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9 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Monde → charité, unité .

Lisez l’Écriture Sainte. Méditez l’une après l’autre les scènes de la vie du Seigneur et ses enseignements. Examinez avec un soin tout particulier les conseils et les indications par lesquels le Seigneur préparait cette poignée d’hommes qui devaient être ses apôtres, ses messagers d’un bout à l’autre de la terre. Quel est le signe qui les distingue d’abord ? N’est-ce pas le commandement nouveau de la charité ? C’est par l’amour qu’ils se sont frayés un chemin dans le monde païen et corrompu.

Soyez bien convaincus que vous ne résoudrez jamais les grands problèmes de l’humanité en partant uniquement de la justice. Quand on rend purement et simplement la justice, il ne faut pas s’étonner que les gens se sentent meurtris : la dignité de l’homme, qui est fils de Dieu, requiert bien davantage. La charité est une partie inhérente de la justice et doit l’accompagner. Elle adoucit tout, elle divinise tout : Dieu est amour. Nous devons toujours agir par Amour de Dieu, Amour qui rend plus facile l’amour de notre prochain, et qui purifie et élève les amours terrestres.

De la stricte justice à l’abondance de la charité il y a tout un chemin à parcourir. Peu nombreux sont ceux qui persévèrent jusqu’au bout. Quelques-uns se contentent de s’approcher du seuil : ils font abstraction de la justice, se limitant à un peu de bienfaisance, qu’ils baptisent charité ; ils ne se rendent pas compte que cela ne représente qu’une petite partie de ce qu’ils sont tenus de faire. Et ils se montrent aussi satisfaits d’eux-mêmes que le pharisien qui pensait avoir répondu aux exigences de la loi parce qu’il jeûnait deux fois par semaine et qu’il payait la dîme sur tout ce qu’il possédait.

La charité, sorte d’excès généreux de la justice, veut d’abord que l’on accomplisse son devoir : on commence par ce qui est juste ; on continue par ce qui est le plus équitable… Mais aimer requiert une grande finesse, une grande délicatesse, beaucoup de respect, beaucoup de cordialité ; en un mot, de suivre le conseil de l’Apôtre : Portez les fardeaux les uns des autres et accomplissez ainsi la loi du Christ. C’est alors que nous vivons pleinement la charité, que nous réalisons le commandement de Jésus.

Pour moi, le comportement des mères est l’exemple le plus clair de cette union pratique entre la justice et la charité. Elles aiment tous leurs enfants d’une tendresse identique, et cet amour les pousse précisément à les traiter différemment, avec une justice inégale, puisque chacun d’entre eux est différent des autres. Eh bien, la charité perfectionne et complète également la justice envers nos semblables. En effet, elle nous pousse à nous conduire de façon inégale à l’égard de ceux qui ne sont pas égaux, en nous adaptant à leurs situations concrètes, pour mieux communiquer notre joie à celui qui est triste, la science à celui qui manque de formation, l’affection à celui qui se sent seul… La justice implique de donner à chacun ce qui lui revient, ce qui ne veut pas dire à tous la même chose. L’égalitarisme utopique est la source des injustices les plus grandes.

Pour agir toujours ainsi, comme ces bonnes mères, nous devons pratiquer l’oubli de nous-mêmes, n’aspirer à d’autre seigneurie que celle de servir les autres, comme Jésus-Christ qui prêchait que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. Pour cela, il faut avoir la fermeté de soumettre sa propre volonté au modèle divin, de travailler pour tous, de lutter pour le bonheur éternel et pour le bien-être des autres. Je ne connais pas de meilleur chemin pour être juste qu’une vie de don de soi et de service.

Peut-être l’un d’entre vous pense-t-il que je suis naïf. Qu’importe. Même si on me qualifie ainsi, parce que je crois encore à la charité, je vous assure que j’y croirai toujours ! Et tant que Dieu me prêtera vie, je continuerai —comme prêtre du Christ — de faire en sorte que l’unité et la paix règnent parmi ceux qui sont frères, parce qu’enfants du même Père, Dieu, que l’humanité se comprenne, que tous partagent le même idéal, celui de la foi !

Ayons recours à Sainte Marie, la Vierge prudente et fidèle, et à saint Joseph, son époux, modèle achevé de l’homme juste. Ils ont vécu en présence de Jésus, le Fils de Dieu, les vertus sur lesquelles nous avons médité. Ils nous obtiendront la grâce pour que ces mêmes vertus s’enracinent fermement dans notre âme, afin que nous nous décidions à nous comporter à tout moment comme de bons disciples du Maître : prudents, justes, pleins de charité.

