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4 points de « Quand le Christ passe » sont liés à la thématique Église → l'Esprit-Saint et l'Église.

Les Actes des Apôtres, rapportant les événements du jour de la Pentecôte, où le Saint-Esprit descendit sur les disciples de Notre Seigneur sous la forme de langues de feu, nous font assister à la grande manifestation de la puissance de Dieu, par laquelle l’Église entreprend son chemin au milieu des nations. La victoire que le Christ, par son obéissance, par son immolation sur la Croix et par sa Résurrection, avait obtenue sur la mort et sur le péché, se révéla alors dans toutes sa clarté divine.

Les disciples, déjà témoins de la gloire du Ressuscité, éprouvèrent la force du Saint-Esprit : leur intelligence et leur cœur s’ouvrirent à une lumière nouvelle. Ils avaient suivi le Christ et avaient accueilli avec foi son enseignement, mais ils ne parvenaient pas toujours à en comprendre pleinement le sens ; il fallait que vînt l’Esprit de vérité, qui leur ferait comprendre toute chose. Ils savaient qu’en Jésus seulement ils pouvaient trouver les paroles de vie éternelle, et ils étaient disposés à le suivre et à donner leur vie pour lui, mais ils étaient faibles et, quand vint l’heure de l’épreuve, ils s’enfuirent et le laissèrent seul. Le jour de la Pentecôte, tout cela change. Le Saint-Esprit, qui est l’esprit de force, les a affermis, les a rendus sûrs et audacieux. La parole des Apôtres retentit, énergique et vibrante, dans les rues et sur les places de Jérusalem.

Les hommes et les femmes qui, venus des régions les plus diverses, peuplent la ville en ces jours-là, écoutent émerveillés. Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d’Asie, de Phrygie et de Pamphylie, d’Égypte et de cette partie de la Lybie qui est proche de Cyrène, Romains en séjour ici, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu. Les prodiges qui s’opèrent sous leurs yeux les poussent à être attentifs à la prédication apostolique. Le Saint-Esprit lui-même, qui agissait sur les disciples du Seigneur, toucha aussi leur cœur et les amena à la foi.

Saint Luc nous raconte que, après que saint Pierre eut proclamé la Résurrection du Christ, beaucoup de ceux qui l’entouraient s’approchèrent et lui demandèrent : Frère, que devons-nous faire ? L’Apôtre leur répondit : Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint-Esprit. Le texte sacré se termine en nous disant que près de trois mille personnes s’incorporèrent à l’Église ce jour-là.

La venue solennelle de l’Esprit, le jour de la Pentecôte, ne fut pas un événement isolé. Il n’y a pratiquement aucune page des Actes des Apôtres qui ne parle de lui et de l’action par laquelle il guide, dirige et anime la vie et les œuvres de la communauté chrétienne primitive. C’est lui qui inspire la prédication de saint Pierre, qui confirme les disciples dans leur foi, qui scelle par sa présence l’appel lancé aux païens, qui envoie Saul et Barnabé vers des terres lointaines pour ouvrir de nouveaux chemins, en répandant l’enseignement de Jésus. En un mot, sa présence et son action dominent toute chose.

Actualité de la Pentecôte

Cette réalité profonde que le texte de la Sainte Écriture nous fait connaître n’est pas un souvenir du passé, un âge d’or de l’Église qui appartiendrait désormais à l’histoire. C’est aussi, par-delà les misères et les péchés de chacun d’entre nous, la réalité de l’Église d’aujourd’hui et de l’Église de tous les temps. Je prierai le Père, annonça le Seigneur à ses disciples, et il vous donnera un autre Paraclet, pour être avec vous à jamais. Jésus a tenu ses promesses. Il est ressuscité, il est monté aux cieux et, en union avec le Père Eternel, il nous envoie le Saint-Esprit pour qu’il nous sanctifie et nous donne la vie.

