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3 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Lutte ascétique  → par Amour.

Mêlé à la multitude, un de ces experts qui n’arrivaient plus à discerner quels étaient les enseignements révélés à Moïse, tant ils les avaient eux-mêmes embrouillés dans une casuistique stérile, vient de poser une question au Seigneur. Le Seigneur ouvre ses lèvres divines pour répondre posément à ce docteur de la Loi, avec la ferme assurance de celui qui en a bien l’expérience : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit. Voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même. C’est à ces deux commandements que se rattachent toute la Loi et les Prophètes.

Voyez maintenant le Maître, réuni avec ses disciples dans l’intimité du Cénacle. À l’approche de sa Passion, le cœur du Christ, entouré de ceux qu’iI aime, brûle d’un feu ineffable : Je vous donne un commandement nouveau, leur dit-iI, aimez-vous les uns les autres ; oui comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous vous reconnaîtront pour mes disciples. À cet amour que vous aurez les uns pour les autres.

Pour approcher le Seigneur à travers les pages du saint Évangile, je vous recommande toujours de faire l’effort d’entrer dans la scène, d’y participer comme un personnage de plus. Je connais nombre d’âmes, normales et courantes qui le font. Ainsi, vous serez absorbés comme Marie, suspendue aux lèvres de Jésus ou, comme Marthe, vous oserez lui faire part sincèrement de vos soucis, même les plus insignifiants.

Seigneur, pourquoi dis tu que ce commandement est nouveau ? Comme nous venons de l’entendre, l’amour envers le prochain était déjà prescrit dans l’Ancien Testament. Et vous vous souvenez aussi que, juste au début de sa vie publique, Jésus élargit cette exigence, dans sa générosité divine : Vous avez entendu dire « Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. » Eh bien, moi je vous dis : aimez vos ennemis, faites le bien à ceux qui vous détestent et priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient.

Seigneur, permets-nous d’insister : pourquoi continues-tu d’appeler nouveau ce précepte ? Cette nuit-là, quelques heures avant de t’immoler sur la Croix, au cours d’une conversation intime avec ceux qui, malgré leurs faiblesses et leurs misères personnelles, semblables aux nôtres, t’ont accompagné jusqu’à Jérusalem, tu nous as révélé la mesure insoupçonnée de la charité : comme je vous ai aimés. Comment les apôtres ne t’auraient-ils pas compris, eux, les témoins de ton amour insondable !

Le message et l’exemple du Maître sont nets, précis. Il a étayé sa doctrine de ses œuvres. Pourtant j’ai souvent pensé que, même à vingt siècles de distance, ce précepte continue d’être tout nouveau, car il en est très peu qui se soient préoccupés de le mettre en pratique. Les autres, la majorité, ont préféré, et préfèrent toujours faire la sourde oreille. Mus par un égoïsme exacerbé, ils concluent : à quoi bon tant de complications ? Mes propres soucis me suffisent amplement.

Une telle attitude n’est pas concevable parmi les chrétiens. Si nous professons cette même foi, si nous avons vraiment le désir de mettre nos pas dans les traces nettes que Jésus a laissées sur la terre, nous ne devons pas nous contenter d’éviter à nos proches le mal que nous ne voulons pas pour nous-mêmes. C’est déjà beaucoup, mais c’est très peu si nous avons compris que la mesure de notre amour doit être dictée par le comportement de Jésus. En outre, il ne nous propose pas cette norme de conduite comme un but lointain, comme le couronnement d’une vie entière de lutte. C’est, ce doit être, et j’insiste, pour que tu prennes des résolutions concrètes, un point de départ. En effet, le Seigneur en fait un signe préalable : En ceci, ils vous reconnaîtront pour mes disciples.

Jésus-Christ, notre Seigneur, s’est incarné. Il a pris notre nature pour se manifester à l’humanité comme modèle de toutes les vertus. Apprenez de moi qui suis doux et humble de cœur, nous propose-t-il.

Plus tard, quand il explique aux apôtres le signe par lequel on les reconnaîtra comme chrétiens, il ne dit pas : parce que vous êtes humbles. Lui, la pureté la plus sublime, l’Agneau immaculé, rien ne pouvait souiller sa sainteté parfaite, sans tache, n’indique pas non plus : ils sauront que vous êtes mes disciples à ce que vous êtes chastes et purs.

Il est passé sur cette terre dans le détachement le plus complet des biens de ce monde. Alors qu’il était le Créateur et le Seigneur de tout l’Univers, il n’a même pas eu où reposer sa tête. Cependant il ne dit pas : ils sauront que vous êtes des miens parce que vous ne vous êtes point attachés aux richesses. Il reste dans le désert quarante jours et quarante nuits en observant le jeûne le plus rigoureux, avant de se consacrer à la prédication de l’Évangile. Et il n’assure pas non plus aux siens : ils verront que vous servez Dieu parce que vous n’êtes ni des goinfres, ni des buveurs.

Le trait qui distinguera les apôtres et les chrétiens authentiques de tous les temps, nous l’avons déjà entendu : À ceci, précisément à ceci, tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à cet amour que vous aurez les uns pour les autres.

Il me paraît parfaitement logique que les enfants de Dieu aient toujours été bouleversés, comme nous le sommes toi et moi en ce moment, par cette insistance du Maître. Le Seigneur n’établit pas que les prodiges, les miracles extraordinaires seront la preuve de la fidélité de ces disciples, bien que, dans l’Esprit Saint, il leur en ait conféré le pouvoir. Que leur annonce-t-il donc ? On reconnaîtra que vous êtes mes disciples si vous vous aimez les uns les autres.

Pédagogie divine