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4 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Lutte ascétique  → Croix et pénitence.

Si je vous rappelle ces solides vérités, c’est pour vous inviter à examiner attentivement les mobiles qui dictent votre conduite, afin de rectifier ce qui doit être rectifié, réorientant toute chose vers le service de Dieu et de vos frères les hommes. Prenez garde au fait que le Seigneur est passé près de nous : il nous a regardés avec affection et nous a appelés d’un saint appel, non en considération de nos œuvres, mais conformément à son propre dessein et à sa grâce, qui nous fut donnée avant tous les siècles dans le Christ Jésus.

Purifiez votre intention, ayez soin de toute chose par amour de Dieu, en embrassant avec joie la croix de chaque jour. Je l’ai répété des milliers de fois, parce que je pense que ces idées doivent être gravées dans le cœur des chrétiens : quand nous ne nous bornons pas à tolérer la contradiction, la douleur physique ou morale, mais qu’au contrai­re nous l’aimons et que nous l’offrons à Dieu en réparation pour nos péchés personnels et pour les péchés de tous les hommes, alors je vous assure que cette souffrance n’accable pas.

Nous ne portons plus n’importe quelle croix, nous découvrons la Croix du Christ avec, en plus, la consolation de constater que le Rédempteur se charge d’en supporter le poids. Nous collaborons comme Simon de Cyrène, qui se vit obligé de prêter ses épaules pour aider Jésus, alors qu’il revenait de travailler son champ et pensait à un repos mérité. Être volontairement le Cyrénéen du Christ, accompagner d’aussi près son Humanité souffrante, réduite à une loque, n’est pas un malheur pour une âme aimante, mais lui apporte la certitude de la proximité de Dieu qui, par ce choix, la bénit.

De nombreuses personnes m’ont souvent parlé avec étonnement de la joie que, grâce à Dieu, mes enfants de l’Opus Dei possèdent et communiquent aux autres. Devant l’évidence de cette réalité, je réponds toujours par la même explication, car je n’en connais pas d’autre : le fondement de leur bonheur réside dans le fait de ne craindre ni la vie ni la mort, de ne pas se laisser intimider par les tribulations, dans un effort quotidien pour vivre avec esprit de sacrifice, constamment disposés, malgré leur misère et leur faiblesse personnelles, à se renier eux-mêmes, pour rendre le chemin chrétien plus aisé et plus aimable pour les autres.

Comme le battement du cœur

Est-ce que tu tâches déjà de prendre des résolutions sincères ? Demande au Seigneur de t’aider à te compliquer la vie par amour pour lui ; à mettre en tout, avec naturel, le parfum purificateur de la mortification ; à te dépenser à son service, sans ostentation, en silence, tout comme se consu­me la veilleuse qui brille près du tabernacle. Et pour le cas où tu ne saurais pas maintenant comment répondre de façon concrète aux requêtes divines qui frappent ton cœur, écoute-moi bien.

La pénitence, c’est l’accomplissement exact de l’horaire que tu t’es fixé, même si ton corps oppose de la résistance ou si ton esprit prétend s’évader dans des rêveries chimériques. La pénitence, c’est se lever à l’heure. Et aussi ne pas remettre à plus tard, sans motif valable, une tâche qui t’est plus difficile ou coûteuse que d’autres.

La pénitence consiste à savoir concilier tes obligations envers Dieu, envers les autres et envers toi-même, en te montrant exigeant envers toi-même pour trouver du temps pour chaque chose. Tu es pénitent lorsque tu te plies amoureusement à ton plan de prière, même si tu es épuisé, sans envie ou froid.

La pénitence, c’est traiter toujours les autres avec la plus grande charité, en commençant par ton entourage. C’est apporter la plus grande délicatesse à t’occuper de ceux qui souffrent, des malades, de ceux qui traversent une épreuve. C’est répondre avec patience aux raseurs et aux importuns. C’est interrompre ou modifier nos plans lorsque les circonstances, les intérêts bons et justes des autres surtout, le requièrent.

La pénitence consiste à supporter avec bonne humeur les mille petites contrariétés de la journée ; à ne pas abandonner ton occupation même si tu perds momentanément l’enthousiasme des débuts avec lequel tu l’avais entreprise ; à manger avec reconnaissance ce qu’on te sert, sans importuner par des caprices.

La pénitence, pour les parents et, en général, pour tous ceux qui ont une mission de direction ou d’éducation, c’est corriger quand il le faut, en accord avec la nature de l’erreur et les conditions de celui qui a besoin de cette aide, par-delà les subjectivismes bornés et sentimentaux.

