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5 points de « Amis de Dieu » sont liés à la thématique Jésus-Christ → le chrétien, un autre Christ.

Vous penserez peut-être que je ne parle que pour un groupe de personnes choisies. Ne vous laissez pas tromper si facilement par la lâcheté ou par la commodité. Que chacun ressente, au contraire, l’urgence divine d’être un autre Christ : ipse Christus, le Christ lui-même ; bref, l’urgence de rendre notre conduite cohérente avec les normes de la foi. Car la sainteté à laquelle nous devons aspirer n’est pas une sainteté de deuxième rang, qui d’ailleurs, n’existe pas. Et la principale condition qui nous est demandée, et qui est tout à fait conforme à notre nature, consiste à aimer : la charité est le lien de la perfec­tion ; charité que nous devons pratiquer en accord avec les commandements explicites que le Seigneur lui-même a établis : tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit, sans rien garder pour nous. C’est en cela que consiste la sainteté.

Jésus s’est livré lui-même, s’offrant en holocauste par amour. Et toi, disciple du Christ, toi, fils préféré de Dieu, toi, qui as été acheté au prix de la Croix, toi aussi tu dois être prêt à te renier toi-même. C’est pourquoi, quelles que soient les circonstances concrètes dans lesquelles nous nous trouvons, ni toi ni moi nous ne pouvons nous comporter de façon égoïste, embourgeoisée, confortable, dissipée… et, pardonne ma sincérité, imbécile ! Si tu recherches l’estime des hommes, si tu désires être bien considéré ou apprécié, et si tu ne cherches qu’à mener une vie confortable, tu t’es égaré sur ta route… Dans la cité des saints, seuls peuvent entrer, se reposer et régner avec le Roi pour l’éternité ceux qui ont parcouru la voie dure, resserrée et étroite des tribulations.

Tu dois te décider volontairement à porter la Croix. Sinon tu diras en paroles que tu imites le Christ, mais tes actions le démentiront ; et tu ne pourras pas entrer dans l’intimité du Maître, ni l’aimer vraiment. Il est urgent que nous autres chrétiens, nous soyons bien convaincus de cette réalité : nous ne suivons pas de près le Seigneur quand nous ne savons pas nous priver spontanément de toutes les choses que réclament le caprice, la vanité, le plaisir, l’intérêt… Pas une seule journée ne doit s’écouler sans que tu l’aies assaisonnée de la grâce et du sel de la mortification. Repousse aussi l’idée que tu en seras malheureux. Quel pauvre bonheur que le tien, si tu n’apprenais pas à te vaincre, si tu te laissais écraser et dominer par tes passions et tes velléités, au lieu de prendre ta croix courageusement.

Peut-être ne nous étions-nous pas sentis jusqu’à maintenant poussés à suivre d’aussi près les pas du Christ. Peut-être ne nous étions-nous pas rendu compte que nous pouvons unir nos petits renoncements à son sacrifice réparateur : pour nos péchés, pour les péchés des hommes de toutes les époques, pour l’action perverse de Lucifer qui continue d’opposer à Dieu son non serviam ! Comment oserions-nous proclamer sans hypocrisie : « Seigneur, les offenses qui blessent ton Cœur très aimable me font mal », si nous ne nous décidions pas à nous priver d’une bagatelle ou à offrir un sacrifice minuscule en louange à son Amour ? La pénitence, véritable réparation, nous lance sur le chemin du don de soi, de la charité. Don de soi pour réparer, et charité pour aider les autres, comme le Christ nous a aidés.

Dorénavant, ayez hâte d’aimer. L’amour nous empêchera de nous plaindre, de protester. Il est vrai que nous essuyons souvent des contrariétés ; mais nous nous en plaignons ; et alors, outre que nous gaspillons la grâce de Dieu, nous lui ôtons la possibilité de nous adresser d’autres appels. Hilarem enim datorem diligit Deus. Dieu aime celui qui donne avec joie, avec la spontanéité qui naît d’un cœur aimant, sans les simagrées de celui qui se donne à Dieu comme s’il lui faisait une faveur.

Pour orienter le cours de ma prière j’ai coutume —peut-être cela aidera-t-il aussi l’un d’entre vous — de matérialiser ce qui est le plus spirituel. Notre Seigneur utilisait déjà ce procédé. Il aimait enseigner en paraboles tirées du milieu qui l’entourait : le pasteur et les brebis, la vigne et les sarments, la barque et les filets, la semence que le semeur lance à la volée…

La Parole de Dieu est tombée dans notre âme. Quelle sorte de terre lui avons-nous préparée ? Les pierres y abondent-elles ? Est-elle étouffée par les épines ? Peut-être est-ce un lieu foulé par trop de pas humains, petits, mesquins ? Seigneur, fais que ma parcelle soit une bonne terre, fertile, exposée généreusement à la pluie et au soleil ; que ta semence y prenne racine : qu’elle produise des épis mûrs, du bon blé.

Je suis le cep : vous êtes les sarments. Le mois de septembre est arrivé et les ceps sont chargés de pousses longues, minces, souples et noueuses, pleines de fruits, déjà prêtes pour la vendange. Regardez ces sarments alourdis de la sève qu’ils ont reçue du tronc : grâce à elle les minuscules pousses d’il y a quelques mois se sont transformées en une pulpe douce et mûre, qui comblera de joie les yeux et le cœur des hommes. Peut-être reste-t-il par terre quelques brindilles éparses, à demi enterrées. C’était aussi des sarments, mais secs, desséchés au soleil d’août. Ils sont le symbole le plus parlant de la stérilité. Car hors de moi vous ne pouvez rien faire.

Le trésor. Pensez à la joie immense de celui qui a la chance de le trouver. Les gênes, les angoisses ont pris fin. Il vend tout ce qu’il possède et achète ce champ. Son cœur tout entier bat là où est cachée sa richesse. Le Christ est notre trésor : jeter par-dessus bord tout ce qui est inutile pour pouvoir le suivre ne doit pas nous coûter. Et la barque, délestée de tout ce qui est inutile, filera droit vers ce port tranquille qu’est l’Amour de Dieu.

En admirant et en aimant vraiment la Très Sainte Humanité de Jésus, nous découvrirons ses plaies une à une. Et dans ces moments de purification passive — moments pénibles, durs, qui nous arrachent des larmes à la fois douces et amères, que nous nous efforçons de cacher — nous aurons besoin de nous introduire dans chacune de ces très saintes blessures : pour nous purifier, pour nous réjouir dans ce Sang rédempteur, pour nous fortifier. Nous accourrons comme ces colombes qui, au dire de l’Écriture, se blottissent dans les anfractuosités des rochers à l’heure de la tempête. Nous nous cachons dans ce refuge, pour trouver l’intimité du Christ : et nous verrons combien sa parole est affable et son visage aimable, parce que ceux qui savent que sa voix est douce et agréable sont ceux qui ont reçu la grâce de l’Évangile qui leur fait dire : tu as les paroles de la vie éternelle.

Références à la Sainte Écriture
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