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8 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Vie ordinaire → sainteté dans la vie ordinaire.

Nous appartenons, vous et moi, à la famille du Christ, car c’est ainsi qu’il nous a élus en lui, dès avant la création du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ. Tel fut le bon plaisir de sa volonté, à la louange de gloire de sa grâce. Cet appel gratuit que nous avons reçu du Seigneur nous trace un objectif bien précis : la sainteté personnelle, comme saint Paul nous le répète avec insistance. Hæc est voluntas Dei : sanctificatio vestra, la volonté de Dieu, c’est votre sanctification. Ne l’oublions donc pas : c’est pour conquérir ce sommet que nous sommes dans la bergerie du Maître.

Ma mémoire ne perd pas le souvenir du jour où, il y a déjà fort longtemps, allant prier à la cathédrale de Valence, je passai devant le tombeau du vénérable Ridaura. On me raconta que, lorsqu’on demandait son âge à ce prêtre alors très vieux, il répondait en valencien d’un ton très convaincu : « poquets », j’ai très peu d’années ! « celles que j’ai passées à servir Dieu ». Pour beaucoup d’entre vous c’est encore sur les doigts d’une main qu’on peut compter les années écoulées depuis que vous vous êtes décidés à rechercher la familiarité du Seigneur, à le servir au milieu du monde, dans votre milieu et dans l’exercice de votre profession ou de votre métier. Mais ce n’est qu’un détail sans importance. Ce qui compte, en revanche, c’est que nous gravions au fer rouge une certitude dans notre âme : l’invitation à la sainteté, que Jésus-Christ adresse à tous les hommes sans exception, exige de chacun de nous qu’il cultive sa vie intérieure et qu’il s’exerce quotidiennement aux vertus chrétiennes ; et ceci non pas d’une façon quelconque, ni au-dessus de la moyenne. Pas même d’une manière excellente : nous devons nous y efforcer jusqu’à l’héroïsme, au sens le plus fort et le plus décisif du mot.

L’objectif que je vous propose, plus précisément celui que Dieu assigne à tout le monde, n’est pas un mirage ou un idéal inaccessible. Je pourrais vous rapporter bien des exemples concrets de femmes et d’hommes de la rue, comme vous et moi, qui ont rencontré Jésus qui passe quasi in occulto, aux carrefours apparemment les plus ordinaires, et qui se sont décidés à le suivre, en étreignant avec amour la Croix de chaque jour. À notre époque de décomposition générale, de capitulations et de découragements, ou de libertinage et d’anarchie, j’estime encore plus actuelle que jamais cette conviction simple et profonde que, dès le début de mon travail sacerdotal et toujours depuis, je brûle d’envie de communiquer à l’humanité tout entière : « Ces crises mondiales sont des crises de saints. »

La vie intérieure est une exigence inhérente à l’appel que le Maître a fait retentir dans l’âme de tout homme. Nous devons être saints jusqu’au bout des ongles, pour reprendre une expression typique de mon pays ; des chrétiens vrais, authentiques, canonisables ; autrement, nous aurons échoué en tant que disciples du seul Maître. Pensez aussi qu’en s’intéressant à nous, en nous octroyant sa grâce, afin que nous luttions pour atteindre la sainteté au milieu du monde, Dieu nous impose aussi l’obligation de l’apostolat. Comprenez que, même d’un point de vue humain, la préoccupation pour les âmes naît tout naturellement de ce choix, ainsi que l’exprime un Père de l’Église : Lorsque vous découvrez que quelque chose vous a été profitable, vous essayez d’y attirer les autres. Vous devez donc souhaiter que d’autres vous accompagnent sur les chemins du Seigneur. Si, en allant au forum ou aux bains, vous rencontrez quelqu’un qui est oisif, vous l’invitez à vous accompagner. Appliquez au spirituel cette coutume terrestre et, lorsque vous irez vers Dieu, ne le faites point seuls.

Si nous ne voulons pas gaspiller notre temps inutilement ni nous retrancher derrière la fausse excuse des difficultés extérieures du milieu ambiant, difficultés qui n’ont jamais manqué depuis les débuts du christianisme, nous devons avoir tout à fait présent à l’esprit que Jésus-Christ a voulu que l’efficacité de notre action pour entraîner vers lui ceux qui nous entourent, dépende d’ordinaire de notre vie intérieure. Jésus-Christ a mis la sainteté comme condition de l’efficacité de l’activité apostolique ; ou plutôt notre effort pour être fidèles, car, sur terre, nous ne serons jamais saints. Cela semble incroyable, mais Dieu et les hommes attendent de nous une fidélité sans palliatifs, sans euphémismes, qui aille jusqu’à ses dernières conséquences, sans médiocrité ni concessions, dans la plénitude d’une vocation chrétienne assumée et pratiquée avec application.

