Liste des points

5 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Prière → vivante et opérative.

Tandis que je vous parle, je sais que, en la présence de Dieu, vous essayez de réviser votre comportement. N’est-il pas vrai que la plupart de ces peines qui ont troublé ton âme, de ces manques de paix viennent de ce que tu n’as pas répondu aux invitations divines ; ou bien de ce que tu étais peut-être en train de parcourir le chemin des hypocrites, parce que tu te cherchais toi-même ? Dans la triste tentative de conserver, aux yeux de ceux qui t’entourent, la simple apparence d’une attitude chrétienne, tu te refusais en toi-même à accepter le renoncement, à mortifier tes passions déviées, à te livrer sans condition, avec abnégation, comme Jésus-Christ.

Voyez-vous, pendant ces moments de méditation devant le tabernacle, vous ne pouvez pas vous contenter d’écouter les paroles que le prêtre prononce, matérialisant en quelque sorte l’oraison intime de chacun d’entre vous. Je te propose quelques réflexions, je t’indique quelques points, pour que tu les recueilles activement, et que tu réfléchisses de ton côté, les prenant pour thème d’un colloque tout à fait personnel et silencieux entre Dieu et toi, qui t’amènera à les appliquer à ta situation actuelle et, avec la lumière que le Seigneur te donnera, à distinguer dans ta conduite ce qui est droit de ce qui s’engage sur une mauvaise voie, afin de rectifier cela avec le secours de sa grâce.

Remercie le Seigneur de cette abondance de bonnes œuvres que tu as réalisées, de façon désintéressée, car tu peux chanter avec le psalmiste : Il me tira de la fosse fatale, de la vase du bourbier ; il a dressé mes pieds sur le roc, affermissant mes pas. Demande-lui aussi pardon pour tes omissions ou pour tes faux pas lorsque tu t’es introduit dans le lamentable labyrinthe de l’hypocrisie, en affirmant que tu désirais la gloire de Dieu et le bien de ton prochain, alors qu’en réalité tu t’honorais toi-même… Sois audacieux, sois généreux et dis : non, je ne veux plus jamais décevoir ni le Seigneur ni l’humanité.

C’est le moment d’accourir à ta Mère bénie du Ciel, pour qu’elle te reçoive dans ses bras et t’obtienne de son Fils un regard de miséricorde. Essaye aussitôt de formuler des résolutions concrètes : finis-en une fois pour toutes, bien que cela te coûte, avec cette petite chose qui fait obstacle, et que Dieu et toi vous connaissez bien. L’orgueil, la sensualité, le manque de sens surnaturel s’allieront pour te murmurer : cela ? mais ce n’est qu’un détail ridicule, insignifiant ! Réponds sans dialoguer davantage avec la tentation : je me donnerai aussi en accomplissant cette exigence divine ! Et tu auras bien raison : l’amour se prouve d’une manière toute particulière par de petits riens. D’ordinaire, parmi les sacrifices que le Seigneur nous demande, les plus ardus sont minuscules, mais aussi continuels et efficaces que les battements du cœur.

Combien de mères as-tu connu qui ont accompli un acte héroïque, extraordinaire ? Peu, bien peu. Cependant des mères héroïques, véritablement héroïques, qui n’apparaissent pas comme des figures spectaculaires, qui ne feront jamais la une des journaux, comme on dit, nous en connaissons beaucoup toi et moi. Elles vivent en renonçant à elles-mêmes à tout moment, sacrifiant avec joie leurs propres goûts et intérêts, leur temps, leurs possibilités d’affirmation personnelle ou de succès, pour remplir de bonheur les jours de leurs enfants.

Si, à chaque instant, nous ne tirons pas de l’Évangile des applications pratiques pour notre vie présente, c’est que nous ne le méditons pas suffisamment. Beaucoup d’entre vous sont jeunes, d’autres sont déjà des hommes mûrs. Mais vous voulez tous, nous voulons tous, sinon, nous ne serions pas ici, produire de bons fruits. Nous essayons d’introduire dans notre conduite l’esprit de sacrifice, le désir de faire produire le talent que le Seigneur nous a confié, car nous éprouvons un zèle divin pour les âmes. Mais ce ne serait pas la première fois que, malgré tant de bonne volonté, l’un d’entre nous tomberait dans le piège tendu par la coterie — ex phariseis et herodianis — composée peut-être de ceux qui, étant chrétiens, devraient, d’une façon ou d’une autre, défendre les droits de Dieu mais qui, au contraire, alliés et confondus aux intérêts des forces du mal, assiègent insidieusement d’autres frères dans la foi, d’autres serviteurs du même Rédempteur.

