-Christ pose comme condition que nous vivions de la foi : alors nous serons capables de déplacer des montagnes. Il y a tant de choses à déplacer dans le monde, et d’abord… dans notre cœur. Tant d’obstacles à la grâce ! Alors, ayez la foi et les œuvres, la foi et l’esprit de sacrifice, la foi et l’humilité. La foi fait de nous des créatures toute-puissantes : Tout ce que vous demanderez dans une prière pleine de foi, vous l’obtiendrez.

L’homme de foi sait juger à leur juste valeur les choses de la terre, il sait que notre passage ici-bas n’est, pour reprendre un mot de Thérèse d’Avila, qu’une mauvaise nuit dans une mauvaise auberge. Il renforce sa conviction que notre existence sur la terre est un temps de travail et de lutte, un temps de purification destiné à acquitter nos dettes envers la justice divine, à cause de nos péchés. Il sait aussi que les biens temporels sont des moyens, dont il se sert avec générosité, avec héroïsme.

La ritournelle tant rebattue que l’espérance est la dernière chose que l’on perd vient aux lèvres de beaucoup avec une cadence monotone. Comme si l’espérance était une sorte de bouée qui permet de continuer à marcher sans complications et sans inquiétudes de conscience ! Ou encore, comme si elle était un prétexte pour reporter sine die l’occasion de rectifier notre conduite, la lutte pour atteindre des buts élevés et notamment notre fin suprême, qui est de nous unir à Dieu !

Je dirai même que c’est là un bon moyen de confondre l’espérance avec la tranquillité. Car, au fond, il manque le désir d’atteindre un vrai bien, légitime, spirituel ou matériel. La plus haute aspiration de certains se réduit à se dérober à tout ce qui pourrait altérer la tranquillité, apparente, de leur existence médiocre. Avec cette âme timide, chétive et paresseuse, la créature se laisse atteindre par des formes subtiles d’égoïsme et se contente de ce que jours et années s’écoulent sine spe nec metu  : sans aspirations exigeant un effort, sans les inquiétudes de la mêlée. L’important alors est d’éviter le risque de déconvenues et de larmes. Comme on est bien loin d’obtenir quelque chose, si l’on n’a pas su répondre au désir de le posséder, par crainte des exigences que cela représente !

S’y ajoute l’attitude superficielle de ceux qui, y compris sous des apparences de culture ou de science, composent avec le thème de l’espérance une poésie facile. Incapables d’affronter sincèrement leur propre intimité et de prendre parti pour le bien, ils réduisent l’espérance à une illusion, à une rêverie utopique, à une simple consolation face aux angoisses d’une vie difficile. L’espérance — la fausse espérance ! — devient chez eux velléité frivole qui ne conduit à rien.

Cette lutte des enfants de Dieu ne doit pas être faite de tristes renoncements, d’obscures résignations ou de privations de joie : elle est la réaction de l’amoureux qui, au cœur du travail et du repos, au milieu des joies ou des souffrances, dirige sa pensée vers la personne aimée et affronte pour elle, de bon cœur, les différents problèmes. Dans notre cas, Dieu, j’insiste, ne perdant pas de batailles, nous serons déclarés vainqueurs avec lui. J’ai l’expérience que, si j’obéis fidèlement à ses appels, sur des prés d’herbe fraîche il me parque. Vers les eaux du repos il me mène. Il y refait mon âme. Il me guide par le juste chemin pour l’amour de son nom. Passerais-je un ravin de ténèbre, je ne crains aucun mal : près de moi ton bâton, ta houlette sont là qui me consolent.

Pour ces batailles de l’âme, la stratégie est souvent une question de temps et consiste à appliquer le remède adéquat avec patience, avec obstination. Faites davantage d’actes d’espérance. Encore une fois, vous connaîtrez des défaites, ou vous passerez par des hauts et des bas dans votre vie intérieure, que Dieu veuille bien les rendre imperceptibles ! Personne ne se trouve à l’abri de ces contretemps. Mais le Seigneur, qui est tout-puissant et miséricordieux, nous a accordé les moyens appropriés pour vaincre. Il ne nous reste qu’à les employer, ainsi que je le commentais tout à l‘heure, avec la résolution de commencer et de recommencer, à chaque instant s’il le fallait.

Recourez toutes les semaines, et chaque fois que vous en aurez besoin, sans pour autant donner prise aux scrupules, au saint sacrement de la Pénitence, au sacrement du pardon divin. Revêtus ainsi de la grâce, nous franchirons les montagnes et nous gravirons, sans nous arrêter, les pentes raides de notre devoir chrétien. Si nous utilisons vraiment ces ressources, si nous prions aussi le Seigneur de nous accorder une espérance qui grandisse de jour en jour, nous posséderons la joie contagieuse de ceux qui se savent enfants de Dieu : Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Optimisme donc ! Poussés par la force de l’espérance, nous lutterons pour effacer la tache visqueuse que propagent les semeurs de haine, et nous redécouvrirons le monde dans une perspective pleine de joie, car ce monde est sorti beau et propre des mains de Dieu. Et, si nous apprenons à nous repentir, c’est empreint de cette même beauté que nous le lui rendrons.

Le regard tourné vers le Ciel

Références à la Sainte Écriture
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