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6 points de « Amis de Dieu » sont liés au thème "Tiédeur".

Il en va du Royaume des Cieux comme d’un propriétaire qui sortit au point du jour afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. Vous connaissez déjà le récit : cet homme revient à plusieurs reprises sur la place pour embaucher des ouvriers. Certains ont été appelés de bon matin ; d’autres à la tombée du jour.

Ils reçoivent tous un denier : le salaire que je t’avais promis, c’est-à-dire mon image et ma ressemblance. L’image du Roi est gravée sur le denier. Telle est la miséricorde de Dieu, qui appelle chacun conformément à ses circonstances personnelles parce qu’il veut que tous les hommes soient sauvés. Quant à nous, nous sommes nés chrétiens, nous avons été élevés dans la foi, nous avons été très clairement choisis par le Seigneur. Telle est la réalité. Ainsi, lorsque vous êtes invités à répondre, même si ce n’est qu’à la dernière heure, pouvez-vous rester sur la place publique, à vous dorer au soleil comme nombre de ces ouvriers, parce qu’ils avaient du temps en trop ?

Nous n’avons pas trop de temps, pas même une seconde. Et je n’exagère pas : il y a du travail ; le monde est vaste et des millions d’âmes n’ont toujours pas entendu clairement la doctrine du Christ. Je m’adresse à chacun d’entre vous. Si tu as du temps en trop, réfléchis un peu : il est très possible que tu sois plongé dans la tiédeur ; ou que tu sois infirme, surnaturellement parlant. Tu ne bouges plus, tu es immobile et stérile, tu ne fais pas tout le bien que tu devrais transmettre à ceux qui t’entourent, dans ton milieu, dans ton travail, dans ta famille.

Reposez-vous sur la filiation divine. Dieu est un Père débordant de tendresse, d’un amour infini. Appelle-le « Père » souvent dans la journée et dis-lui, seul à seul, dans ton cœur, que tu l’aimes, que tu l’adores, que tu ressens la fierté et la force d’être son fils. Tu as là un authentique programme de vie intérieure que tu dois canaliser dans tes relations de piété avec Dieu, peu nombreuses, mais constantes, j’insiste, qui te permettront d’acquérir les sentiments et les façons d’être d’un bon fils.

Je dois encore te prévenir contre le danger de la routine, véritable sépulcre de la piété, qui se cache fréquemment sous l’ambition de réaliser ou d’entreprendre de grandes choses, alors que l’on néglige, par commodité, les obligations quotidiennes. Lorsque tu percevras ces insinuations, mets-toi en présence de Dieu avec sincérité : vois si tu n’es pas las de toujours lutter sur les mêmes points, parce que tu ne cherchais pas Dieu ; regarde si, par manque de générosité, d’esprit de sacrifice, ta persévérance fidèle dans le travail ne s’est pas affaiblie. Tes normes de piété, tes petites mortifications, ton activité apostolique qui ne produit pas de fruits immédiats te semblent alors terriblement stériles. Nous nous sentons vides et nous commençons peut-être à échafauder de nouveaux projets, pour faire taire la voix de notre Père du Ciel qui nous réclame une loyauté totale. Et avec ce « cauchemar » de rêves grandioses dans notre âme nous oublions la réalité la plus sûre, le chemin qui nous mène tout droit à la sainteté : c’est le signe le plus évident que nous avons perdu le point de vue surnaturel ; la conviction que nous sommes des tout-petits ; la certitude des merveilles que notre Père est prêt à opérer en nous si nous recommençons avec humilité.

Les balises rouges

Je voudrais que ce soit Jésus qui nous parle de foi, qui nous donne des leçons de foi. Ouvrons donc le Nouveau Testament et revivons avec lui quelques passages de sa vie. Car il a jugé bon d’enseigner progressivement ses disciples, pour les amener à s’en remettre avec confiance à la Volonté du Père. Il les enseigne par la parole et par les œuvres.

Penchons-nous sur le chapitre neuf de l’Évangile selon saint Jean. En passant, il vit un homme qui était aveugle de naissance. Ses disciples lui demandèrent : Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? Ces hommes, pourtant si proches du Christ, jugent mal ce malheureux aveugle. Ceci pour que vous ne soyez pas étonnés si, au cours de votre vie, en servant l’Église, vous voyez des disciples du Seigneur se comporter ainsi à votre égard, ou envers les autres. Peu vous importe : comme l’aveugle, n’en ayez cure et abandonnez-vous sincèrement entre les mains du Christ. Le Christ n’attaque pas, il pardonne. Il ne condamne pas, il absout. Loin d’observer avec détachement la maladie, il applique le remède avec un empressement tout divin.

Notre Seigneur cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, en enduisit les yeux de l’aveugle et lui dit : va te laver à la piscine de Siloé (mot qui signifie : envoyé). L’aveugle s’en alla, il se lava et il revint voyant clair.

Il s’approche du figuier : il s’approche de toi, il s’approche de moi. La faim, la soif d’âmes de Jésus ? Du haut de la croix, il a crié : sitio ! j’ai soif. Soif de nous, de notre amour, de nos âmes, de toutes les âmes que nous devons amener jusqu’à lui par le chemin de la croix, qui est le chemin de l’immortalité et de la gloire du Ciel.

