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4 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Apostolat → sanctification du monde.

En lisant l’épître d’aujourd’hui, je voyais Daniel au milieu des lions affamés, et, sans pessimisme, je ne puis dire que n’importe quelle époque passée a été meilleure, car toutes les époques ont été bonnes et mauvaises, je pensais que, par les temps qui courent, beaucoup de lions sont en liberté, et que nous devons vivre au milieu d’eux. Des lions qui cherchent qui dévorer : tamquam leo rugiens circuit, quærens quem devoret.

Comment éviterons-nous ces fauves ? Peut-être ne nous arrivera-t-il pas la même chose qu’à Daniel. Je ne suis pas enclin à voir des miracles partout, mais j’aime cette magnificence de Dieu et je comprends qu’il aurait été plus facile pour lui d’apaiser la faim du prophète ou de déposer un plat devant lui ; or ce n’est pas ce qu’il a fait. Il a ordonné, en revanche, à un autre prophète, Habaquq, de se déplacer miraculeusement de la Judée pour lui apporter de la nourriture. Il n’a pas hésité à réaliser un grand prodige, parce que Daniel ne se trouvait pas dans cette fosse par hasard mais par l’injustice des suppôts du diable, du fait d’être serviteur de Dieu et destructeur d’idoles.

Quant à nous, sans prodiges spectaculaires, avec la normalité d’une vie chrétienne ordinaire, par des semailles de paix et de joie, nous devons détruire également beaucoup d’idoles : celle de l’incompréhension, celle de l’injustice, celle de l’ignorance, celle de la prétendue suffisance humaine qui tourne le dos à Dieu avec arrogance.

N’ayez pas peur, ne craignez aucun mal, même si les circonstances dans lesquelles vous travaillez sont terribles, pires que celles de Daniel dans la fosse avec ces animaux voraces. Les mains de Dieu sont aussi puissantes et, si besoin était, elles feraient des merveilles. Fidèles ! Avec une fidélité aimante, consciente, joyeuse, à la doctrine du Christ, persuadés que les années actuelles ne sont pas pires que celles d’autres siècles et que le Seigneur est toujours le même.

J’ai connu un vieux prêtre qui affirmait de lui-même en souriant : je suis toujours tranquille, tranquille. Nous devons nous trouver toujours ainsi, au beau milieu du monde, entourés de lions affamés, mais sans perdre la paix : tranquilles. Avec amour, avec foi, avec espérance, sans oublier jamais que, s’il le faut, le Seigneur multipliera les miracles.

Nous n’avons pas été créés par le Seigneur pour bâtir ici une cité définitive, car ce monde est le chemin vers un autre monde, qui est demeure sans chagrin. Cependant nous, les enfants de Dieu, nous ne devons pas nous désintéresser des activités humaines : Dieu nous y a placés pour les sanctifier, pour les imprégner de notre foi bénie, la seule qui amène la vraie paix et la joie authentique aux âmes et aux différents milieux du monde. Voici quelle a été ma prédication constante depuis 1928 : il est urgent de christianiser la société et d’imprégner de sens surnaturel toutes les couches de cette humanité que nous formons, afin que, les uns et les autres, nous nous efforcions d’élever à l’ordre de la grâce nos tâches quotidiennes, notre profession, notre métier. Ainsi, toutes les occupations humaines s’éclairent d’une espérance nouvelle, qui transcende le temps et la fugacité de ce monde.

Le baptême nous a faits porteurs de la parole du Christ, qui rassérène, qui enflamme et apaise les cons­cien­ces blessées. Pour que le Seigneur agisse en nous et par nous, disons-lui que nous sommes disposés à lutter tous les jours, tout en nous sachant faibles et inutiles, tout en ressentant le poids immense de nos misères et de notre pauvre faiblesse personnelle. Nous devons lui redire que nous avons confiance en lui, en son assistance, et au besoin contre toute espérance, comme Abraham. Nous travaillerons ainsi avec un acharnement renouvelé et nous apprendrons aux hommes à réagir avec sérénité, dépourvus de haine, de méfiance, d’ignorance, d’incompréhension, de pessimisme, car tout est possible à Dieu.

Quelle merveille ce sera quand notre Père nous dira : C’est bien, serviteur bon et fidèle, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t’établirai ; entre dans la joie de ton Seigneur. Vivre dans l’espérance ! Voilà le prodige de l’âme contemplative. Nous vivons de Foi, d’Espérance, et d’Amour ; et l’Espérance nous rend puissants. Vous rappelez-vous saint Jean ? Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts, que la parole de Dieu demeure en vous et que vous avez vaincu le Mauvais. Dieu nous presse : il en va de la jeunesse éternelle de l’Église et de celle de l’humanité tout entière. Tels le roi Midas, qui changeait en or tout ce qu’il touchait, vous pouvez transformer tout l’humain en divin.

Après la mort, ne l’oubliez jamais, l’Amour viendra à votre rencontre. Et dans l’Amour de Dieu vous trouverez par surcroît toutes les amours nobles que vous aurez connues sur terre. Le Seigneur a disposé que nous passions cette courte étape qu’est notre existence à travailler et, comme son Fils Premier-Né, en faisant le bien. C’est pourquoi nous devons nous tenir en éveil, à l’écoute des appels que saint Ignace d’Antioche percevait dans son âme à l’approche de l’heure de son martyre : viens au Père, reviens vers ton Père, il t’attend avec impatience.

Demandons à Notre Dame, Spes Nostra, de nous brûler du saint désir d’habiter tous ensemble dans la maison du Père. Rien ne pourra nous inquiéter, si nous nous décidons à bien ancrer dans notre cœur le désir de la vraie Patrie : le Seigneur nous guidera par sa grâce ; et, sous un vent favorable, il mènera notre barque vers un clair rivage.

Comprenons que le Seigneur n’aspire qu’à nous entraîner dans un sillage merveilleux, divin et humain tout à la fois, fait d’abnégation joyeuse, de bonheur mêlé de douleur et d’oubli de soi. Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même. Ce conseil, nous l’avons tous entendu. Nous devons nous déterminer à le suivre vraiment, afin que le Seigneur puisse se servir de nous et qu’à tous les carrefours du monde où nous nous trouvions, nous-mêmes bien appuyés sur Dieu, nous soyons sel, levain et lumière. Toi en Dieu, pour illuminer, pour donner de la saveur, pour faire lever la pâte et pour servir de ferment.

Mais n’oublions pas pour autant que ce n’est pas nous qui créons cette lumière : nous ne faisons que la refléter. Ce n’est pas nous qui sauvons les âmes en les poussant à bien agir : nous ne sommes que des instruments, plus ou moins dignes, des desseins salutaires de Dieu. S’il nous arrivait un jour de penser que le bien que nous faisons est notre œuvre, l’orgueil reviendrait en force, pire encore, le sel perdrait sa saveur, le levain pourrirait et la lumière deviendrait ténèbres.

Un personnage de plus

Références à la Sainte Écriture
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