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3 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Église → la Vierge et l'Église.

Nous lisons dans le passage de l’Évangile de saint Matthieu que nous rapporte la Messe d’aujourd’hui : tunc abeuntes pharisei consilium inierunt ut caperent eum in sermone ; alors les pharisiens allèrent se concerter en vue de surprendre Jésus dans ses paroles. N’oubliez pas que ce procédé hypocrite est aujourd’hui encore pratique courante ; je pense que la mauvaise graine des pharisiens ne disparaîtra jamais du monde : elle a toujours été prodigieusement féconde. Peut-être le Seigneur tolère-t-il qu’elle pousse afin que nous, ses enfants, nous devenions prudents ; car la prudence est indispensable pour quiconque se trouve amené à donner un avis, à fortifier, à corriger, à enflammer, à stimuler. C’est précisément ainsi, comme apôtre, en profitant des circonstances inhérentes à ses occupations quotidiennes, que tout chrétien doit agir envers ceux qui l’entourent.

J’élève maintenant mon âme vers Dieu, et je lui adresse une prière, par l’intercession de la très Sainte Vierge, de celle qui est à la fois dans l’Église et au-dessus de l’Église : entre le Christ et l’Église, pour protéger, pour régner, pour être la Mère des hommes, tout comme elle est la Mère de notre Seigneur Jésus-Christ ; je lui adresse donc cette prière : accorde-nous cette prudence, et plus parti­culièrement à ceux d’entre nous qui, engagés dans le courant circulatoire de la société, désirent travailler pour Dieu. Nous avons absolument besoin d’apprendre à être prudents.

J’aime remonter en pensée à ces années pendant lesquelles Jésus est resté aux côtés de sa Mère, années qui couvrent presque toute la vie de notre Seigneur en ce monde. Le voir petit, quand Marie prend soin de lui, le couvre de baisers et l’amuse. Le voir grandir, sous les yeux aimants de sa Mère et de Joseph, son père sur la terre. Avec quelle tendresse et avec quelle délicatesse Marie et le saint Patriarche devaient-ils se préoccuper de Jésus pendant son enfance et, en silence, apprendre beaucoup et constamment de lui. Leurs âmes devaient s’identifier progressivement à l’âme de ce Fils, Homme et Dieu. C’est pourquoi la Mère, et après elle Joseph, connaît mieux que quiconque les sentiments du Cœur du Christ, et tous deux sont le meilleur chemin, le seul affirmerais-je, pour arriver jusqu’au Sauveur.

Que l’âme de Marie soit en chacun d’entre vous, écrivait saint Ambroise, pour que vous louiez le Seigneur ; que l’esprit de Marie soit en chacun, pour que vous vous réjouissiez en Dieu. Et ce Père de l’Église ajoute des remarques qui, à première vue, paraissent hardies, mais qui ont un clair sens spirituel pour la vie du chrétien : Selon la chair, il n’y a qu’une seule Mère du Christ ; selon la foi, le Christ est fruit de nous tous.

Si nous nous identifions à Marie, si nous imitons ses vertus, nous pouvons obtenir que le Christ naisse, par la grâce, dans l’âme de beaucoup de personnes qui s’identifieront à lui par l’action de l’Esprit Saint. Si nous imitons Marie, nous participerons d’une certaine façon de sa maternité spirituelle. En silence, comme Notre Dame ; sans que cela se remarque, presque sans mots, par le témoignage intègre et cohérent d’une conduite chrétienne, avec la générosité qui nous fera répéter un fiat sans cesse renouvelé, comme quelque chose d’intime entre nous et Dieu.

Le grand amour qu’il portait à Notre Dame et son manque de culture théologique poussèrent un bon chrétien à me faire connaître une anecdote que je vais vous raconter, parce que, dans sa naïveté, elle est compréhensible de la part d’une personne peu cultivée.

Prenez-le, me disait-il, pour un défoulement : comprenez ma tristesse face à certaines choses qui se produisent de nos jours. Pendant la préparation et le déroulement du Concile actuel l’on a proposé d’inclure le thème de la Vierge. Tel quel : le thème. Est-ce que les enfants parlent de cette façon ? Est-ce là la foi que les fidèles ont toujours professée ? Depuis quand l’amour de la Sainte Vierge est-il un thème, sur l’opportunité duquel il soit admis d’engager une discussion ?

Si quelque chose est incompatible avec l’amour, c’est bien la lésinerie. Je n’ai pas peur d’être très clair ; si je ne l’étais pas, poursuivait-il, cela me paraîtrait une offense à notre Sainte Mère. L’on a discuté pour savoir s’il était opportun ou non d’appeler Marie Mère de l’Église. Cela me gêne de descendre à davantage de détails. Mais la Mère de Dieu qui est, à ce titre, Mère de tous les chrétiens, ne va-t-elle pas être la Mère de l’Église, qui est la réunion de tous ceux qui ont été baptisés et sont nés de nouveau dans le Christ, fils de Marie ?

Je ne m’explique pas, ajoutait-il, d’où peut bien naître cette mesquinerie qui consiste à restreindre l’attribution de ce titre de louange à Notre Dame. La foi de l’Église est bien différente ! Le thème de la Vierge ! Les fils prétendent-ils soulever le thème de l’amour de leur mère ? Ils l’aiment, un point c’est tout. Ils l’aimeront beaucoup, s’il sont de bons fils. Le thème, ou le schéma, ce sont les étrangers qui en discutent, ceux qui étudient un cas avec la froideur de l’énoncé d’un problème. Voici le « défoulement », droit et pieux, mais injuste, de cette âme simple et très pieuse.