Il s’approcha du figuier, mais il n’y trouva rien que des feuilles. C’est regrettable. En est-il ainsi dans notre vie ? N’est-il pas vrai, hélas, qu’elle manque de foi, de vibration d’humilité, qu’on n’y trouve ni sacrifices ni œuvres ? N’est-il pas vrai que seule la façade est chrétienne, et que les fruits sont absents ? Terrible constatation. Jésus en effet ordonne : Jamais plus tu ne porteras de fruit. Et à l’instant même, le figuier devint sec. Si ce passage de l’Écriture Sainte nous attriste, il nous incite en même temps à raviver notre foi, à vivre selon la foi, afin de n’avoir que des gains à présenter au Christ.

Prenons-y garde : notre Seigneur ne dépendra jamais de nos constructions humaines. Les projets les plus ambitieux ne sont à ses yeux que jeux d’enfants. Ce qu’il veut, ce sont les âmes, c’est notre amour. Il veut que tous les hommes accourent, afin de jouir de son Royaume pour l’éternité. Nous devons travailler beaucoup sur cette terre et nous devons travailler bien, parce que c’est ce travail ordinaire que nous devons sanctifier. Mais n’oublions jamais de réaliser notre travail pour Dieu. Si nous le faisions pour nous-mêmes, par orgueil, nous ne produirions qu’un feuillage inutile. Sur un tel arbre, ni Dieu ni les hommes ne pourraient trouver de fruit.

La ritournelle tant rebattue que l’espérance est la dernière chose que l’on perd vient aux lèvres de beaucoup avec une cadence monotone. Comme si l’espérance était une sorte de bouée qui permet de continuer à marcher sans complications et sans inquiétudes de conscience ! Ou encore, comme si elle était un prétexte pour reporter sine die l’occasion de rectifier notre conduite, la lutte pour atteindre des buts élevés et notamment notre fin suprême, qui est de nous unir à Dieu !

Je dirai même que c’est là un bon moyen de confondre l’espérance avec la tranquillité. Car, au fond, il manque le désir d’atteindre un vrai bien, légitime, spirituel ou matériel. La plus haute aspiration de certains se réduit à se dérober à tout ce qui pourrait altérer la tranquillité, apparente, de leur existence médiocre. Avec cette âme timide, chétive et paresseuse, la créature se laisse atteindre par des formes subtiles d’égoïsme et se contente de ce que jours et années s’écoulent sine spe nec metu  : sans aspirations exigeant un effort, sans les inquiétudes de la mêlée. L’important alors est d’éviter le risque de déconvenues et de larmes. Comme on est bien loin d’obtenir quelque chose, si l’on n’a pas su répondre au désir de le posséder, par crainte des exigences que cela représente !

S’y ajoute l’attitude superficielle de ceux qui, y compris sous des apparences de culture ou de science, composent avec le thème de l’espérance une poésie facile. Incapables d’affronter sincèrement leur propre intimité et de prendre parti pour le bien, ils réduisent l’espérance à une illusion, à une rêverie utopique, à une simple consolation face aux angoisses d’une vie difficile. L’espérance — la fausse espérance ! — devient chez eux velléité frivole qui ne conduit à rien.

Où que nous nous trouvions, le Seigneur nous exhorte : veille ! Face à cet appel de Dieu, nous devons alimenter notre conscience en désirs de sainteté : des désirs enracinés dans l’espérance et suivis d’œuvres. Donne-moi, mon fils, ton cœur, nous souffle-t-il à l’oreille. Cesse de construire des châteaux en Espagne, décide-toi à ouvrir ton âme à Dieu, car ce n’est que dans le Seigneur que tu peux trouver un fondement réel pour ton espérance et pour pratiquer le bien à l’égard du prochain. Si nous ne luttons pas contre nous-même, si nous ne rejetons pas résolument les ennemis qui campent dans notre citadelle intérieure (qu’ils s’appellent orgueil, envie, concupiscence de la chair et des yeux, autosuffisance ou folle avidité de libertinage), s’il n’y a pas enfin de lutte intérieure, alors les idéaux les plus nobles se fanent comme fleur des champs. Le soleil brûlant s’est levé : il a desséché l’herbe et sa fleur tombe, sa belle apparence est détruite. Ensuite, dans les moindres fissures, le découragement et la tristesse pousseront, comme une plante nuisible et envahissante.

Jésus ne se satisfait pas d’une adhésion hésitante. Il prétend, il en a le droit, que nous marchions d’un pas ferme, sans concessions devant les difficultés. Il exige des pas décidés, concrets : d’ordinaire, les résolutions à caractère général servent à peu de chose. Ces résolutions aux contours vagues me semblent de fallacieux espoirs qui visent à étouffer les appels divins que le cœur perçoit : des feux follets, qui ne brûlent ni ne réchauffent et qui disparaissent aussi fugacement qu’ils ont surgi.

C’est pourquoi je serai convaincu de la sincérité de ton intention d’atteindre le but, si je te vois marcher avec détermination. Fais le bien, en révisant ton attitude habituelle devant les occupations de chaque instant. Pratique la justice, précisément dans les milieux que tu fréquentes, même si tu en es rompu de fatigue. Rends heureux ceux qui t’entourent, en les aidant sans réserve dans le travail, en t’efforçant d’achever le tien avec la plus grande perfection humaine possible, par ta compréhension, ton sourire, ton attitude chrétienne. Et le tout pour Dieu, en pensant à sa gloire, le regard tourné vers le Ciel, dans un désir ardent de la Patrie définitive, le seul but qui en vaille la peine.

Je peux tout

Références à la Sainte Écriture
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