Liste des points

4 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Sainteté → don de soi.

Vous penserez peut-être que je ne parle que pour un groupe de personnes choisies. Ne vous laissez pas tromper si facilement par la lâcheté ou par la commodité. Que chacun ressente, au contraire, l’urgence divine d’être un autre Christ : ipse Christus, le Christ lui-même ; bref, l’urgence de rendre notre conduite cohérente avec les normes de la foi. Car la sainteté à laquelle nous devons aspirer n’est pas une sainteté de deuxième rang, qui d’ailleurs, n’existe pas. Et la principale condition qui nous est demandée, et qui est tout à fait conforme à notre nature, consiste à aimer : la charité est le lien de la perfec­tion ; charité que nous devons pratiquer en accord avec les commandements explicites que le Seigneur lui-même a établis : tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit, sans rien garder pour nous. C’est en cela que consiste la sainteté.

Lorsque nous méditons les paroles de Notre Seigneur : et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient eux aussi consacrés en vérité, nous percevons clairement notre unique but : la sanctification, autrement dit le devoir que nous avons d’être saints pour sanctifier. En même temps la tentation subtile nous assaille peut-être de penser que bien peu d’entre nous se sont décidés à répondre à cette invitation divine, sans compter que nous constatons que nous ne sommes que des instruments bien quelconques. Nous sommes peu nombreux, il est vrai, au regard du reste de l’humanité, et nous ne valons rien par nous-mêmes. Mais l’affirmation du Maître a l’accent de l’autorité : le chrétien est lumière, sel, ferment du monde, et un peu de levain fait fermenter toute la pâte. C’est précisément pour cela que j’ai toujours prêché que toutes les âmes nous intéressent, cent âmes sur cent, sans discrimination d’aucune sorte, avec la conviction que Jésus-Christ nous a tous rachetés, et qu’il veut se servir d’un petit nombre, malgré notre nullité personnelle, pour faire connaître ce salut.

Jamais un disciple du Christ ne maltraitera quelqu’un. Il qualifie l’erreur d’erreur ; mais il doit corriger avec affection celui qui est dans l’erreur ; sinon, il ne pourra pas l’aider, il ne pourra pas le sanctifier. Il faut vivre avec les autres, il faut comprendre, il faut savoir excuser, il faut être fraternels. Et, comme le conseillait saint Jean de la Croix, il faut à tout moment mettre de l’amour là où il n’y a pas d’amour, pour en tirer de l’amour, même dans ces circonstances, apparemment peu importantes, que créent notre travail professionnel et nos relations familiales et sociales. Toi et moi nous profiterons ainsi des occasions qui se présenteront, y compris des plus banales, pour les sanctifier, nous sanctifier et sanctifier ceux qui partagent avec nous les mêmes efforts quotidiens, en ressentant dans notre vie le poids doux et attirant de la corédemption.

Comme Notre Seigneur, moi aussi j’aime beaucoup parler de barques et de filets de pêche pour que nous retirions tous, de ces scènes évangéliques, des résolutions fermes et déterminées. Saint Luc nous raconte que des pêcheurs lavaient et raccommodaient leurs filets sur les rives du lac de Génésareth. Jésus s’approche de ces barques amarrées au rivage et monte dans l’une d’elles, celle de Simon. Avec quel naturel le Maître s’introduit dans notre barque à nous ! Pour nous compliquer la vie, ainsi que certains le répètent en se plaignant. Le Seigneur nous a croisés, vous et moi, sur notre chemin, pour nous compliquer la vie, délicatement, tendrement.

Après avoir prêché dans la barque de Pierre, il s’adresse aux pêcheurs : duc in altum, et laxate retia vestra in capturam ! avancez en eau profonde, et lâchez vos filets ! Pleins de confiance dans la parole du Christ, ils obéissent et ils obtiennent cette pêche prodigieuse ! Et regardant Pierre qui, tout comme Jacques et Jean, n’en revenait pas, le Seigneur lui explique : Rassure-toi, désormais ce sont des hommes que tu prendras. Alors, ramenant leurs barques à terre et laissant tout, ils le suivirent.

Ta barque — tes talents, tes aspirations, tes réussites — ne vaut rien, à moins que tu ne la mettes à la disposition de Jésus-Christ, que tu ne lui permettes d’y entrer librement, que tu ne fasses pas d’elle une idole. Toi seul, avec ta barque, si tu te passes du Maître, tu iras droit au naufrage, d’un point de vue surnaturel. Tu ne seras à l’abri des tempêtes et des revers de la vie que si tu admets, si tu recherches la présence et la providence du Seigneur. Remets tout entre les mains de Dieu : fais que tes pensées, les heureuses aventures dont tu rêves, tes ambitions humaines nobles, tes amours passent par le cœur du Christ. Autrement, tôt ou tard, toutes ces choses couleront à pic à cause de ton égoïsme.

Si tu consens à ce que Dieu soit le Maître de ton navire, qu’il le commande, quelle assurance !…, même quand il semble absent, endormi, indifférent, et que se lève une tempête au milieu des ténèbres les plus profondes. Saint Marc rapporte que les apôtres se trouvaient dans des circonstances semblables et, que Jésus, les voyant s’épuiser à ramer, car le vent leur était contraire, vers la quatrième veille de la nuit vint vers eux en marchant sur la mer… Rassurez-vous, c’est moi, n’ayez pas peur. Puis il monta auprès d’eux dans la barque et le vent tomba.

Mes enfants, il se passe tant de choses sur la terre… ! Je pourrais vous parler de peines, de souffrances, de mauvais traitements, de martyres — je n’en retire pas un mot , et de l’héroïsme de bien des âmes. À nos yeux, selon notre entendement, nous avons parfois l’impression que Jésus dort, qu’il ne nous entend pas. Mais saint Luc raconte comment le Seigneur se comporte avec les siens : Tandis qu’ils — les disciples — naviguaient, il s’endormit. Une bourrasque s’abattit alors sur le lac ; ils faisaient eau et se trouvaient en danger. S’étant donc approchés, ils le réveillèrent, en disant : Maître, Maître, nous périssons ! Et lui, s’étant réveillé, menaça le vent et le tumulte des flots. Ils s’apaisèrent et le calme se fit. Puis il leur dit : Où est votre foi ?

Si nous nous donnons à lui, il se livre à nous. Il faut avoir une entière confiance dans le Maître ; il faut s’abandonner entre ses mains, sans lésiner ; lui montrer, par nos œuvres, que la barque est bien à lui, que nous voulons qu’il dispose à sa guise de tout ce qui nous appartient.

Je termine, en recourant à l’intercession de Sainte Marie, en prenant la résolution de vivre de foi ; de persévérer, pleins d’espérance ; de rester attachés à Jésus-Christ ; de l’aimer vraiment, vraiment, vraiment ; de parcourir et de savourer notre aventure d’Amour, car nous sommes épris de Dieu ; de laisser le Christ entrer dans notre pauvre barque et prendre possession de notre âme en Maître et Seigneur qu’il est ; de lui montrer sincèrement que nous nous efforcerons de nous maintenir toujours, nuit et jour, en sa présence, parce qu’il nous a appelés à la foi : ecce ego quia vocasti me ! et nous venons à son bercail, attirés par sa voix et par ses sifflements de Bon Pasteur, sûrs que nous ne trouverons le vrai bonheur temporel et éternel qu’à l'abri de son ombre.

Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture
Références à la Sainte Écriture