La force et la puissance de Dieu illuminent la face de la terre. Le Saint-Esprit continue d’assister l’Église du Christ pour qu’elle soit, toujours et en tout, le signe dressé face aux nations qui annonce à l’humanité la bienveillance et l’amour de Dieu. Pour grandes que soient nos limitations, nous pouvons regarder le ciel avec confiance et nous sentir pleins de joie : Dieu nous aime et nous délivre de nos péchés. La présence et l’action du Saint-Esprit dans l’Église sont le gage et l’anticipation du bonheur éternel, de cette joie et de cette paix que Dieu nous offre.

Tout comme ces hommes qui s’approchèrent de saint Pierre le jour de la Pentecôte, nous aussi, nous avons été baptisés. Par le baptême, Dieu Notre Père a pris possession de notre vie, nous a incorporés à celle du Christ et nous a envoyé le Saint-Esprit. Le Seigneur, nous dit la Sainte Écriture, nous a sauvés par le bain de la régénération et de la rénovation en l’Esprit Saint. Et cet Esprit, il l’a répandu sur nous à profusion, par Jésus-Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par la grâce du Christ, nous obtenions en espérance l’héritage de la vie éternelle.

L’expérience de notre faiblesse et de nos erreurs, le résultat peu édifiant que peut produire le spectacle douloureux de la petitesse, et même de la mesquinerie de ceux qui s’appellent chrétiens, l’échec apparent ou la déviation de certaines entreprises apostoliques, tout cela, résultat du péché et de la limitation humaine, peut constituer une épreuve humaine, peut constituer une épreuve pour notre foi et insinuer en nous la tentation et le doute : où sont la force et la puissance de Dieu ? C’est le moment de réagir, de vivre notre espérance avec davantage de pureté et d’énergie et, par conséquent, de faire en sorte que notre fidélité soit plus forte.

Non est abbreviata manus Domini. Le bras de Dieu ne s’est pas raccourci. Dieu n’est pas moins puissant aujourd’hui qu’en d’autres époques, et son amour pour les hommes n’en est pas moins véritable. Notre foi nous apprend que la création tout entière, le mouvement de la terre et des astres, les actions droites des créatures de l’histoire, en un mot tout vient de Dieu et se dirige vers lui.

L’action du Saint-Esprit peut passer inaperçue, parce que Dieu ne nous fait pas connaître ses plans et parce que le péché de l’homme voile et obscurcit les dons divins. Mais la foi nous rappelle que le Seigneur agit continuellement. C’est lui qui nous a créés et qui nous maintient en vie. C’est lui qui, par sa grâce, conduit la création tout entière à la liberté de la gloire des enfants de Dieu.

C’est pourquoi la tradition chrétienne a résumé l’attitude que nous devons adopter envers le Saint-Esprit en un seul mot : docilité. C’est-à-dire, être sensibles à ce que l’Esprit divin réalise autour de nous et en nous, aux charismes qu’il distribue, aux mouvements et aux institutions qu’il suscite, aux résolutions et aux décisions qu’il fait naître en notre cœur. Le Saint-Esprit accomplit dans le monde les œuvres de Dieu. Il est, comme le dit l’hymne liturgique, dispensateur des grâces, lumière des cœurs, hôte de l’âme, repos dans le travail, réconfort dans les larmes. Sans son aide, rien ne subsiste dans l’homme qui ne soit péché, car c’est lui qui lave les souillures, guérit les blessures, incendie les froideurs, redresse les erreurs et conduit les hommes au port du salut et de la joie éternelle.

Mais notre foi en l’Esprit Saint doit être pleine et totale. Ce n’est pas une vague croyance en sa présence dans le monde, mais l’acceptation reconnaissante des signes et des réalités auxquels il a voulu rattacher sa force de façon spéciale. Quand viendra l’Esprit de vérité, annonce Jésus, il me glorifiera, car c’est de mon bien qu’il prendra pour vous en faire part. Le Saint-Esprit est l’Esprit envoyé par le Christ pour réaliser en nous la sanctification qu’il a méritée pour nous sur la terre.