Soyez prudents et agissez toujours avec simplicité, vertu si familière au bon enfant de Dieu. Montrez-vous naturels dans votre langage et dans votre comportement. Allez au fond des problèmes ; ne restez pas à la surface des choses. N’oubliez pas qu’il faut envisager par avance la peine des autres et la nôtre si nous voulons vraiment nous acquitter saintement et honnêtement de nos obligations de chrétien.

Nous sommes maintenant convaincus que la charité n’a rien à voir avec cette caricature que parfois d’aucuns ont prétendu esquisser de cette vertu centrale dans la vie du chrétien. Alors pourquoi sommes-nous tenus de la prêcher continuellement ? S’agirait-il d’un thème en quelque sorte obligatoire, mais ayant peu de chances de se manifester dans des faits concrets ?

Si nous nous regardions autour de nous, il se pourrait que nous trouvions des raisons de croire que la charité est une vertu illusoire. Mais si toi et moi, nous envisageons les choses avec un esprit surnaturel, nous découvrirons aussi la racine de cette stérilité : l’absence de relations intenses et continuelles, en tête à tête, avec notre Seigneur Jésus Christ, et la méconnaissance de l’œuvre de l’Esprit Saint dans l’âme, dont le premier fruit est précisément la charité.

Reprenant quelques conseils de l’Apôtre, portez le fardeau les uns des autres et accomplissez ainsi la loi du Christ, un Père de l’Église ajoute : En aimant le Christ nous supporterons facilement les faiblesses des autres, même de celui que nous n’aimons pas encore parce que ses œuvres ne sont pas bonnes.

C’est dans cette direction que s’élève le chemin qui nous fait grandir dans la charité. Si nous pensons que nous devons d’abord exercer des activités humanitaires, des tâches d’assistance, en excluant l’amour du Seigneur, nous nous trompons. Nous ne devons pas délaisser le Christ parce que nous nous occupons de notre prochain malade, étant donné que nous devons aimer celui-ci à cause du Christ.

Voyez l’exemple de Jésus. Sans cesser d’être Dieu, il s’humilia, prenant la condition d’esclave pour pouvoir nous servir. Voilà la seule voie, le seul effort qui en vaille la peine. L’amour cherche l’union, l’identification avec la personne aimée. En nous unissant au Christ, nous serons pris du désir de le seconder dans cette vie de renoncement, d’aimer sans mesure et de nous sacrifier jusqu’à la mort. Le Christ nous place devant une alternative fondamentale : dépenser notre existence personnelle égoïstement et en solitaires, ou nous consacrer de toutes nos forces à une tâche de service.

Je me lèverai donc, et parcourrai la ville. Dans les rues et sur les places, je chercherai celui que mon cœur aime… Et non seulement la ville : je courrai d’un bout du monde à l’autre — par tous les pays, par toutes les villes, par les chemins et les sentiers — pour obtenir la paix de mon âme. Et je la découvre dans mes occupations quotidiennes, qui ne sont pas pour moi un obstacle mais au contraire, une voie et un motif pour aimer Dieu de plus en plus et m’unir de plus en plus à lui.

Et lorsque la tentation du découragement, de la résistance, de la lutte, de la tribulation, d’une nouvelle nuit de l’âme nous assaille avec violence, le psalmiste met sur nos lèvres et dans notre intelligence ces mots : Je suis avec lui dans la détresse. Ô Jésus, comparée à ta Croix, que vaut la mienne ? Comparées à tes blessures, que sont mes égratignures ? Comparée à ton Amour immense, infini et pur, qu’est-ce que cette pauvre petite peine dont tu as chargé mes épaules ? Et votre cœur, comme le mien, se remplissent d’une sainte avidité, quand nous lui avouons, par nos actes, que nous mourons d’Amour.

Alors naît une soif de Dieu, un désir de comprendre ses larmes, de voir son sourire, son visage… J’estime que la meilleure façon de l’exprimer consiste à répéter de nouveau, avec l’Écriture : Comme languit un cerf après l’eau vive, ainsi languit mon âme vers toi, mon Dieu. Et l’âme avance, plongée en Dieu, divinisée : le chrétien est devenu un voyageur assoiffé, qui ouvre la bouche pour s’abreuver aux eaux de la fontaine.