N’est-il pas touchant de voir l’apôtre Jean, déjà vieux, consacrer la plus grande partie d’une épître à nous exhorter à mener une conduite qui soit en accord avec cette doctrine divine ? L’amour qui doit régner parmi les chrétiens naît de Dieu, qui est Amour. Bien aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’Amour est de Dieu et que quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas, n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. Il s’attache à parler de la charité fraternelle puisque, par le Christ, nous sommes devenus des fils de Dieu. Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu, car nous le sommes.

Tout en frappant fermement notre conscience, afin qu’elle devienne plus sensible à la grâce divine, saint Jean insiste sur le fait que nous avons reçu une preuve magnifique de l’amour du Père envers les hommes. En ceci s’est affirmé l’amour de Dieu pour nous. Dieu nous a envoyé son Fils Unique afin que nous vivions par lui. Le Seigneur a pris l’initiative, en venant à notre rencontre. Il nous a donné cet exemple pour que nous partions avec lui servir les autres, pour que, comme j’aime à le répéter, nous posions avec générosité notre cœur par terre, comme un tapis moelleux que les autres fouleront et qui leur rendra la vie plus aimable. Nous devons nous conduire ainsi parce que nous sommes devenus fils d’un même Père, ce Père qui n’hésita pas à nous livrer son Fils Bien-Aimé.

De quel amour s’agit-il ? La Sainte Écriture parle de dilectio, afin que l’on comprenne bien qu’il ne s’agit pas seulement d’affection sensible. Ce mot exprime plutôt une ferme détermination de la volonté. Dilectio vient de electio, d’élire. J’ajouterai qu’aimer en chrétien signifie vouloir aimer, se décider dans le Christ à chercher le bien des âmes, sans discrimination d’aucun genre, en leur voulant, par-dessus tout, le plus grand bien : qu’elles connaissent le Christ et s’en éprennent.

Le Seigneur nous presse : Soyez bons pour ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient. Nous pouvons ne pas nous sentir humainement attirés par des personnes qui nous rejetteraient si nous nous approchions d’elles. Mais Jésus nous demande de ne pas leur rendre le mal pour le mal, de ne pas laisser échapper les occasions de les servir de tout notre cœur, quoiqu’il nous en coûte ; de les avoir toujours présentes dans nos prières.

Cette dilectio, cette charité, revêt des nuances plus intimes quand il s’agit de nos frères dans la foi, tout particulièrement de ceux qui se trouvent plus près de nous, parce que Dieu l’a établi ainsi : parents, mari ou femme, enfants, frères et sœurs, amis, collègues et voisins. Sans cette affection, qui est un amour humain noble et pur, ordonné vers Dieu et fondé en lui, la charité n’existerait pas.

Des manifestations de l’amour

Il pécherait par ingénuité celui qui s’imaginerait arriver facilement à bout des exigences de la charité chrétienne ! Notre expérience des rapports entre les hommes, et, malheureusement, au sein de l’Église est bien différente. Si l’amour ne nous obligeait pas à nous taire, chacun de nous pourrait parler longuement de divisions, attaques, injustices, médisances, intrigues. Il faut tout bonnement l’admettre pour essayer d’y remédier personnellement, en nous efforçant de ne blesser personne, de ne malmener personne, de ne pas accabler celui que nous corrigeons.

Ce n’est pas une affaire nouvelle. Peu d’années après l’Ascension de Jésus-Christ, alors que presque tous les apôtres se rendaient encore d’un endroit à un autre et qu’une ferveur formidable dans la foi et l’espérance était générale, beaucoup cependant commençaient à se fourvoyer, à ne pas vivre la charité du Maître.

Du moment où il y a parmi vous jalousie et discorde, n’est-il pas évident que vous êtes charnels et votre conduite n’est-elle pas toute humaine ? Lorsque vous dites, l’un : « moi je suis pour Paul » et l’autre : « moi pour Apollos », n’est-ce pas là bien humain ? n’est-ce pas là une conduite d’hommes qui ne comprennent pas que le Christ est venu abolir toutes ces divisions ? Qu’est-ce donc qu’Apollos ? Et qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs par qui vous avez embrassé la foi, et chacun d’eux pour la part que le Seigneur lui a donnée. L’Apôtre ne rejette pas la diversité : Chacun reçoit de Dieu son don particulier, l’un celui-ci, l’autre celui-là. Mais ces différences doivent être canalisées pour le bien de l’Église. Je me sens poussé maintenant à demander au Seigneur, unissez-vous à ma prière si vous le voulez bien, de ne pas permettre que le manque d’amour soit comme de l’ivraie semée dans le champ de son Église. La charité est le sel dans l’apostolat des chrétiens ; s’il perd sa saveur, comment pourrions-nous affronter le monde et dire la tête haute : ici se trouve le Christ ?