Sans foi en Jésus-Christ, en sa doctrine, en ses sacrements et en son Église, il ne peut y avoir de foi en l’Esprit Saint. C’est être incohérent avec la foi chrétienne et ne pas croire vraiment en l’Esprit Saint que de ne pas aimer l’Église, de n’avoir pas confiance en elle, de se complaire à ne mettre en lumière que les imperfections et les limitations de ceux qui la représentent, de la juger de l’extérieur, sans être capable de se considérer comme son fils. Et j’en viens à considérer combien l’action du Paraclet doit être extraordinairement importante et abondante lorsque le prêtre renouvelle le sacrifice du Calvaire au cours de la célébration de la sainte messe sur nos autels.

Vivre selon le Saint-Esprit, c’est vivre de foi, d’espérance et de charité ; c’est laisser Dieu prendre possession de nous et changer radicalement notre cœur pour le faire à sa mesure. Une vie chrétienne mûre, profonde et forte ne s’improvise pas ; elle est le fruit de la croissance en nous de la grâce de Dieu. L’état de la communauté chrétienne des premiers temps nous est décrit dans les Actes des Apôtres en une phrase brève mais pleine de sens : ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communication fraternelle, à la fraction du pain et aux prières.

Voilà comment vécurent les premiers chrétiens et comment nous devons vivre. La méditation de la doctrine de la foi jusqu’à la faire nôtre, la rencontre avec le Christ dans l’Eucharistie, le dialogue personnel — c’est-à-dire une prière sans anonymat — face à face avec Dieu, doivent constituer la substance ultime de notre conduite. Si cela venait à manquer, que resterait-il ? Peut-être une réflexion savante, une activité plus ou moins intense, des dévotions et des pratiques de piété. Mais nullement une existence chrétienne véritable, car il y manquerait l’incorporation au Christ, la participation réelle et vécue à l’œuvre du salut.

Cette doctrine s’applique à n’importe quel chrétien, parce que nous sommes tous également appelés à la sainteté. Il n’y a pas de chrétiens de deuxième catégorie, obligés à mettre en pratique un Évangile au rabais. Nous avons tous reçu le même baptême et, s’il est vrai qu’il existe une grande diversité de charismes et de situations humaines, il n’y a qu’un seul et même Esprit, qui distribue les dons divins, une même foi, une même espérance et une même charité.

Nous pouvons par conséquent nous appliquer cette question de l’Apôtre : Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?, et la recevoir comme une invitation à entretenir des rapports plus personnels et plus directs avec Dieu. Le Paraclet est malheureusement pour certains chrétiens le Grand Inconnu : un nom que l’on prononce, mais qui n’est pas quelqu’un, une des trois Personnes du Dieu unique, avec laquelle on parlerait et dont on vivrait.

Nous devons, au contraire, le traiter avec une simplicité habituelle et avec confiance, comme l’Église nous apprend à le faire dans la liturgie. Nous connaîtrons alors davantage Notre Seigneur et, en même temps, nous nous rendrons plus pleinement compte du don immense dont nous sommes bénéficiaires en nous appelant chrétiens. Nous mesurerons toute la grandeur et toute la vérité de cette divinisation, de cette participation à la vie divine, à laquelle je faisais allusion il y a un instant.

Car le Saint-Esprit n’est pas un artiste qui dessine en nous la substance divine comme si elle lui était étrangère ; ce n’est pas ainsi qu’il nous conduit à la ressemblance divine ; mais lui-même, qui est Dieu et procède de Dieu, s’imprime dans le cœur de qui le reçoit comme le cachet sur la cire et, de cette façon, en se communiquant lui-même et par ressemblance, il rétablit la nature en accord avec la beauté du modèle divin et rend à l’homme l’image de Dieu.