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4 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Jésus-Christ → exemple de pauvreté.

Ce seuil de la Semaine Sainte, si proche déjà du moment où la Rédemption de l’humanité tout entière sera consommée au Calvaire, me paraît un temps particulièrement approprié pour que nous considérions, toi et moi, les chemins par lesquels Jésus, notre Seigneur, nous a sauvés ; pour que nous contemplions son amour vraiment ineffable envers de pauvres créatures, façonnées dans l’argile.

Memento, homo, quia pulvis es, et in pulverem reverteris : c’est ainsi que notre Mère l’Église nous avertissait à l’entrée du Carême, afin que nous n’oubliions jamais que nous sommes bien peu de chose, qu’un jour viendra où notre corps, actuellement si plein de vie, se réduira en cendres tel le léger nuage de poussière que nos pieds soulèvent en marchant ; il se dissipera comme un brouillard que chassent les rayons du soleil.

L’exemple du Christ

J’aimerais cependant, après vous avoir rappelé aussi crûment l’insignifiance de notre personne, vanter à vos yeux une autre réalité admirable : la magnificence divine qui nous soutient et nous divinise. Écoutez les paroles de l’Apôtre : Vous connaissez la libéralité de notre Seigneur Jésus-Christ, comment de riche il s’est fait pauvre pour vous, afin de vous enrichir par sa pauvreté. Considérez posément l’exemple du Maître et vous comprendrez aussitôt que nous disposons d’une matière abondante pour méditer durant toute notre vie, pour concrétiser les résolutions sincères d’une plus grande générosité. Car il ne faut pas perdre de vue le but que nous devons atteindre : chacun de nous doit s’identifier à Jésus-Christ qui — vous l’avez déjà entendu — se fit pauvre pour toi, pour moi, et a souffert, en nous donnant l’exemple, pour que nous suivions la trace de ses pas.

Des cœurs généreux, au détachement sincère, voilà ce que le Seigneur demande. Nous y parviendrons si nous lâchons avec fermeté les amarres ou les fils subtils qui nous attachent à notre propre moi. Je ne vous cache pas que cette détermination exige une lutte constante, de passer par-dessus notre entendement et notre volonté personnels ; un renoncement en somme plus ardu que l’abandon des biens matériels les plus convoités.

Ce détachement que le Maître a prêché, et qu’il attend de tous les chrétiens, comporte aussi, nécessairement, des manifestations extérieures. Jésus-Christ cœpit facere et docere : il annonça sa doctrine par ses œuvres avant de le faire par la parole. Vous l’avez vu naître dans une étable, dans le dénuement le plus absolu, dormant son premier sommeil sur terre couché sur la paille d’une mangeoire. Ensuite, durant les années de ses parcours apostoliques, vous vous souvenez, parmi bien d’autres exemples, de l’avertissement très clair qu’il adressa à l’un de ceux qui s’offrirent à l’accompagner comme disciple : Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids ; le Fils de l’homme, lui, n’a pas où reposer la tête. N’omettez pas non plus de méditer la scène que rapporte l’Évangile, où les apôtres, pour tromper leur faim, arrachent en route quelques épis de blé un jour de sabbat.

En nous comportant normalement, comme nos semblables, et avec un sens surnaturel, nous ne faisons que suivre l’exemple de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme. Remarquez que toute sa vie est pleine de naturel. Il passe six lustres caché, sans attirer l’attention, comme un travailleur parmi d’autres, et on le connaît dans sa bourgade comme le fils du charpentier. Au long de sa vie publique on ne remarque rien non plus d’étrange ou qui détonne. Il s’entourait d’amis comme n’importe lequel de ses concitoyens et ne se distinguait pas d’eux par sa conduite. Au point que Judas, pour le désigner, doit convenir d’un signe : Celui à qui je donnerai le baiser, c’est lui. Il n’y avait en Jésus rien d’extravagant. Je suis très ému par cette règle de conduite de notre Maître, qui passe comme un homme parmi d’autres.

Répondant à un appel particulier, Jean-Baptiste était vêtu d’une peau de chameau et se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Le Sauveur portait une tunique d’une seule pièce, mangeait et buvait comme les autres, se réjouissait du bonheur d’autrui, était ému de la douleur de son prochain, ne refusait pas le repos que lui offraient ses amis, et personne n’ignorait qu’il avait gagné sa vie pendant de nombreuses années en travaillant de ses mains auprès de Joseph, l’artisan. C’est ainsi que nous devons nous comporter dans le monde : comme notre Seigneur. En peu de mots, je te dirai que nous devons avoir le vêtement propre, le corps propre et, surtout, l’âme propre.

Le Seigneur, qui prêche un détachement aussi remarquable des biens terrestres, apporte en même temps, pourquoi ne pas le signaler, un soin admirable à ne pas les gaspiller. Après le miracle de la multiplication des pains, qui rassasièrent si généreusement plus de cinq mille hommes, il dit à ses disciples : « Ramassez les morceaux qui restent, afin que rien ne soit perdu. » Ils les ramassèrent donc et remplirent douze corbeilles. Si vous méditez attentivement toute cette scène, vous apprendrez à ne jamais être mesquins, mais plutôt à devenir de bons administrateurs des talents et des moyens matériels que Dieu vous a accordés.

Le détachement que je prêche, après avoir contemplé notre Modèle, est la maîtrise de soi, non la pauvreté voyante et criarde, qui masque la paresse et l’abandon. Tu dois t’habiller selon ta condition, selon le milieu dans lequel tu vis : ta famille, ton travail… ; comme tes collègues, mais pour Dieu, avec le souci de donner une image authentique et attirante de la vraie vie chrétienne. Avec naturel, sans extravagance : je vous assure qu’il vaut mieux pécher par excès que par défaut. Comment imagines-tu le maintien de notre Seigneur ? N’as-tu jamais pensé à la dignité avec laquelle il devait porter cette tunique sans couture que les mains de Sainte Marie ont dû tisser ? Ne te souviens-tu pas qu’il se plaint chez Simon qu’on ne lui a pas présenté d’eau pour se laver avant de passer à table ? Il est vrai qu’il s’est servi de ce manque de politesse pour mieux mettre en valeur par cette anecdote son enseignement selon lequel l’amour se manifeste en des petits riens ; mais il fait aussi en sorte de montrer clairement qu’il observe les coutumes sociales. C’est pourquoi nous devons, toi et moi, nous efforcer de nous détacher des biens et du confort du monde, mais sans éclat, sans rien faire de bizarre.

Pour moi, une preuve de ce que nous nous sentons maîtres du monde, administrateurs fidèles de Dieu, vient du soin que nous prenons des choses que nous utilisons, pour qu’elles se conservent, qu’elles durent, qu’elles soient utiles, qu’elles servent le plus longtemps possible à leur finalité, de sorte que rien ne s’abîme. Dans les centres de l’Opus Dei vous verrez une décoration simple, accueillante et, surtout, propre. Ne confondons pas pauvreté et mauvais goût ou saleté ! Pourtant je comprends que, selon tes possibilités et tes obligations sociales, familiales, tu possèdes des objets de valeur et que tu en prennes soin, tout en conservant l’esprit de mortification, le détachement.

Références à la Sainte Écriture
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