Vous penserez peut-être que je ne parle que pour un groupe de personnes choisies. Ne vous laissez pas tromper si facilement par la lâcheté ou par la commodité. Que chacun ressente, au contraire, l’urgence divine d’être un autre Christ : ipse Christus, le Christ lui-même ; bref, l’urgence de rendre notre conduite cohérente avec les normes de la foi. Car la sainteté à laquelle nous devons aspirer n’est pas une sainteté de deuxième rang, qui d’ailleurs, n’existe pas. Et la principale condition qui nous est demandée, et qui est tout à fait conforme à notre nature, consiste à aimer : la charité est le lien de la perfec­tion ; charité que nous devons pratiquer en accord avec les commandements explicites que le Seigneur lui-même a établis : tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit, sans rien garder pour nous. C’est en cela que consiste la sainteté.

Certes, il s’agit d’un objectif élevé et ardu. Mais ne perdez pas de vue que personne ne naît saint ; le saint se forge au jeu continuel de la grâce divine et de la réponse de l’homme. Tout ce qui se développe, fait remarquer un écrivain chrétien des premiers siècles à propos de l’union avec Dieu, commence petit. C’est en se nourrissant graduellement qu’on arrive à devenir grand, par des progrès constants. C’est pourquoi je te dis que, si tu veux te comporter en chrétien cohérent (et je sais que tu y es disposé, même s’il t’en coûte si souvent de te vaincre ou de continuer à faire aller de l’avant ce pauvre corps), tu dois apporter un soin extrême aux détails les plus insignifiants. Car tu n’atteindras la sainteté que Notre Seigneur exige de toi qu’en accomplissant avec amour de Dieu ton travail, tes obligations de chaque jour, faites presque toujours de petites réalités.

Petites choses et vie d’enfance

Nous sommes bouleversés, notre cœur est profondément ému lorsque nous écoutons avec attention ce cri de saint Paul : Voici quelle est la volonté de Dieu : c’est votre sanctification. Je me le propose aujourd’hui une fois de plus et je vous le rappelle à vous aussi, et à l’humanité tout entière : la Volonté de Dieu, c’est que nous soyons des saints.

Pour apaiser les âmes, d’une paix véritable, pour transformer la terre, pour chercher Dieu notre Seigneur dans le monde et à travers les choses du monde, la sainteté personnelle est indispensable. Au cours de mes entretiens avec des personnes de tant de pays et des milieux sociaux les plus variés, l’on me demande souvent : « Qu’avez-vous à dire à ceux qui sont mariés ? et à ceux qui travaillent à la campagne ? et aux veuves ? et aux jeunes ? »

Je réponds systématiquement que je n’ai qu’une seule marmite pour tout le monde. Et je souligne d’ordinaire que notre Seigneur Jésus-Christ a prêché la bonne nouvelle à tout le monde, sans aucune distinction. Une seule marmite et une seule nourriture : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Il appelle chacun à la sainteté et demande à chacun de l’amour : jeunes et vieux, célibataires et mariés, bien portants et malades, cultivés et ignorants, quel que soit leur lieu de travail, où qu’ils se trouvent. Il n’y a qu’une seule façon de grandir dans la familiarité et la confiance en Dieu : le fréquenter dans la prière, lui parler, lui manifester, de cœur à cœur, notre amour.

Parler à Dieu

Ascétique ? Mystique ? Je ne saurais le dire. Que ce soit de l’ascétique ou de la mystique, qu’est-ce que cela peut bien faire ? C’est une faveur de Dieu. Si tu t’efforces de méditer, le Seigneur ne te refusera pas son assistance. Foi et œuvres de foi : des œuvres, parce que le Seigneur — tu as pu le constater depuis le début et je l’ai souligné en son temps — est de plus en plus exigeant. C’est déjà de la contemplation et c’est l’union : telle doit être la vie de beaucoup de chrétiens, bien qu’ils ne s’en soient même pas rendu compte, chacun parcourant son propre chemin spirituel, il y en a une infinité, au milieu des occupations du monde.

Une prière et une conduite qui ne nous écartent pas de nos activités habituelles, qui nous conduisent au Seigneur à travers ces nobles préoccupations terrestres. En élevant toute cette activité vers le Seigneur, la créature divinise le monde. J’ai parlé souvent du mythe du roi Midas qui convertissait en or tout ce qu’il touchait. Malgré nos erreurs personnelles, nous pouvons convertir tout ce que nous touchons en or de mérites surnaturels.

Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture