Liste des points

2 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Lutte ascétique  → croître en charité.

J’aime reprendre des paroles que l’Esprit Saint nous communique par la bouche du prophète Isaïe : discite benefacere. Apprenez à faire le bien. J’ai l’habitude d’appliquer ce conseil aux différents aspects de notre lutte intérieure, étant donné qu’il ne faut jamais penser que la vie chrétienne est achevée, car le progrès dans les vertus découle d’un effort personnel, quotidien et effectif.

Pour l’apprentissage de n’importe quelle tâche au sein de la société, comment nous y prenons-nous ? Nous considérons d’abord le but recherché et les moyens pour l’atteindre. Puis nous les employons, de façon répétée, jusqu’à créer une habitude fermement enracinée en nous. Dès que nous apprenons quelque chose, nous en découvrons d’autres que nous ignorions et qui constituent une motivation pour poursuivre la tâche sans jamais dire assez !

La charité envers le prochain est une manifestation de l’amour de Dieu. C’est pourquoi, quand nous nous efforçons de progresser dans cette vertu, nous ne pouvons pas nous fixer de limite. Avec le Seigneur, la seule mesure est d’aimer sans mesure. D’une part, parce que nous n’arriverons jamais à le remercier assez pour tout ce qu’il a fait pour nous ; d’autre part, parce que l’amour de Dieu envers ses créatures se présente ainsi : surabondant, sans calcul, sans frontières.

À nous tous qui sommes disposés à l’écouter de toute notre âme, Jésus-Christ nous enseigne, dans le sermon sur la montagne, le commandement divin de la charité. Et à la fin, en guise de résumé, il explique : Aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien attendre en retour. Votre récompense alors sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants. Soyez donc miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux.

La miséricorde n’en reste pas à une froide attitude de compassion : la miséricorde s’identifie avec la surabondance de la charité, qui amène avec elle la surabondance de la justice. Être miséricordieux c’est garder le cœur sensible, c’est entretenir la blessure humaine et divine d’un amour ferme, sacrifié, généreux. C’est bien ainsi que saint Paul, dans son hymne à cette vertu, résume la charité : La charité est longanime, la charité est serviable ; elle n’est pas envieuse, la charité ne fanfaronne pas, ne se rengorge pas, elle ne fait rien d’inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal, elle ne se réjouit pas de l’injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout.

L’une des premières manifestations de la charité consiste concrètement à engager l’âme sur la voie de l’humilité. Lorsqu’en toute sincérité nous nous prenons pour moins que rien et que nous comprenons que la plus faible et la plus insignifiante des créatures serait meilleure que nous, si nous n’avions le secours divin ; quand nous nous sentons capables de toutes les erreurs et de toutes les horreurs, quand nous nous savons pécheurs, malgré notre lutte acharnée pour éviter tant d’infidélités, comment allons-nous penser du mal des autres ? Comment saurions-nous nourrir dans notre cœur le fanatisme, l’intolérance, l’arrogance ?

L’humilité nous conduit comme par la main vers cette façon d’aborder notre prochain, qui est la meilleure : comprendre tous les hommes, vivre en bonne entente avec tous, pardonner à tous, ne créer ni divisions ni barrières, nous comporter, toujours, comme des instruments d’unité. Ce n’est pas en vain qu’il existe au fond de notre âme une forte aspiration à la paix, à l’union avec nos semblables, au respect mutuel des droits de la personne, de sorte que tous ces égards se transforment en fraternité. C’est le reflet de ce qu’il y a de plus précieux dans notre condition humaine ; si nous sommes tous enfants de Dieu, la fraternité ne se réduit pas à un lieu commun ; elle n’est pas non plus un idéal illusoire. Elle apparaît comme un but difficile mais réel.

Face à tous les cyniques, aux sceptiques, aux désabusés, à ceux qui se sont fait une mentalité de leur propre lâcheté, nous les chrétiens, nous devons prouver que cette affection est possible. Il existe peut-être beaucoup de difficultés pour agir de la sorte, car l’homme a été créé libre et il est en son pouvoir de tenir tête inutilement, amèrement, à Dieu ; mais cet amour est possible et réel, car cette conduite découle nécessairement de l’amour de Dieu et de l’amour pour Dieu. Si toi et moi nous aimons, Jésus-Christ aime aussi. Alors nous comprendrons dans toute leur profondeur et dans toute leur fécondité la douleur, le sacrifice et le dévouement désintéressé dans la vie de tous les jours.

L’exercice de la charité