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4 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Monde → liberté des chrétiens.

Permettez-moi une courte digression, qui vient tout à fait à propos. Je n’ai jamais demandé leurs opinions politiques à ceux qui m’ont approché : cela ne m’intéresse pas ! Par cette règle de conduite, je vous montre une réalité qui est au cœur de l’Opus Dei, auquel, avec la grâce et la miséricorde de Dieu, je me suis voué complètement pour servir la Sainte Église. Ce sujet ne m’intéresse pas parce que vous, les chrétiens, vous jouissez de la plus entière liberté, avec la responsabilité personnelle qui en découle, d’intervenir comme bon vous semble dans les questions d’ordre politique, social, culturel, etc., sans autres limites que celles que le magistère de l’Église a fixées. La seule chose qui me préoccuperait, pour le bien de votre âme, ce serait que vous franchissiez ces limites, parce que vous auriez alors créé une nette opposition entre la foi que vous prétendez professer et vos œuvres, et alors je vous le ferais remarquer clairement. Ce respect sacro-saint de vos opinions, dans la mesure où elles ne vous écartent pas de la loi de Dieu, n’est pas compris par ceux qui ignorent le vrai concept de la liberté que le Christ nous a gagnée sur la Croix, qua libertate Christus nos liberavit, par les sectaires de tous bords : ceux qui prétendent imposer leurs opinions temporelles, comme s’il s’agissait de dogmes, ou ceux qui dégradent l’homme en niant la valeur de la foi, qu’ils abandonnent à la merci des erreurs les plus brutales.

Ce sont des âmes qui dressent des barricades avec la liberté. Ma liberté ! ma liberté ! Ils l’ont et n’en usent pas ; ils la regardent, ils la dressent comme une idole de terre à l’intérieur de leur entendement mesquin. S’agit-il vraiment de la liberté ? Quel profit tirent-ils de cette richesse s’ils n’ont pas pris un engagement sérieux qui oriente toute leur existence ? Un tel comportement va à l’encontre de la dignité, de la noblesse de la personne humaine. Il y manque l’itinéraire, le chemin dégagé qui donne leur sens aux pas sur la terre : et ce sont ces âmes —vous en avez connu comme moi — qui, ensuite, se laisseront entraîner par la vanité puérile, par la présomption égoïste, par la sensualité.

Leur liberté reste stérile, ou bien elle produit des fruits ridicules, même d’un point de vue purement humain. Celui qui ne choisit pas, en pleine liberté, une règle de conduite droite finit tôt ou tard par se laisser gouverner par les autres, vit dans l’indolence — en parasite — soumis à ce que les autres détermineront. Il s’exposera à être ballotté à tout vent et d’autres décideront toujours pour lui. Ce sont des nuages sans eau, poussés de-ci, de-là par les vents, des arbres d’automne sans fruits, deux fois morts, sans racines, même s’ils se cachent derrière un continuel bavardage ou derrière des palliatifs par lesquels ils tentent d’estomper leur manque de caractère, de courage et d’honneur.

Mais personne ne me contraint ! répètent-ils obstinément. Personne ? Tous contraignent cette liberté illusoire, qui n’ose pas accepter les conséquences d’actes libres, personnels et en assumer la responsabilité. Là où l’amour de Dieu fait défaut, règne une absence totale d’exercice individuel et responsable de la liberté personnelle, et — malgré les apparences — tout n’est que contrainte. L’indécis, l’irrésolu est tel une matière plastique à la merci des circonstances. N’importe qui le façonne selon son bon plaisir, à commencer par les passions et les pires tendances de la nature blessée par le péché.

Esclavage pour esclavage, si, de toute façon, nous devons servir, puisque la condition humaine, que nous l’admettions ou non, consiste en cela, il n’est rien de meilleur que de se savoir esclaves de Dieu par Amour. Car nous perdons alors la condition d’esclaves ; nous devenons des amis, des fils. C’est en cela qu’apparaît la différence : nous faisons face aux honnêtes occupations du monde avec la même passion, le même enthousiasme que les autres, mais avec la paix au fond de l’âme ; avec joie et sérénité, y compris dans les contradictions, car nous ne mettons pas notre confiance dans ce qui passe, mais dans ce qui reste pour toujours. Nous ne sommes pas les enfants d’une servante mais de la femme libre.

D’où nous vient cette liberté ? Du Christ notre Seigneur. C’est la liberté par laquelle il nous a rachetés. C’est pourquoi il enseigne que sidonc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. Nous, les chrétiens, nous n’avons pas à emprunter à qui que ce soit le vrai sens de ce don, car seule la liberté chrétienne sauve l’homme.

J’aime parler de l’aventure de la liberté, car c’est ainsi que s’écoule votre vie et la mienne. Librement — comme des enfants et, pardonnez-moi si j’insiste, non comme des esclaves — nous suivons le sentier que le Seigneur a tracé pour chacun de nous. Nous savourons cette facilité de mouvement comme un don de Dieu.

Librement, sans aucune contrainte, parce que j’en ai envie, je me décide pour Dieu. Et je m’engage à servir, à transformer mon existence en un don aux autres, par amour de mon Seigneur Jésus. Cette liberté me pousse à proclamer que rien sur la terre ne me séparera de la charité du Christ.

Responsables devant Dieu

Relisons attentivement notre scène de l’Évangile, afin de tirer profit de ses merveilleuses leçons quant aux vertus qui doivent éclairer notre conduite. Après leur préambule hypocrite et flatteur, les pharisiens et les hérodiens exposent leur problème : Donne-nous donc ton avis : est-il permis ou non de payer l’impôt à César ? « Remarquez maintenant, écrit saint Jean Chrysostome, leur grande perversité ; en effet, ils ne lui disent pas : explique nous ce qui est bon, raisonnable, licite ; mais : dis-nous ce que tu en penses. Ils n’avaient qu’une obsession : le prendre en défaut et le rendre odieux au pouvoir politique. » Mais Jésus, connaissant leur perversité, riposta : « Hypocrites, pourquoi me tendez-vous un piège ? Faites-moi voir l’argent de l’impôt. » Ils lui présentèrent un denier. Et il leur dit : « De qui est l’effigie que voici ? et la légende ? » « De César », répondirent-ils. Alors il leur dit : « Rendez-donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

Le dilemme, vous le voyez, n’est pas nouveau, et la réponse du Maître est claire et nette. Il n’y a pas, il n’existe pas, d’opposition entre le service de Dieu et le service des hommes ; entre l’exercice de nos devoirs et de nos droits civiques et celui des nos devoirs et de nos droits religieux ; entre l’effort pour construire et perfectionner la cité temporelle et la certitude que nous traversons ce monde comme sur un chemin qui nous conduit à la patrie céleste.

Ici encore se manifeste cette unité de vie qui, je ne me lasserai pas de le répéter, est une condition essentielle pour ceux qui s’efforcent de se sanctifier au milieu des circonstances ordinaires de leur travail, de leurs relations familiales et sociales. Jésus n’admet pas cette division : Nul ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Le choix exclusif de Dieu que fait un chrétien en répondant pleinement à son appel, le pousse à tout orienter vers le Seigneur et, en même temps, à donner à son prochain ce qui lui revient en toute justice.

Références à la Sainte Écriture
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