C’est pourquoi je vous répète avec saint Paul : Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je ne suis pas plus qu’airain qui sonne ou cymbale qui retentit. Quand j’aurais le don de prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j’aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter les montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien.

Face à ces propos de l’Apôtre des Gentils, il y a, bien sûr, ceux qui s’identifient à ces disciples du Christ qui, à l’annonce par notre Seigneur du sacrement de sa Chair et de son Sang, firent le commentaire suivant : Cette doctrine est trop dure. Qui peut l’écouter ? Oui, elle est dure cette doctrine. Car la charité que l’Apôtre nous décrit ne se limite pas à la philanthropie, à l’humanitarisme ou à la compassion, bien naturelle, devant la souffrance d’autrui : elle exige de pratiquer la vertu théologale de l’amour de Dieu et de l’amour des autres pour Dieu. C’est pourquoi la charité ne passe jamais. Les prophéties ? Elles se tairont. La science ? Elle disparaîtra. Car imparfaite est notre science, imparfaite aussi notre prophétie… Bref, la foi, l’espérance et la charité demeurent toutes les trois, mais la plus grande d’entre elles, c’est la charité.

Le seul chemin

Nous sommes maintenant convaincus que la charité n’a rien à voir avec cette caricature que parfois d’aucuns ont prétendu esquisser de cette vertu centrale dans la vie du chrétien. Alors pourquoi sommes-nous tenus de la prêcher continuellement ? S’agirait-il d’un thème en quelque sorte obligatoire, mais ayant peu de chances de se manifester dans des faits concrets ?

Si nous nous regardions autour de nous, il se pourrait que nous trouvions des raisons de croire que la charité est une vertu illusoire. Mais si toi et moi, nous envisageons les choses avec un esprit surnaturel, nous découvrirons aussi la racine de cette stérilité : l’absence de relations intenses et continuelles, en tête à tête, avec notre Seigneur Jésus Christ, et la méconnaissance de l’œuvre de l’Esprit Saint dans l’âme, dont le premier fruit est précisément la charité.

Reprenant quelques conseils de l’Apôtre, portez le fardeau les uns des autres et accomplissez ainsi la loi du Christ, un Père de l’Église ajoute : En aimant le Christ nous supporterons facilement les faiblesses des autres, même de celui que nous n’aimons pas encore parce que ses œuvres ne sont pas bonnes.

C’est dans cette direction que s’élève le chemin qui nous fait grandir dans la charité. Si nous pensons que nous devons d’abord exercer des activités humanitaires, des tâches d’assistance, en excluant l’amour du Seigneur, nous nous trompons. Nous ne devons pas délaisser le Christ parce que nous nous occupons de notre prochain malade, étant donné que nous devons aimer celui-ci à cause du Christ.

Voyez l’exemple de Jésus. Sans cesser d’être Dieu, il s’humilia, prenant la condition d’esclave pour pouvoir nous servir. Voilà la seule voie, le seul effort qui en vaille la peine. L’amour cherche l’union, l’identification avec la personne aimée. En nous unissant au Christ, nous serons pris du désir de le seconder dans cette vie de renoncement, d’aimer sans mesure et de nous sacrifier jusqu’à la mort. Le Christ nous place devant une alternative fondamentale : dépenser notre existence personnelle égoïstement et en solitaires, ou nous consacrer de toutes nos forces à une tâche de service.

Nous allons maintenant demander au Seigneur, pour finir ce moment de conversation avec lui, de nous accorder de pouvoir redire avec saint Paul : Nous triomphons par Celui qui nous a aimés. Oui, j’en ai l’assurance, ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni présent, ni avenir, ni puissances, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur.

L’Écriture chante aussi cet amour avec des mots enflammés : Les grandes eaux ne pourront éteindre l’Amour, ni les fleuves le submerger. C’est cet amour qui a toujours empli le Cœur de Marie, au point de lui donner des entrailles de Mère pour l’humanité entière. Chez la Sainte Vierge, l’amour de Dieu se confond aussi avec la sollicitude envers tous ses enfants. Son Cœur très doux, attentif aux moindres détails — ils ont besoin de vin — a du beaucoup souffrir en voyant cette cruauté collective et cet acharnement des bourreaux que furent la Passion et la Mort de Jésus. Mais Marie ne dit rien. Comme son Fils, elle aime, elle se tait et elle pardonne. Voilà la force de l’Amour.

Références à la Sainte Écriture
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