L’esprit de pénitence nous amène à ne pas nous attacher d’une façon désordonnée à notre ébauche monumentale de projets futurs, dans laquelle nous avons déjà prévu nos traits et nos coups de pinceau magistraux. Quelle joie nous donnons à Dieu lorsque nous savons renoncer à nos gribouillis et à nos coups de brosse d’artiste amateur et que nous permettons que ce soit lui qui ajoute les traits et les couleurs qui lui plaisent le plus !

Je pourrais continuer à t’indiquer une foule de détails de pénitence (je t’ai seulement cité ceux qui me venaient maintenant à l’esprit) dont tu peux tirer profit tout au long de ta journée pour t’approcher de plus en plus de Dieu, de plus en plus de ton prochain. J’insiste que si je t’ai mentionné ces exemples, ce n’est pas parce que je méprise les grandes pénitences ; au contraire, elles s’avèrent saintes et bonnes, et même nécessaires, quand le Seigneur nous appelle sur ce chemin, en comptant toujours avec l’approbation de celui qui dirige ton âme. Mais je te préviens que les grandes pénitences sont également compatibles avec les chutes retentissantes, provoquées par l’orgueil. En revanche, si nous cherchons continuellement à plaire à Dieu dans nos petits combats personnels — sourire quand on n’en a pas envie ! je t’assure que, par moments, un sourire coûte plus qu’une heure de cilice —, nous évitons par là de donner prise à l’orgueil, ou de tomber dans la naïveté ridicule de nous prendre pour des héros admirables. Nous serons plutôt devant lui comme cet enfant qui ne peut offrir à son père que des petits riens, que celui-ci reçoit avec une immense joie.

Mais alors, un chrétien doit-il toujours se mortifier ? Oui, mais par amour. Parce que nous portons le trésor de notre vocation en des vases d’argile, pour qu’on voie bien que cette extraordinaire puissance appartient à Dieu et ne vient pas de nous. Nous sommes pressés de toutes parts, mais non pas écrasés ; ne sachant qu’espérer, mais non désespérés ; persécutés, mais non abandonnés ; terrassés, mais non annihilés. Nous portons partout et toujours en notre corps les souffrances de mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre corps.

Tourne à nouveau tes regards vers ta vie et demande pardon pour tel ou tel détail qui saute tout de suite aux yeux de ta conscience ; pour le mauvais usage que tu fais de ta langue ; pour les pensées qui tournent continuellement autour de toi-même ; pour le jugement critique consenti, qui te préoccupe bêtement et est une source d’inquiétude et de souci permanents… Vous pouvez être tellement heureux ! Le Seigneur veut que nous soyons contents, ivres de joie, marchant sur les chemins de bonheur qu’il a lui-même parcourus ! Nous ne nous sentons malheureux que lorsque nous nous entêtons à nous égarer en nous engageant sur le chemin de l’égoïsme et de la sensualité ; bien pire encore, si nous empruntons celui de l’hypocrisie.

Le chrétien doit se montrer authentique, véridique, sincère dans tous ses actes. Sa conduite doit refléter un esprit : celui du Christ. Si quelqu’un a, en ce monde, l’obligation d’être cohérent, c’est bien le chrétien, parce qu’il a reçu en dépôt, pour faire fructifier ce don, la vérité qui libère, qui sauve. Père, me demanderez-vous, comment puis-je parvenir à cette sincérité de vie ? Jésus-Christ a donné à son Église tous les moyens nécessaires : il nous a appris à prier, à fréquenter son Père céleste ; il nous a envoyé son Esprit, le Grand Inconnu, qui agit en notre âme ; et il nous a laissé les signes visibles de la grâce que sont les sacrements. Utilise-les. Intensifie ta vie de piété. Fais oraison tous les jours. Et ne refuse jamais ton épaule au fardeau aimable de la Croix du Seigneur.

C’est Jésus qui t’a invité à le suivre comme un bon disciple, afin que ton passage sur la terre te permette de semer la paix et la joie que le monde ne peut donner. Pour cela, j’insiste, nous devons marcher sans peur de la vie et sans peur de la mort, sans fuir à tout prix la douleur qui, pour un chrétien, est toujours un moyen de purification et l’occasion d’aimer vraiment ses frères, mettant à profit les mille circonstances de la vie courante.

Le temps s’est écoulé. Je dois mettre un point final à ces réflexions, par lesquelles j’ai tenté de remuer ton âme pour que tu répondes en concrétisant quelques résolutions, peu nombreuses, mais précises. Pense que Dieu veut que tu sois heureux et que, si tu fais de ton côté ce que tu peux, tu seras heureux, très heureux, follement heureux, même si la Croix ne te manque jamais. Mais désormais cette Croix n’est plus un gibet ; c’est le trône d’où le Christ règne. Et près de lui, se trouve sa Mère, qui est aussi notre Mère. La Sainte Vierge t’obtiendra le courage dont tu as besoin pour marcher d’un pas décidé sur les traces de son Fils.

Références à la Sainte Écriture
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