Liste des points

3 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Lutte ascétique  → plan de vie.

À l’heure de faire porter notre examen sur ce qu’est et devrait être notre vie de piété, sur quels points précis nous devrions améliorer notre relation personnelle avec Dieu, si vous m’avez bien suivi, vous repousserez la tentation de bâtir des châteaux en Espagne, car vous aurez découvert que le Seigneur se contente que nous lui offrions à chaque instant de petites marques d’amour.

Essaie de t’en tenir à un plan de vie, avec constance : quelques minutes de prière mentale ; l’assistance à la sainte Messe, tous les jours si possible, et la communion fréquente ; un recours assidu au saint sacrement du Pardon, même si ta conscience ne te reproche pas de péché mortel ; la visite à Jésus dans le tabernacle ; la récitation et la contemplation des mystères du Saint Rosaire, et tant de merveilleuses pratiques de piété que tu connais bien ou que tu peux apprendre.

Elles ne doivent pas devenir des normes rigides, tels des compartiments étanches ; elles indiquent un itinéraire souple, adapté à ta condition d’homme qui vit en pleine rue, accomplissant un travail professionnel intense, et ayant des obligations et des relations sociales que tu ne dois pas négliger, car c’est dans ces occupations-là que se poursuit ta rencontre avec Dieu. Ton plan de vie sera comme ce gant élastique qui s’adapte parfaitement à la main qui l’enfile.

N’oublie pas non plus que l’essentiel n’est pas de faire beaucoup de choses ; limite-toi généreusement à celles que tu peux mener à bien tous les jours, que tu en aies envie ou non. Ces pratiques te mèneront presque insensiblement à la prière contemplative. Des actes d’amour plus nombreux naîtront dans ton âme, des oraisons jaculatoires, des actions de grâce, des actes de réparation, des communions spirituelles. Et cela, tout en accomplissant tes obligations : en décrochant ton téléphone, en prenant un moyen de transport, en ouvrant ou en fermant une porte, en passant devant une église, avant de te mettre au travail, en le réalisant ou en l’achevant. Tu sauras tout rapporter à Dieu ton Père.

Reposez-vous sur la filiation divine. Dieu est un Père débordant de tendresse, d’un amour infini. Appelle-le « Père » souvent dans la journée et dis-lui, seul à seul, dans ton cœur, que tu l’aimes, que tu l’adores, que tu ressens la fierté et la force d’être son fils. Tu as là un authentique programme de vie intérieure que tu dois canaliser dans tes relations de piété avec Dieu, peu nombreuses, mais constantes, j’insiste, qui te permettront d’acquérir les sentiments et les façons d’être d’un bon fils.

Je dois encore te prévenir contre le danger de la routine, véritable sépulcre de la piété, qui se cache fréquemment sous l’ambition de réaliser ou d’entreprendre de grandes choses, alors que l’on néglige, par commodité, les obligations quotidiennes. Lorsque tu percevras ces insinuations, mets-toi en présence de Dieu avec sincérité : vois si tu n’es pas las de toujours lutter sur les mêmes points, parce que tu ne cherchais pas Dieu ; regarde si, par manque de générosité, d’esprit de sacrifice, ta persévérance fidèle dans le travail ne s’est pas affaiblie. Tes normes de piété, tes petites mortifications, ton activité apostolique qui ne produit pas de fruits immédiats te semblent alors terriblement stériles. Nous nous sentons vides et nous commençons peut-être à échafauder de nouveaux projets, pour faire taire la voix de notre Père du Ciel qui nous réclame une loyauté totale. Et avec ce « cauchemar » de rêves grandioses dans notre âme nous oublions la réalité la plus sûre, le chemin qui nous mène tout droit à la sainteté : c’est le signe le plus évident que nous avons perdu le point de vue surnaturel ; la conviction que nous sommes des tout-petits ; la certitude des merveilles que notre Père est prêt à opérer en nous si nous recommençons avec humilité.

Les balises rouges

Mon jeune esprit fut fortement frappé par les balises que l’on trouvait sur les bords des chemins dans nos montagnes ; c’était chez moi de grands pieux, généralement peints en rouge. On m’avait expliqué alors que ces poteaux dépassent lorsque la neige a recouvert sentiers, terres ensemencées, pâturages, forêts, rochers et précipices. Ils sont un point de repère sûr pour que tout voyageur puisse à tout moment savoir par où passe sa route.

Il arrive quelque chose de semblable dans la vie intérieure. Elle comporte des printemps et des étés, mais aussi des hivers, des jours sans soleil, des nuits sans lune. Nous ne pouvons pas permettre que nos rapports avec Jésus-Christ soient à la merci de nos sautes d’humeur, des changements de notre caractère. Ces attitudes trahissent l’égoïsme et la commodité et sont de toute évidence incompatibles avec l’amour.

Ainsi, qu’il vente ou qu’il neige, quelques pratiques de piété, solides, nullement sentimentales, bien enracinées et adaptées aux circonstances personnelles de chacun, seront comme ces balises rouges qui nous indiquent toujours la direction jusqu’à ce que le Seigneur décide que le soleil brille de nouveau, que la neige fonde, et que notre cœur recommence à vibrer, enflammé d’un feu qui, en réalité, ne s’était jamais éteint. Ce n’était que braises enfouies sous la cendre d’une épreuve momentanée, ou d’un effort relâché, ou d’un sacrifice insuffisant.